Actus

08/05/2023

Comment j'ai gagné le Lacanau Tri Events en me trompant de parcours!

posté à 18h37

Cette édition du triathlon de Lacanau aura été pour moi le 6ème essai dans le but de décrocher le trophée du petit cycliste qui manquait à ma collection (ayant déjà 2 nageurs et 2 coureurs). Elle aura constitué ma participation la plus chaotique mais aussi celle avec le dénouement le plus favorable !
J'y allais avec la motivation d'un mec plutôt sûr de sa force, avec de bonnes sensations, mais ayant l'expérience des débuts de saison qui sont parfois pleins de surprises au niveau de la forme, en bien comme en mal. Le fait de ne pas avoir poussé la machine sur 4h d'effort depuis plusieurs mois est souvent un choc pour l’organisme qui réagit un peu comme il veut s’il est mal préparé.

La météo annoncée est clémente, la startlist est la même qu’en 2022 ou presque. Ca annonce une belle bagarre à l’avant. Le départ est donné dans un SAS élite surchauffé par les speaker Romain Forel et Stéphane Garcia, le niveau n’est pas qu’en course mais aussi au niveau de l’animation. Spectacle garanti!La mise en route aquatique se fait sans trop de coups grâce au SAS restreint et celà permet de vite poser sa nage pour aller le plus rapidement possible chercher le kayak devant…qu’on ne rattrape jamais au final! Sébastien Fraysse étant au départ, je sais même que le kayak va s’éloigner petit à petit pour nous laisser jouer derrière entre “bébés nageurs” comparés à lui. Je sors dans ce groupe pour la 2ème place derrière Sébastien, place au vélo que j’aborde avec envie ayant changé de bolide à l’intersaison avec des sensations sympa à confirmer en course.

Je saute sur mon vélo en 2ème position, soit premier de mon petit groupe de 5. Ca part (encore) comme des dératés, monter les faux plat à plus de 400 watts ne suffit pas à rester au contact. C’est tous les ans comme ça donc je reste concentré, les 2h d’effort ne vont pas se gagner ou se perdre durant les 10 premières minutes. Enfin presque… au bout d’une dizaine de minutes justement, un bénévole nous aiguille “TOUT DROIT”. J’hésite mais j’y vais. Je me demande alors quoi faire, ce “TOUT DROIT” signifie qu’on prend le parcours des années précédentes à l’envers. Je me demande s’ils ont changé le parcours, si on le fait à l’envers cette année, etc…tout ça à 300W ou plus, c’est compliqué d’analyser la situation. Carrefour suivant, soit un peu plus de 2kms plus loin, un autre bénévole nous lance “Mais pourquoi vous êtes là, c’est pas par ici”. “MAIS OUI BO****, J’EN ÉTAIS SÛR”. Ni une ni deux, je crie “DEMI-TOUR” à Franck Guyon qui m’avait doublé tête dans le guidon, il n’a pas l’air de m’entendre et file sans réfléchir. Je croise un groupe de 5 - 6 gars et leur dit que ce n’est pas là. Je retourne sur le rond-point, les coureurs vont bien à leur gauche comme les années précédentes. “Bon voilà c’est parti, entrée en jeu du joueur BELGY après un temps mort de 4,5 kms”. La situation est tellement insolite qu’elle ne me procure pas grand chose, je me pense hors du jeu mais j’ai envie de jouer, alors je calcule rapidement, “Si j’ai perdu 7 ou 8’, ça me mettrait quand même dans le top 10 si je fais une belle course, voire même pas loin du top 5. Ça serait pas mal pour quelqu’un qui a été mal aiguillé dès le début du vélo”. A ce moment-là, Barney Stinson se pointe sous mon casque et me lance un “Challenge Accepted” ;)
Je rattrape rapidement du monde, c’est réellement sympa de profiter de l’euphorie de ces dépassements auxquels j’avais l’habitude quand je nageais comme une enclume, même si je n’ai pas forcément envie de rééditer cette expérience les prochaines courses, on est d’accord. Thibault Colard revient sur moi, posé superbement sur sa machine, rien ne bouge, ça envoie fort. Je laisse filer un temps puis la montée vers Carcans me laisse penser qu’on pourrait faire un bout ensemble, alors je rentre. On va en effet faire un bon bout de chemin ensemble, en reprenant les concurrents un à un ou par grappe. En leur mettant une attaque plus solide aussi quand le groupe rattrapé se regardait un peu trop. A une vingtaine de kilomètres de T2, Thibault met un coup de pression qui me sera fatal, vent de côté et à 350W je perds mètre par mètre. Je vais donc rejoindre T2 une quarantaine de secondes de Thibault, mais dans quelle position? Telle est la surprise car je ne sais pas où j’en suis dans la course. Je ne sais même pas si le premier, Sébastien Fraysse, a filé ou s’il a été bien aiguillé, ce qui me paraîtrait fou car si le premier tourne à gauche, pourquoi faire filer ses poursuivants?!?! Arrivé à T2, seulement 2 vélos sont posés, celui de Thibault et…celui de Sébastien. QUOI?? J’ai un coup de sang et râle fortement à l’arbitre à côté de moi. Qu’on m’explique comment le premier a tourné et nous on nous a fait filer. Je n’écoute même pas l’explication, il fallait juste que ça sorte et j’ai un semi à faire. Sébastien à 6’, donc hors de portée, mon match se porte sur Thibault Colard qui est 40” devant. Je pars et le vois déjà au loin, l’allure semble peu aérienne, en effet je le rattrape très vite, mais à vouloir le rattraper si vite je sens une petite crampe monter en sortie de bac à sable (l’aller étant sur le sable et l’herbe et le retour sur route goudronnée). Il va falloir calmer le jeu pour assurer la 2ème place. Ce que je fais sur ce retour avant de prendre un rythme correct. J’aurais repris 1’30 à Sébastien Fraysse sur ce premier tour, bien mais pas assez et je le sais. Je poursuis ma route, j’ai une petite dette d’énergie par moment dans ce second tour ce qui me fait penser à bien prendre mes gels et du coca au ravitaillement. Coca que je me mettrais dans l'œil au 12ème kilomètre, mélangé à la sueur je vous assure que ça pique! Mais un kilomètre plus loin mon père me lance “Tu es à 1’30 de Fraysse”. Mon cerveau comprend “Oui ok tu lui a encore repris 1’30”. Mais je lève les yeux et vois le vélo ouvreur du premier au loin. “Ah mais non, je suis à 1’30!”. L’euphorie monte puis j’ai presque peur de le rattraper. C’est tellement bête car j’ai une histoire avec cette course qui me fuit depuis longtemps mais sur laquelle je joue souvent les premiers rôles. Je me dis que c’est dingue que ce soit pour aujourd’hui après ces péripéties. Heureusement, je passe aux abords de la ligne et les gens sont survoltés, ma famille et mes amis doivent être plus haut que moi au niveau cardiaque tellement je les vois excités. Alors j’attaque ce tour que je sais décisif, j’avale Sébastien qui subit un mauvais jour à pied, avec un chaleur qui aide aux explosions. Je lui glisse un “Courage” au passage, lui qui fut le meilleur triathlète français sur longue distance avant de privilégier sa famille et sa vie pro.Il jongle comme moi entre un boulot, des enfants et sa passion et pour tout ça je pense que le respect est mutuel. Ce dernier tour passe vite mais pas trop. J’ai un peu mal aux guiboles, je me sens lourd et pas forcément aérien mais j’avance. La chaleur m’aura aussi tapé sur la carafe je pense, c’est une bonne chose que cette première chaleur se soit passée sans explosion pour moi.

La victoire est au bout de ce dernier tour. une victoire énorme en émotion, j’aime les belles histoires. J’ai écrit ce weekend ma petite histoire d’amour avec le Lacanau Tri Events. Je dis souvent que j’aime les triathlons car c’est à chaque fois de petites aventures. Cette année à Lacanau j’aurai pu dire plus que les autres années : “Quelle aventure!”
Je remercie grandement les organisateurs qui sont toujours au top au fil des années. L'orga est toujours à l'écoute des participants et l'endroit magnifique. L'histoire ne retiendra pas qu'un bénévole a pu faire une erreur, car l'erreur est humaine ,mais plutôt qu'on peut toujours se relever et triompher si on reste positif.

 


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