Actus

10/11/2023

Vieux Boucau, le nouveau triathlon qui a le vent en poupe!

posté à 17:34

Deux semaines après Royan je participais au Bayman du Mont Saint Michel, rapide retour sur cette course en quelques mots : fatigué, crève en début de semaine, vélo en mode Saint Bernard à trainer du monde, arbitrage douteux de la FFTRI : mais que fait la police? Celà n’empêche que l’orga de cette épreuve était encore une fois super, le parcours magnifique et les paysages grandioses, même quand les jambes et la tête n’en veulent plus. Cette course m’a surtout permis d’en conclure qu’un 3ème triathlon en 21 jours ce n’était pas une bonne idée et que j’allais mettre à profit les 3 semaines qui me séparaient alors de Challenge Vieux Boucau pour recharger les batteries et soigner cette crève qui trainait depuis 8 jours.
Malgré les aléas météorologiques d’avant course, Challenge Vieux Boucau a pu avoir lieu, grand bien lui fasse, car cette course étant une première, il aurait été triste de devoir couper court la saison sur un DNS collectif de tous les athlètes. Les conditions météo n’étaient certes pas géniales mais la startlist promettait un Half de type “mini championnat d’Europe” avec les plus grands noms du 70.3 au départ. C’était aussi l’occasion de côtoyer Alistair Brownlee sur une course. Dire ça comme ça, ça fait bien, mais en réalité une fois en course ça ne change pas grand chose d’autre que de perdre une place au classement!!!
Place à la course direction le départ, il fait froid, il y a du vent, un régal rien qu'à l'idée de se mettre à l’eau pour un frileux comme moi! Pour éviter la baston vécue à Royan je m’écarte des torpilles et enclenche ma propre course loin de la vague des tous meilleurs. Tant pis pour l’aspiration aquatique mais poser sa nage vaut parfois mieux que se faire exploser les lunettes ou le nez par un pied agité. Je me retrouve dans un groupe pas violent. Ca nageotte devant mais ca frotte aussi beaucoup pour faire sa place. “Ok les gars, battez-vous, on ne va pas gagner du temps en se montant dessus”, je prends donc le partie de rester au chaud derrière à ne pas faire un effort démesuré et bénéficier des pieds devant moi pour la fin du parcours qui se fait face au vent (dans l’eau ça semble compter aussi). A la sortie de l’eau, je ne sens ni mes jambes, ni mes pieds, ni mes mains. Elle était vraiment froide! Je cours vers la T1, enfourche mon vélo et c’est parti pour 90kms de vélo sans grands bouleversements. En effet, avec la densité devant, les groupes plus fournis se sont formés et vont bénéficier d’une aspiration “naturelle” qui fera qu’on ne verra aucun concurrent, ou presque, se retrouver isolé. Nous formerons un groupe de 3 plutôt réglo sur les distances même si l’espagnol ne devait pas être au courant que c’était 20m pour le PRO sur challenge! Nous reprenons un jeune sur la fin du vélo tu team Argon, je me dit alors qu’il doit être cuit pour être ici en perdition, peu importe le dernier semi de la saison approche et je n’ai pas envie de me sentir résigné et bridé comme au Bayman alors je vais partir de façon dynamique.
Je descends de mon vélo avant la ligne puis cours vers mon vélo quand le jeune du team Argon manque de nous envoyer en l'air tous les deux en voulant passer comme une furie sur ma droite. “Du calme le jeune, tu peux perdre plus que tu ne vas gagner en t’affolant à descendre de ton vélo!”. Il part sur le semi comme une balle, vraiment, à bloc! Sacrée allure et je l'envie d’être aussi dynamique à la descente du vélo. Pour ma part je démarre déjà assez fort autour de 3’35/km et il me colle bien entre 5 et 10” du kilomètre à vue de nez. Des 4 qui ont posé ensemble, je suis le 4ème…en étant parti vite pour moi (spoiler alerte : je finirais devant chacun des 3 concurrents qui sont alors devant moi!!). J’ai mon rythme, je suis content car dans l’offensive. je reviens rapidement sur l’espagnol que je décroche. Fin du premier tour, je vois que le premier de la course, Mika Noodt, va me prendre un tour (5kms), ça pique oui oui. Je vois également que l’espagnol reste dans son sillage, ce qui lui permet de revenir sur moi. “Ah ça non, ce n'est pas cool, je l’avais laché!”. Quand ils passent l’allure n’est pas extrêmement plus rapide que celle à laquelle je cours, je me cale donc en dernière position du petit groupe de 3 que nous formons. Nous naviguons à 3’38/km environ. Je ne suis pas en souffrance du tout, ça me permet de gérer l’alimentation, de me concentrer sur le relâchement, les trajectoire sur cette piste cyclable parfois cabossée et voir que derrière il y a un très grand Mathis Margirier qui revient vitesse grand V. Dans les derniers hectomètres ça s’affole autour de nous car il n’est plus qu’à 10”, puis 8, puis je me retourne pour lui faire des signes que le premier est là, nous le cachons et je ne voudrais pas qu’il baisse les bras car n’ayant pas la tête de course en visuel. Quand je vois qu’il revient plus près, je me transforme en spectateur et l’encourage du mieux que je peux pour qu’il aille chercher la victoire sur le fil, un grand bravo Mathis! De mon côté il me reste un tour, je l’aborde assez sereinement car j’ai la sensation d’avoir fait du derrière “pacer” ce qui m’a fait économiser pas mal d’énergie. J’attends patiemment la moitié de ce dernier tour pour déclencher une accélération progressive que je saurais tenir jusqu’au bout sans trop m’écraser. En passant le panneau du 18ème kilomètre, le moment semble être le bon et j’accélère assez franchement. Après coup ma montre aura enregistré des allures allant jusqu’à 3’20/km sur ces 3 derniers kilomètres. Je sens que mes appuis sont encore bons et je rattrape rapidement plusieurs concurrents en train de vraiment s’écraser sur ce final. Je rattrape même le jeune bolide du team Argon qui est alors beaucoup moins fringant qu’au départ de son semi! Franck Guyon ayant lui abandonné en cours de route, mes 3 compagnons de fin de vélo sont bien derrière moi. La gestion les gars, c’est important!
Je termine mon dernier semi de la saison sur une bonne note en ayant pu accélérer et finir sur une allure moyenne de 3’37/km sur ce parcours technique par moments. La place est quant à elle anecdotique (24ème) mais la start list était fournie et la densité à l’avant m’a mis hors jeu assez rapidement avec les groupes formés devant moi à vélo.
Pour briller un peu plus à l’avant sur ce genre de courses avec un vélo très plat et une forte densité il faut absolument sortir dans le groupe devant ou celui devant le groupe devant 😛. Ce n’est pas un objectif pour 2024 car je vais prendre la direction des montagnes avec dans le viseur Alpsman et Embrunman. Après une belle année 2023 Flat, Fast and French comme dirait Superfrenchman, 2024 sera Hilly and French. J’ai hâte!

La journée s'est terminée sur un 5kms "décrassage" avec les copains/copinespour la bonne cause avec la pink Run organisée dans le cadre d'Octobre rose. Photo à l'appui, j'étais encore frais pour faire papote avec l'ami Richard ;)

Pour finir, un grand bravo à l'équipe de T2S pour cette orga à Vieux Boucau dans des conditions qui n'étaient vraiment pas gagnées à quelques heures du départ.

 


25/09/2023

Half Royan by TriAAAthlon

posté à 06:10

Cette année, le triathlon half de Royan tombait une semaine après le triathlon du SNT sur lequel chaque année tout le club est réquisitionné en tant que bénévole.
Cette année, j’avais donc à cœur de revenir à Royan, 4 ans après ma dernière participation en 2019.
La startlist annoncée était très belle. Du beau monde au départ, de la densité à l’avant. Il y avait de quoi assurer un super spectacle pour tout le monde.
Mais voilà, dans cette densité, beaucoup de coureurs de courte distance. Et qui dit “courte distance” dit “torpilles dans l'eau". Ainsi, un pack d’une grosse dizaine de nageurs s’est extirpé dès la première bouée et a profité de l’émulation de groupe pour me coller 4’ sur les 2300 m de natation. Oui Royan est généreux et chaque distance est annoncée hors taxe, on a donc nagé un peu plus de 1900m, roulé un peu plus de 90 km et couru un peu plus de 21 km. Qui s’en plaindrait, ça nous donne l’occasion de pratiquer un peu plus longtemps le sport qu’on aime!
J’enfourche donc mon vélo en 16ème position, la journée commence mal car j’ai senti dans l’eau que l’efficacité et la tête n’y étaient pas. Je me suis même dit durant celle-ci que j’attendais clairement la sortie de l’eau, ni plus, ni moins. Mon seul passe-temps aquatique a été d’essayer de suivre les pieds du gars devant tout en étant côte à côte avec Alexia Bailly, qui je sais, joue les premiers rôles chez les femmes PRO. Le vélo donc, je suis dessus, je prends mon rythme en sachant que Cédric Ludet va tenter un départ canon pour me sortir de son sillage (à distance réglementaire). Mais voilà, je sens que les watts sont bonnes et j’ai même une réserve pour rester au contact distant. Le moral remonte un peu, je ne vais pas subir tout le vélo. Julien Hagen nous rattrape ensuite, il semble très fort mais semble surtout être parti très vite. Nous formerons un petit groupe de 3. Tous les 3 réglo, les marshall venant nous voir et ne restant pas longtemps car observant que nous respectons les règles…comme quoi c’est possible pour ceux qui en douteraient! Un gros groupe pour les places de 5 à 10 nous précède d’environ 2’, ce groupe bénéficie de l’effet de groupe mais nous leur reprenons du temps. Le premier tour se termine sur avec un retour à Royan lors duquel je vois que quelques individualités se sont portées à l’avant mais je ne m’en fais pas trop, je souhaite être acteur de ma course et gérer au mieux le vélo, à savoir aller le plus vite possible tout en gardant un bon niveau d’énergie pour un semi qui s’annonce chaud et toujours compliqué à Royan. Quand arrive le dernier demi-tour tout au sud du parcours, mes cuisses commencent à piquer/brûler. Signe que ce deuxième aller, vent de face, aura laissé des traces. Heureusement on peut sortir la grand voile (et crier sous le vent) pour remonter direction Royan. Le dernier passage des bosses de Mescher me font me sentir quand même content d’en finir avec ces 93 km de vélo. Je pose à T2 en 11ème position. Mentalement je suis bien mieux qu’à T1, j’ai fait un bon tour de vélo, n’ai pas perdu trop de temps et suis prêt pour partir courir.
Je pars au rythme sur lequel je pense pouvoir accélérer lors de la seconde boucle. Pas non plus un train de sénateur, mais je ne m’affole pas, la route est encore un tout petit peu longue. Julien Hagen, avec qui j’ai passé une grande partie du vélo est 100 m devant. Il serait tentant de boucher le trou mais j’observe que l’écart reste stable alors que je gère à mon allure. Premier demi-tour au bout de 5kms, les positions sont figées, les écarts le sont quasiment eux aussi. Sur le retour vers l’arrivée et la ligne d’arrivée qui correspond à la fin de ce premier tour, je pousse un peu plus dans un faux plat montant et vois que je rebouche le trou très rapidement sur Julien Hagen devant moi. Je sens comme un déblocage physique. je ne calcul alors plus les écarts, je me centre sur ma foulée, ma respiration et trouve un second souffle agréable. Olivier Bachet me lance un “J’ai parié sur un top 8 pour toi Guillaume, allez tu peux le faire”. Je me surprends alors à être très confiant dans ma tête et me dit qu’il ne va pas perdre son pari. Je rattrape alors du monde entre ce 7ème kilomètre et la fin du premier tour. J’attaque le second et dernier tour en 8ème position. Vu les craquages observés sur les concurrents que je viens de croiser, je m’imagine bien gagner encore une ou deux places. Je passe en effet assez vite 7ème puis vois une silhouette au loin qui ressemble à Erwann Jacobi. Plus je me rapproche et plus la ressemblance se confirme, je passe ainsi 6ème au 14ème kilomètre puis chipe la 5ème place à Jean Duchampt au dernier demi-tour correspondant au km15. J’ai croisé un peu avant Quentin Barreau qui semblait grimacer un peu. Il me reste alors 5 kms et j’estime à environ 1’30 mon retard sur lui. Je pense alors que je ne peux pas rentrer sur lui s’il ne craque pas un peu et que je n’accélère pas moi-même sur ce final. Je tente de maintenir un tempo élevé mais les jambes commencent à ne plus très bien répondre. Sans réellement craquer, je n’ai simplement plus ce qu’il faut dans le réservoir pour mettre un dernier coup de boost. Je vois Quentin 200 à 300 m devant dans les derniers kilomètres mais la messe est dite. Top 5 sur cette superbe course avec une très belle startlist et entouré d’adversaires pratiquant le triathlon à “temps plein”. Je m’étais fixé cet objectif haut de top 5. Je pensais possible de ramasser du monde à pied si tout allait bien pour moi et c’est ce que j’ai mis à exécution. Malgré un démarrage poussif, j’ai su prendre assez de recul pour ne pas penser à la place ou la performance dans un premier temps et me concentrer sur le plaisir de faire cet effort. Celà m’a permis d’effectuer ma course en repensant à ce pourquoi je m’entraine, à savoir mettre un dossard et donner le meilleur de moi-même.
En conclusion, l’événement Royannais est toujours aussi sympa à vivre. L’accueil est toujours aussi chaleureux, l’association TriAAAthlon y apporte un souffle nouveau et intéressant pour le triathlon français. Je pense que le développement de la discipline passera par eux pour créer un circuit français pour les athlètes qui n’ont pas les moyens de s’exporter et pour qui les occasions manquent de confronter leur niveau avec ce qu’il se fait de mieux en triple effort.

 


18/08/2023

Triple triathlon aux Gorges de l'Ardèche

posté à 08:24

C’est presque aussi difficile à dire qu’à faire : j’ai fait un triple triathlon dans les Gorges de l’Ardèche! Le triathlon des Gorges de l’Ardèche propose un format unique de triathlon sur trois jours avec un distance M le Jeudi soir, un XS le Vendredi midi puis un L le samedi. Le grand vainqueur du triathlon des Gorges de l’Ardèche étant l’athlète qui aura fait les meilleures places au cumul sur ces 3 étapes. Mais attention, comme au bas, il y a des coefficients selon la difficulté du triathlon. Ainsi le XS est coeff 1, le M coeff 2 et le L coeff 3. Une fois ces règles énoncées, il n’y a plus qu’à nager, pédaler, courir et récupérer avant l’épreuve suivante…trois jours de suite.
Première épreuve jeudi soir. La mise en jambe se fait sur un format sur lequel je n’ai pas couru depuis de nombreuses années : 1000/35/7. C’est court mais en même temps la partie vélo me plait bien avec un aller retour sur la route des gorges et ses 500m de dénivelé sur les 25 premiers kilomètres, puis demi-tour et redescente vers T2. La natation se passe bien même si je sors loin des 2 premiers excellents nageurs. Parmi eux, l’épouvantail de l’épreuve Mathis Margirier qui ne fera que le M car en prépa de PTO Milwaukee (où il terminera 4ème parmi les meilleurs mondiaux). Je pars à bloc à vélo mais peut-être un peu trop car j’ai la sensation des jambes qui tremblent, signe d’un petit surrégime un peu trop brutal. Je me fais enrhumer par Théo Debard, excellent cycliste, dès le début du vélo. Peu importe, je prend le rythme le plus élevé possible qui me permet de rattraper les quelques concurrents devant moi hormis Théo, Julien Ferrandeau et Mathis Margirier. Je pose le vélo 4ème mais avec 1 concurrent du M hors challenge à mes trousses. Etant partis 1’30 après nous, je les sait devant moi au classement. Début de course à pied pas facile mais il faut aller vite car il n’y a que 7kms. Chemin, pont de bateau, c’est magnifique. J’arrive au bout du pont de bateau et demande au signaleurs “C’est par où?”. Réponse “Tout droit dans l’pentu”. Ah oui je ne voyais pas celà si raide de l’autre côté de la rive! C’est simple, pour monter au village d’Aiguèze nous avons une falaise à grimper en crapahutant sur un chemin de pierres qui finit par un long escalier aux marches trop grandes pour les avaler en un pas et avec une déclivité de 15 à 20% je dirais. On range le chrono au placard, c’est un combat contre la pente…Et dire qu’on aura à le grimper 3 fois dans 2 jours! J’arrive au bout de ce M en 5ème position et 3ème du challenge. Ca m’a un peu usé mais sans plus, l’habitude de faire des longues distances ne me permet pas de trouver l’allure rapide qui permet de performer sur une distance aussi courte…Et demain on en fera à peine la moitié! Qu’est-ce que je fous là?!
Le lendemain, vendredi, c’est double jour de course, une pour Tom, mon fils, une pour moi. Le triathlon des Gorges de l’Ardèche à ça de beau, il y en a pour tout le monde. Passé la trouille du départ où il feint de ne pas savoir nager pour prendre une frite (!) il s’en sort bien et se décoince à vélo et à pied pour finir content. Deux petites heures après, c'est mon tour. Je distille quelques conseils à Florine, une collègues MAIF, qui fait son premier triathlon. De mon côté je me dis que ça va passer vite et qu’il va falloir être efficace pour ne pas perdre trop de points au challenge en vue de la course du lendemain. Départ natation à bloc, il n’y a que 400m à nager, ça permet de bosser la vitesse dans l’eau, les séries de sprints du Cercle des Nageurs de Niort me sont très utiles. Je ne sors pas trop loin mais oublie d’enfiler ma ceinture porte dossard, ce qui me fait perdre de précieuses secondes qui compteront à l’arrivée. À vélo, même constat de jambes qui tremblent, surrégime trop rapide pour le moteur diesel que je suis. Je termine 4ème de ce XS, sur les talons du 4ème qui n’est autre qu’Olivier Marceau, 7ème des JO de Sidney et qui, à 50 ans, s’amuse encore sur des triathlons. J’ai eu la chance de discuter avec lui suite à ce XS, il dégage une simplicité et un esprit sportif qui devrait être appris dans toutes les écoles. Une belle rencontre en somme. Suite à ce 2ème triathlon je suis toujours 3ème au classement général. La petite conférence de presse sur la place du village en soirée est extrêmement sympa. On discute entre élites autour de questions bien choisies par les deux speakers de chocs que sont Romain Forel et Stéphane Garcia. Pour alimenter les débats et sans trop y croire j’annonce que le challenge est toujours à porté pour moi, je me sens solide et je ne laisserais pas droit à l’erreur à mes concurrents sur un format qui me convient. Je n’aime pas compter sur une défaillance de la concurrence mais ce sera à eux de ne pas faire d’erreur.
Samedi matin, quand on se réveille le matin d’une course, on est censé avoir bien récupéré la semaine précédente et sentir l’énergie monter petit à petit. Mais ce matin là, l’énergie a déjà été utilisée les 2 jours précédents, il faut réveiller le corps en douceur mais le dynamisme manque un peu, le mental sera mon atout pour aujourd’hui, c’est une belle journée qui s’annonce. Départ natation à l’opposé de ce qu’on a pu faire la veille, je pars vite mais en sachant qu’il y a 2 bornes à nager, pas un simple bout droit de 400m avant de sortir de l’eau. La combinaison est aujourd’hui autorisée ce qui rend les appuis plus hauts et la glisse bien meilleure! Julien Ferrandeau part devant comme il l’a fait les 2 courses précédentes, je me concentre sur le pack de chasse, j’en suis dans les toutes premières positions et voit que je nage à côté de Camille Donat-Shaw, excellente nageuse. Je suis très content d’être où je suis, je pose ma nage, passe devant et sortirais second de cette partie natation, la journée commence très très bien! Départ à vélo, je connais ce début de parcours et prends le temps de faire chauffer les cuisses avant d’appuyer plus fort. Mais voilà, il me manque 10/15 watts en stock pour être dans mes allures. Une rapide analyse des jours passés me fait comprendre que j’ai laissé quelques watts sur le bitume depuis jeudi soir et que ça doit être normal donc pas d’affolement et puis de toute façon j’appui comme je peux sur les pédales, ne pas en être content ne va pas changer le résultat. On s’adapte. Je vois Théo me rejoindre au 10ème kilomètre, à son passage je lui lance un “Ah cette fois j’aurais réussi à tenir 10 bornes!” et il prend quelques longueurs. Mais nous arrivons sur une partie plus favorable avec une descente, des virages et un replat alors je le suis, a distance réglementaire, mais ce point de mire me fait du bien et me relance. J’aimerais pouvoir le suivre plus longtemps mais il roule trop vite, bonne route l’ami et qui sait…à plus tard. Avec cette bonne première partie de parcours je m’attend à rejoindre Julien Ferrandeau avant Vallon Pont d’Arc qui se trouve à la moitié du parcours, mais que nenni, pas de cycliste à l’horizon. Peu importe, une fois descendu à Vallon Pont d’Arc il nous faut remonter tout en haut des gorges, un petit col se présentera à nous et celà dans la deuxième moitié du parcours vélo, c’est ici qu’on verra qui a bien géré la première moitié et qui est parti trop vite. Non pas que ce soit facile pour moi sur cette partie mais le mental, bien que sans cycliste à l’horizon, reprend du peps, je vois les watts remonter aussi haut voir plus haut qu’elles ne l’étaient sur la première partie des gorges. Les jambes veulent bien appuyer et j’effectue une montée rythmée sans avoir l’impression de buter. Je regarde toujours un petit peu devant mais cette idée m’est sortie de la tête, je me concentre maintenant sur moi-même, comme si je ressentais que c’était le moment de faire basculer ma course du bon côté, sentiment inexplicable qui n’est le fait que de l’instinct. C’est ce moment de communion avec soi-même qui est le souvenir principal que je garde de mes courses, ce moment clé où le cerveau dit au corps de ne pas lâcher et où le corps est en capacité de suivre. Tiens une silhouette loin devant, Julien Ferrandeau se bat sur son vélo, je rentre très vite sur lui, il semble en souffrance. Je le dépasse et l’encourage car je sais que la route est encore longue pour lui et son état ne présage rien de bon pour la fin du vélo et la course à pied qui nous attend. La descente des gorges se fait ensuite à vitesse grand V. Je vois au loin derrière moi un concurrent revenir mais il n’est pas du challenge, il a dû faire un gros vélo pour me reprendre quasiment les 2’ qui nous séparaient au départ. Surtout, je ne pose qu’à 3’30 de Théo Debard qui m’en avait collé 7 au Half Bayman l’an dernier. Je pars donc en me disant qu’il ne m’aura pas repris tant que ça sur la seconde moitié et que peut-être lui aussi a subi la fin du vélo. Je suis confiant et attaque cette partie pédestre avec envie. La gestion est de mise avec cette chaleur assez inconfortable. Les gorges renferment la chaleur et les 35°C de cette journée nous étouffent encore plus. Au premier demi tour je vois Théo courir sur un bon rythme, il n’est pas hors de portée mais pas tout prêt non plus, statu quo, c’est à lui de ne pas craquer je suis en gestion et ai une vitesse de réserve pour éviter le surrégime. Une brûlure intense à la cuisse se fait sentir au 5ème kilomètre, je sais que ce n’est pas musculaire, j’ai la sensation d’une piqûre assez forte, une guêpe que je n’ai pas vue a dû venir me piquer, ça fait un mal de chien sur le moment et surtout ça met quelques minutes à passer. Heureusement (ou pas), je souffre par ailleurs donc la douleur est vite transférée sur le reste de mon corps. Dès la fin du premier tour je sens le vent tourner en ma faveur, en haut de la seconde montée vers Aiguèze on m’annonce à 1’ du premier. C’est descendu beaucoup trop vite pour qu’il ne se soit pas mis à marcher. Puis un kilomètre plus loin je vois en effet Théo marcher dans un faux plat en plein soleil. J’imagine sa détresse, j’ai connu celle-ci sur des Ironman, on n’en veut à personne, on s’en veut à soi-même, à son corps. Je l’encourage en le dépassant en lui rappelant de ne rien lâcher car il avait le challenge encore provisoirement pour lui et bien que j’ai maintenant une chance de le remporter, je voulais que la bataille soit pleine jusqu’au bout pour que le meilleur gagne. J’entame donc le dernier tour en tête de la course. En tête? Non pas vraiment car un concurrent hors challenge, engagé uniquement sur le Half, est une trentaine de secondes devant moi au chrono. C'est compliqué à gérer mais je vais faire au mieux pour tenter de lui reprendre ce temps et surtout remporter le challenge, LA course pour laquelle je suis venue en Ardèche. Le moteur commence à chauffer, je sens que je suis assez proche de la surchauffe sous ce cagnard et il me faut économiser le peu d’énergie qui me reste pour aller au bout. Je me dis alors qu’après le dernier long faux plat, c’est tout en descente jusqu’à la ligne, je relancerais à ce moment-là. Mais arrivé au demi tour pour redescendre, la relance est timide, trop timide, je n’ai plus rien dans les socquettes alors je pousse au maximum, envoie le plus loin possible les jambes car je ne trouve plus de cadence efficace pour accélérer et finit dans un sprint de 400m bien aidé par les encouragement du public et du speaker pour faire le show. La ligne est franchie en tête mais il faut maintenant attendre, ça tombe bien je m’écroule une fois celle-ci franchit. La jauge d’énergie était bien vide, je n’ai plus rien, j'ai du mal à retrouver mes esprits et à comprendre ce qu’on me dit. Le second, qui est hors challenge, arrive au sprint lui aussi et terminera à peine 30” devant moi au temps. C’est le jeu, il est plus frais et je me serais bien battu contre ce belge qui a des références au niveau européen quand même. Maintenant il me reste à attendre de savoir si je remporte le Challenge du triathlon des gorges de l’Ardèche. Les places s'égrènent et je ne suis pas en mesure de calculer quoi que ce soit. C’est Romain Forel qui vient me dire que c’est bon, Théo arrivant 7ème de ce L (et second coureur du challenge, la fatigue et la chaleur auront fait des dégâts parmi les “challenger”), je remporte ce triathlon des Gorges de l’Ardèche ! J’ai gagné le général sans gagner d’étape mais imaginer mettre des coureurs qui ne feraient qu’un jour de course sur des étapes de montagne au tour de France. Les coureurs du général ne feraient sûrement pas les malins eux non plus!
Cette course est venue clôturer une première partie de saison victorieusement après mes victoires sur le Half de Lacanau, au Frenchman Carcans XXL et au T24 Ile de Ré avec les 6Garillos. Après une coupure estivale, la rentrée de Septembre sera musclée avec les triathlons de Niort, Royan puis le Bayman et enfin Vieux Boucau. J’ai hâte!

 


05/07/2023

T24 Ile de Ré : Jack Bauer n'a qu'à bien se tenir!

posté à 08:16

Deux semaines après le Frenchman XXL j’avais promis aux 6Garillos de venir filer un coup de main sur le T24 ile de Ré. Je les avais prévenus : “J’irais cool”, “Je ne sais pas si je pourrais beaucoup courir 2 semaines après un Ironman” et autres excuses d’avance pour expliquer que je ne serais pas à plein régime. D’un autre côté, j’avais vendu ce T24 comme une remise en route tranquille avec seulement 1h de natation, 2h de vélo et 1h de course à pied sur 2 jours. Nous étions en équipe de 6 donc statistiquement c’était 4h de sport chacun. Ca passait large et surtout, j’en étais sûr, on allait bien s’amuser avec une team de guerriers prêts à tout donner sans se prendre la tête.
La préparation de ce T24 ile de Ré consistait principalement pour moi à prendre en note les règles de la course et aider à réfléchir à la stratégie à mettre en place, job pour lequel je laissais le lead à notre cerveau mathématicien mais également écraseur de pédale, j’ai nommé le grand LOIC! La logistique sur place a été gérée de main de maître par Félix, Eric et Nicolas. Vous l’aurez compris, moi et Louis, les deux derniers nommés de l’équipe, nous jouions sur notre plus jeune âge pour venir presque les doigts de pied en éventail! Le petit plus appris durant la préparation est que nous allions faire ce T24 pour deux associations soutenant les femmes atteintes du Cancer : Les Prinseinses et Sinoo.Et que les présidentes de chacune des ces associations seraient présentes les 3 et 4 Juin pour nous soutenir!Supplément d’âme, motivation, appelez ça comme vous voulez mais le “J'irais cool” commençait à devenir un “Je vais faire au mieux avec les jambes du moment”.
Veille de course, je me rend sur place, au bout de l’île de Ré. Endroit magnifique à deux pas d’où j’ai passé de nombreux étés durant ma plus tendre enfance, en famille, parfois avec oncles et tantes, des souvenirs gravés qui remontent à la surface et font du bien. Je retrouve les 5 autres 6Garillos (nom de notre équipe) et une équipe niortaise composée de copains du SNT et d’amis. Tous non, Loïc a décidé de passer le weekend sans nous et je ne ferais que le croiser ce vendredi soir!!!
Lendemain matin, la course ne démarrant qu’à 15h on fait un petit tour du circuit vélo, reco du segment de 800m qu’on devra faire à bloc pour tenter de récupérer les 10 points bonus accordés au meilleur temps mais aussi point de vigilance sur les parties plus cabossées en ville car 1h de vélo dont une partie en nuit peuvent être dangereux et qui veut aller loin doit ménager sa monture. 15h approchant, après un briefing rapide on se mobilise et direction la plage, le mode course s’active peu à peu. J’apprends que les équipes de 6 partent 3’ après les individuels, ok donc le T24 se transforme finalement en T23h57! Je fais les 2 premiers tours, je pars à fond pensant claquer mon meilleur tour sur ce premier tour mais je suis très vite dans la masse des nageurs partis devant et ce premier tour se transforme en combat pour dépasser tous les concurrents devant moi. J’en double un maximum pour pouvoir faire mon second tour sans être gêné et tenter de faire ce segment natation au plus vite. Je raterais les points bonus de ce segment face à un très bon nageur, pas de regret c’était plus fort en face. Mais l’équipe marche bien, la natation n’est pas notre point fort mais on arrive à se positionner aux avants poste, place au vélo.
Partie vélo, nous avons 12h devant nous. La stratégie était de faire partir les 3 plus fort à vélo pour creuser les écarts sur le circuit de jour qui est plus grand que celui de nuit, et surtout sur le circuit sur lequel se trouve le segment vélo apportant les points bonus. Loïc nous offre un très gros vélo, c’est alors mon tour. Je ne sens pas énormément de puissance dans mes jambes, l’effort sera d’une heure seulement et j’ai du mal à faire monter les watts d’un moteur que j’ai bridé volontairement pour l’Ironman gagné deux semaines plus tôt. Arrivé sur le segment, puissance ou pas j’appui le plus fort possible, lance même le vélo sur la ligne, j’aurais ce segment au nez et à la barbe du grand Loïc dans la même seconde, le jeté de vélo aura fait la différence! Louis en remet une couche et nou repassons tous les 3 une seconde fois avant de passer le relais à notre équipe de nuit, nos courageux nocturnes nous laissent dormir un peu pour que nous attaquions à pied dès 7h le lendemain matin. La nuit c’est l’inconnue, je vais me coucher en me disant qu’on a vraiment bien entamé ce T24 mais en sachant qu’il peut tout arriver la nuit donc en m’attendant à un coup de trafalgar pour ne pas être déçu au réveil et ne pas être trop exigeant avec mes compagnons dont c’est la première expérience du triple effort pour l’un d’entre eux.
Réveil 6h le dimanche matin. Premier coup d’oeil sur l’appli T24, nuit ENORME des trois 6Garillos qui ont assuré comme des bêtes et nous ont laissé dans le coup et en tête du classement. Cette équipe a quelque chose en plus. Sans s’en parler on est tous là pour s’amuser mais la gagne en vue chacun décuple ses forces pour garder ce petit 1 au classement à côté de notre nom.Je pars m’échauffer à pied et intervertit mon relais avec Loïc, la chaleur étant présente je vais tenter le segment à pied sur mon premier relais et donc devrait partir sur un chrono de 7kms à fond pour commencer ma journée. J’ai le temps de m’échauffer, comme si je partais sur un 10kms, accélérations, retour au calme et c’est mon tour. Le parcours à pied est compliqué, après un premier kilomètre et demi géré en un peu moins de 3’20/km j’arrive dans la partie sablonneuse puis des petites montées, descentes, graviers puis chemins dans le marais. Ce n’est clairement pas propice à courir vite mais je m’applique autant que je peux, termine vite sur la dernière partie de route, le segment est dans la poche! Nous sommes bien partis, des équipes plus stratèges nous talonnent mais l’ambiance est encore sereine. Les amis de chacuns commencent à arriver, ça nous fait du bien autant de soutien. Ils viennent vivre l’événement de l’intérieur aussi, sentir l’adrénaline ou l’épuisement de chacun à son arrivé et aussi un peu la sueur, désolé…Nous subissons un coup de moins bien à la moitié des 8h de course à pied sur une erreur tactique de notre part. Je ferais bien mes 3 relais de 7 kms prévus (oui j’ai un peu débordé des 1h de CAP avancés au début) mais garderais un potentiel 4ème relais derrière la tête, la seconde équipe nous talonnant il faudra jouer tactique s’ils se rapprochent trop ou s’ils viennent à nous doubler dans le dernier relais pour éviter qu’ils ne partent sur un tour de plus que nous ce qui signifierait que nous perdrions notre duel. A ce moment-là, et c’est ce que je préfère, l’esprit d’équipe prend le dessus. Il n’y a plus d’autre alternative pour moi que de porter l’équipe vers la victoire, tout le monde a fait le job et c’est à mon tour de mettre la balle au fond. Je vois Félix arriver avant le relayeur de l’équipe adverse, c’est gagner! Je peux dérouler ce dernier tour en regardant dans le rétroviseur si notre adversaire direct revient sur mes talons. Je n’aurais alors qu’à le suivre pour finir avec lui, sachant que nous n’aurons pas le temps de repartir sur un dernier tour vu le temps restant. Je gère ce dernier tour mais essaye quand même de ne pas trop faire attendre les copains à l’arrivée. Je les imagine heureux, je fais ce dernier tour avec un sourire qui ne me quitte pas, ON L’A FAIT. Ce qui devait être “un défi entre copains” s’est transformé en un “coup d’essai, coup de maître”. Tout le monde est là pour l’arrivée, l'émotion est présente, les embrassades pleuvent, comme quelques larmes sur les joues de certains et certaines. Le temps n’a plus de valeur, l’horloge tourne mais il semble figé, on reste là heureux. On se raconte notre petite frayeur évacuée, on partage ce moment avec les présidentes des 2 asso pour qui nous avons fait ça et qui ne savent pas encore que nous leur offrirons un chèque à chacune en les faisant monter sur le podium. Les amis et familles sont là également, nous étions 6 mais avons gagné à 20 ou 30! Je vous le dit, sur ce T24 Ile de Ré l’aventure n’était pas que sportive, quand l’humain est en mouvement au pour un collectif il est plus fort et les barrières que l’on se fixerait en individuel sautent pour le collectif.

 


20/05/2023

L'aboutissement au Frenchman triathlon XXL

posté à 23:11

Le Lacanau Tri Events était en quelque sorte un point de passage obligé pour performer sur le Frenchman XXL 15 jours après. Je ne me formalisait pas sur cette première course car un résultat, bon comme mauvais, permettait soit de se rassurer, soit d’en tirer des enseignements et d’ajuster sur la dernière charge d'entraînement à J-8. La bonne forme affichée à Lacanau mettait tous les voyants au vert mais me mettait aussi dans la position d’un des hommes à battre, si ce n’est l’homme à battre. Pas facile mentalement d’aborder cette situation, surtout quand on n’a aucun Ironman à son palmarès. Il m’a fallu prendre assez de recul pour aborder ce Frenchman XXL comme une course contre moi-même sur laquelle le plus fort gagnerait. Je m’en sentais capable mais ce n’est pas pour autant que j’avais l’assurance d’en arriver vainqueur.
Arrivé sur place le jeudi, le duathlon kids m’a permis de libérer une partie de mon esprit en regardant les petits champions de demain se donner à fond, Tom et Nathan dans le lot, heureux de vivre une de leur première expérience sur ce format kifs Ô combien organisé de main de maître par l’équipe du Frenchman.
Vendredi, place aux derniers réveil des jambes qui se sont endormies sur cette dernière semaine d’avant Ironman ou le repos est maximisé en vue de la course. Petit tour au départ du XXL, suivi live de la course puis briefing et dépôt du vélo. Au dodo.
Réveil à 4h15 ce samedi matin. Nuit assez bizarre comme souvent avant une telle course. Je dors mais presque en somnolence car je sais qu’elle sera coupée en plein milieu par un réveil, un gatosport, une crème, un thé et une banane. Je décolle pour le départ vers 6h. Mes parents, chez qui j’ai dormi pour épargner ce réveil hors norme à Clémence et les enfants, m’y accompagnent. Rapide vérification du vélo, mise en place des chaussures clipsées et du ravitaillement puis échauffement à sec avec l’élastique. Chose rare mais qui permet de réveiller les muscles en douceur. Ensuite petite mise à l’eau, c’est le moment où je rentre dans ma course, le départ est proche, l’envie d’entendre le starter grandit. Après un show de Super Frenchman, toujours aussi à l’aise pour mettre l’ambiance (à quand une soirée avec toi SF? ça doit être le délire!), c’est le coup de canon.
Je pars placé et me met rapidement en action, celà me permet d’éviter les coups et de me positionner en tête de course, côté à côté avec un autre concurrent. A partir du 1er kilomètre, la légère houle s’accentue vraiment et ça commence à brasser. Ca devient extrêmement compliqué de poser sa nage et mes lunettes en font les frais, je doit les réajuster et perds le lead…pour me rendre compte qu’un bon groupe profite de notre trace! Ce qui me permet de me remettre vite dans des pieds sans trop d’effort pendant 5’. Je repasse vite quelques gars puis je me retrouve 4ème, derrière 3 concurrents en file devant moi au demi-tour. Le retour se fait avec eux. Derrière ça semble avoir perdu les pieds dans le courant favorable du retour. Je ne m’affole pas, la partie natation n’est que le début d’un long périple et nous sortons groupés en tête.
Je pars à vélo en tête avec une avance créée durant la première transition. Les jambes sont froides mais répondent rapidement avec des puissances élevées, je doit me calmer mais j’ai du mal à réduire l’énergie déployée, grisée par l’événement et la prise de la tête de course d’entrée de jeu. Comme si des voix m’avaient entendues, la voiture ouvreuse a du mal à jauger ma vitesse et semble ralentir, ce qui me fait revenir très près, puis réaccélère. Dans ces moments là je dois aussi lever le pied car je n’ai pas envie de prendre de pénalité mais je ne peux pas gérer le conducteur en plus de me concentrer sur un effort soutenu à calibrer dans la cible voulue. Cette situation délicate dure une vingtaine de kilomètres avant de reprendre une plus grande route et de voir la voiture prendre du champ dans la descente de Contaut. Elle ralentit par la suite avant qu’un arbitre vienne lui signaler de prendre du champ et me dire que je serais également pénalisé. Je crie au scandale, à quelle moment l’erreur vient de moi, je n’ai pas pris l'abri derrière un cycliste, j’ai subi une erreur de jugement de ma vitesse de la part du conducteur. Je ne peux pas l’incriminer, l’erreur est humaine et je le voit tous les jours, il est difficile pour une auto d’apprécier la vitesse de déplacement d’un cycliste qui roule à plus de 40km/h. Je me rappelle Lacanau et passe à autre chose, l’attitude compte énormément et je me dois de suivre le même état d’esprit que lors de ma dernière victoire. Je me dis que cette péripétie me rappelle il y a 15 jours et que si je pouvais avoir le même dénouement ça serait quand même cool. Premier tour bouclé en étant un peu gourmand sur les watts (+12w par rapport à la cible). Je me dis que j’aurais tout le loisir de lever le pied dans la seconde moitié de cette deuxième boucle pour dérouler avant le marathon. D'autant plus que des petites crampes vont venir me chatouiller le haut des adducteurs à plusieurs reprises. La position aérodynamique devant être gardée plus de 90% du temps sur ce circuit, la tension devient grande sur cette zone musculaire. Je me décontracte régulièrement et baisse d’une quinzaine de watts puis 20 dans les 30 derniers kilomètres.
Vélo déposé tout juste sous les 4h15, superbe vélo. Entre temps l’organisateur m’a dit de ne pas passer à la tente de pénalité, soit j’écoute l’orga. Je vois mon coach, Guy-Marie ainsi que Christine, sur le début de ce parcours pédestre. Il m'a fait la surprise de venir, ça me fait chaud au coeur et me donne un coup de booste. Je déroule sur cette première partie de marathon, pense à m’alimenter régulièrement et rentre dans ma bulle, celle-la même que je me suis entraîné à confectionner lors de mes sorties longues à pied. Cette bulle qui est ma zone de confort mentale. C’est difficile à décrire mais je m’y sens bien, avancer un pas après l’autre, jouer sur la souplesse tout en sentant la vitesse (relative, on est sur Ironman quand même!). Le 3ème tour devient plus crispé au niveau musculaire, puis le ventre me travaille un peu aussi, je fais un stop pipi, j'ai dû boire la mer et ses poissons c’est pas possible! Je repars un peu mieux, le ventre me retire fort dans le dernier tour, à l’autre bout du circuit. Second stop, express celui-là et ça repart. Ah oui mon avance, je ne me suis pas focalisé beaucoup sur celle-ci, je savais Luc Gabison, le second, moins bon coureur que moi normalement, j’ai vu qu’il faisait le forcing sur le premier tour mais que dès le second son allure s'était fortement dégradée. Ainsi je me disais que tant que je courais ça devrait aller au bout. La fin du dernier tour était compliquée musculairement mais je voulais aller chercher les moins de 3h sur ce marathon, ce que je fis! Petit hic, en vue de la finish line les arbitres m’ont arrêtés. Ils voulaient expliquer la règle de distanciation de la voiture et me stopper 2’ pour l’imbroglio du début de course. L’euphorie dans laquelle je m'étais mise durant ce dernier kilomètre est tombée de très très haut.J’ai pris sur moi pour leur répondre gentiment et avec sincérité, ils ont été correctes et ont fait appliquer le règlement puis m’ont dit de reprendre ma route et profiter de la finish line. Encore une fois, quelle aventure! Quelle délivrance de gagner mon premier Ironman sur celui de Benj, Stéphanie et toute son équipe. 9 ans après mon premier sur cette même organisation qui n’a plus rien à envier aux plus grandes. Aujourd’hui c’est un réel accomplissement dans ma vie sportive que j’ai été chercher. Je le sentais, je le voulais, mes proches et les amis du SNT m’ont poussé à tel point que je me devais de leur renvoyer autant d'émotions que possible. La vie n’est pas un long fleuve tranquille mais qu’elle était belle cette journée!

 




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