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02/07/2025

Ironman des Sables d'Olonne 2025

posté à 14h49

Fin 2024, je me voyais faire une année triathlon 2025 axée sur la distance Half Ironman, pas plus. Mais avec un Ironman à 1h30 de la maison et une forte délégation de copains déjà inscrits j’ai craqué et pris mon dossard pour l’Ironman des Sables d’Olonne fin Juin. Principalement pour vivre l’événement aux côtés de mes camarades de club, pour certains novices sur cette distance, mais aussi courir presque à domicile devant la famille et plus de supporters que sur des courses Ironman que j’ai pu faire au bout du monde.

Après un début de saison “arrosé” sur le très chouette et vallonné triathlon M de Saint Pée sur Nivelle, que j’ai gagné, j’ai été faire face à l’adversité rochelaise à Châtelaillon. Petite leçon de course en équipe devant qui me place au pied du podium mais surtout ne me rassure pas quant à ma capacité à courir car j’ai alors depuis quelques semaines une gêne au tendon. Je décide de “sacrifier” la préparation pour le Half Frenchman Carcans en coupant la CAP dans l’espoir de pouvoir finir la prépa Ironman sans bricoler avec des stop and go du style courra/courra pas. Je fais quand même une belle course au Frenchman, termine 5ème face à une grosse adversité sans avoir passé de séances à pied durant les 3 semaines précédentes. Je sais alors que la pas trop mauvaise course à pied que j’ai effectuée tient plus de l’effet récup de ces 3 dernières semaines mais qu’il faut vite repartir au travail si je ne veux pas que mes acquis fondent comme neige au soleil d’ici l’Ironman des Sables. La fin de prépa se passe comme espérée, le tendon me laisse tranquille, je sens que je monte en puissance à pied même si je sens que je ne suis pas aérien dans mes foulées, ça revient gentiment. Ce ne reviendra pas à temps pour être au pic de forme en CAP mais je me dis bien que sur Ironman, on court le marathon avec ce qu’il reste dans le moteur, la résistance et le mental jouant un grand rôle la dedans, ma foulée des grands jours ne sera pas nécessaire pour sortir une belle course.

Vendredi 20 Juin, à la débauche on passe avec Clémence chercher les enfants à l’école et direction “la plage” (c’est comme ça qu’on leur vend ce weekend en mode vacances)! Je subi réellement peu de pression, je vais faire ce que j’aime, sur un format qui me stimule et dans cette belle ville des Sables d’Olonne qui a laissé dans ma mémoire de triathlète une trace indélébile : pari avec les copains d’y faire un premier triathlon, première victoire sur Half en passant la ligne avec Clémence et Tom, 6ème du 70.3 au scratch avec une belle délégation de Pros autour de moi. Les bonnes ondes m’accompagnent et il faut dire que j’en suis à mon 16ème départ sur la distance. Je sais où je vais, je sais à peu près quoi faire, mais je sais aussi que les petites erreurs que l’on peut accumuler au fil de la journée sont impardonnables au moment du marathon. La patience sera de mise au risque de passer du rêve à l’enfer comme j’ai pu l’attester lors de mon dernier FULL à Embrun en Août dernier.

Samedi 21 Juin, veille de course. Je pars courir tôt le matin pour mon footing d’avant course. Il fait une chaleur déjà lourde pour 6h du matin. Je me dis qu’il faudra être sage le lendemain si je veux vivre une belle journée. Tour de vélo “au chaud” mais le vent permet de refroidir un peu le moteur. La journée passe assez vite, je vois des copains, répond à leurs questions (Félix : “LIS LE GUIDE ATHLETE”) puis je nage en fin de matinée. M’aperçois que la combinaison de nat’ à quelques petits trous. Comme il y a Ironman demain je m’en fait une petite montagne mais Richard mon sauveur m’apporte un tube de colle pour réparer ces quelques petits trous! Dépôt du vélo, quelques mots au coach venu me supporter. La dernière fois qu’il était là sur un Ironman, c'était au Frenchman avec la victoire au bout!

Dimanche 22 Juin : après une nuit courte et quelque peu agitée musicalement, fête de la musique oblige (merci la techno à bloc dans les voitures en face de l’appartement), je me lève sans fatigue. Petit dej Gatosport puis direction le parc à vélo pour y déposer les bidons, l’alimentation et regonfler les tubeless. Je suis content d’être là, c’est une bonne chose, et suis tout excité et loin d’être blasé malgré le grand nombre d’Ironman auxquels j’ai déjà pris part. Je m’étais posé la question de savoir si j’allais avoir une sorte de lassitude à force, mais chaque Ironman étant un peu comme une nouvelle aventure je n’ai pas ressenti celà et heureusement! Direction ensuite le départ avec Félix, on discute pour passer le temps de la marche mais aussi oublier un peu ce qui nous attend. Une fois sur le remblai, on se lance dans un footing d’échauffement que j'appellerais “à la recherche de toilettes”. A ce moment nous croisons Alex Caille qui sera le vainqueur de la course, que j’ai croisé au Frenchman et qui nous accompagne dans notre mission :) . Enfin, ce que vous attendez tous, le départ natation…

Je me place plutôt devant dans le SAS visant autour de 55’ en natation, je ressens une petite émotion sur cette plage des Sables d’Olonne, 16ème Ironman mais toujours le petit pincement, je me dis alors que c’est très bon signe, cette journée va être unique alors je me dois d’en profiter et de bien faire. Le départ donné, on court un petit moment sur cette plage car la marée sera basse dans 1h environ. Jusqu’à la première bouée (50/100m) j’ai le sentiment de me faire doubler par du monde, pas bon. Mais une fois celle-ci passée, je prends mon second souffle, les bras commencent à tourner vraiment bien et surtout je ne sens rien, aucune douleur dans les bras même si j’appuie plus fort. Je prends ainsi mon rythme de croisière en m’appliquant bien à rester dynamique et je double beaucoup sur cette partie au large avant de rentrer dans le chenal. Une fois arrivée dans celui-ci, la vitesse diminue, nous prenons la fin de marée et je pense que le chenal finit de se vider. Ca glisse un peu moins et la vitesse est plus faible. Je sors en 56’ après avoir vu Alexandre Caille remonter à ma hauteur dans les 200 derniers mètres, je me dis “Bien joué à lui”, il aura fait une bonne nat’...ou bien c’est moi qui était planté dans l’eau, mais avec le monde doublé et peu de monde devant, je me dis que j’ai dû faire ce que je savais faire quand même.

Fin de la natation, j’attaque la longue transition qui nous fait courir un grand bout droit sur le ponton puis monter une rampe bien raide pour aller vers le parc à vélo. J’enfile des chaussettes, pour le confort et éviter d’avoir les bouts de pieds en sang à force de frotter dans la chaussure. Départ sur le remblai, je ne m’entend pas respirer car il y a du monde, c'est génial. Arrivé au bout, je retrouve le calme qui caractérise l’Ironman et nous accompagne une grande partie du vélo. Je sais qu’Alex étant sorti avec moi de la nat’ et après moi de T1, il devrait vite revenir. J’envisage de faire un bout de chemin avec lui s’il reste sage, ce qu’on fait pendant une dizaine de kilomètres mais je vois que ma puissance est entre 10 et 15 watts trop haute en suivant son rythme. Je peux suivre mais je ne suis pas sûr que ce soit judicieux de “jouer” 15 watts au-dessus de ma cible qui, je sais par expérience, devient difficile à tenir sur la dernière heure en générale. Je prends donc l’option de la sagesse et le laisse prendre le large tout doucement. S'ensuit une longue route en solo au bout de laquelle je rattrape une féminine aux alentour du 80ème kilomètre (partie 8/9’ avant nous), je la ramène sur le groupe de chasse pour la deuxième place (derrière India Lee). Elle en profite pour se refaire une santé et met une sacoche au groupe une fois que nous sommes rentrés sur celui-ci. J’en profite pour contrer son attaque et part ainsi avec un groupe d'âge homme qui suivait les filles au moment où je suis rentré sur elles. A ce moment-là, deux autres GA hommes me rattrapent, Mickael Schwitzgabel et un allemand qui tourne la canne tranquillou derrière. Km90 on passe à Vairé, la famille et les amis sont là, je profite de ce moment pour les saluer, lever la tête, puis l’allemand décide que c’est assez (comme dirait la baleine) et il passe un grand bout droit vent de dos qui fait sauter Mickael en seconde position et pas mieux pour moi en 3ème. Il reviendra sur l’avant de la course en solo l’animal! On forme donc un petit groupe de 3 avec un poid presque mort car le 3ème larron qui se cachait dans le groupe des filles ne passe quasiment pas et quand il passe on perd 2kmh… Un autre GA nous double voie de gauche en mettant un coup d’accélérateur, je me pose la question de mettre un accoup pour le suivre ou pas, mais les accoups sont les ennemis de l’endurance, “rester sage” on a dit. Je prend l’option, peut être pas la meilleure, de rester avec mes 2 comparses. Mais voilà une quinzaine de kilomètres plus tard je les lacheraient car ils commencent à accuser le coup (Mickael sans boisson depuis plusieurs kilomètres ne passe plus beaucoup, autant filer en solo). Je termine donc tout seul en 4ème position des groupes d'âges et en zigzaguant un max entre les concurrents encore dans leur première boucle lorsque je terminais ma seconde. Certains prennent la route pour eux en roulant au milieu et ça nous oblige à faire les deux côtés de la chaussée, ça réveille en fin de vélo mais c’est aussi un peu d’énergie qui s’envole.

Fin du vélo donc, je vois 4h23 sur mon compteur, wooow je visais dans les 4h30 c’est top! Transition RAS puis ça part courir. Je vois du 3’50 à la montre, hop hop hop il faut que je freine. Je passe entre 4 et 4’10/km avant de sentir au bout du premier kilomètre une pierre du côté du foie. J’apprendrais après par mon kiné que j’ai subi une crampe du diaphragme. Celle-ci va m’empêcher de respirer et ralentir fortement mon allure sur ces 10 premiers kilomètres. J’arriverais à faire passer ça en forçant ma respiration et en levant le pied. Je me demande à ce moment là comment je vais pouvoir finir ce marathon et surtout dans quel état en gardant le mauvais souvenir de l’embrunman. Le combat commence alors, bien trop tôt pour espérer faire une remontada sur ce marathon. Je me concentre donc sur l’objectif de préserver l’essentiel, à savoir rester le plus solide possible sur ce marathon sans rien calculer, simplement avancer. Lorsque la douleur me laisse enfin tranquille, l’état d’esprit switch sur des sensations positives, je n’avance pas aussi vite que je voudrais mais la foulées est bonne. J’ai perdu du temps sur le devant de la course mais je n’ai pas perdu totalement pied et je peux encore espérer titiller les 8h30 même si les calculs sont trop difficiles à faire (“les calculs sont pas bons Kevin!”). J’avance au mieux tout en gardant en tête que l’hydratation est primordiale, je prends le temps de marcher entre mon verre d’eau et de coca à chaque ravitaillement. Dans le 3ème tour, je me sens prêt à me battre pour le tour final et me voit même pouvoir accélérer un peu. A la moitié de ce tour, mon ventre me rappelle très fortement à l’ordre, il me faut trouver des WC, c’est chose faite après le demi-tour et il était grand temps. 2’ de “pause” et c’est reparti. Dans l’intervalle, un concurrent qui me talonnait me dépasse et je le vois juste devant moi en repartant. Je le garde en point de mire pour grappiller gentiment la distance qui nous sépare puis le dépasse. Retour en 4ème position. Enfin le dernier tour, l’énergie laissée en début de marathon me rappelle à l’ordre. Je sers les dents au maximum mais d’accélération il n’y aura point. Une fusée belge me dépasse dans ce dernier tour, pas moyen de faire quelque chose. Je file vers la Finish Line avec un grand sentiment de soulagement. Content d’avoir été aussi solide dans l’adversité aussi bien intérieur qu’avec les autres concurrents. Content de mon mental qui m’a fait tenir et positiver quand tout allait au plus mal. Je passe cette ligne d’arrivée 5ème homme mais au jeu du Rolling Start, un concurrent parti après me passera devant au chrono final.

Cet Ironman des Sable d’Olonne m’aura quelque peu réconcilié avec la distance Ironman après un Embrunman sans grand plaisir. La prépa aura eu un coup d’arrêt mais j’aurai pu assez bien repartir en positivant et en faisant les bons choix et surtout en ne les faisant pas tout seul, merci coach! Un énorme merci à tous les Ironmen du SNT (sans oublier les 6garillos) de m’avoir embarqué dans cette aventure Sablaise. Je n’aurais pas envisagé un tel défi en 2025 et je l’aurais regretté tellement l’ambiance et le soutien étaient énormes sur ce remblai des Sables. Tellement content également d’avoir pu partager le premier Ironman de mon sparring trailer de l’Alpsman et copain Félix. Belle surprise que sa performance et celles-ci n’arrivant jamais seules, on ira tous les deux visiter Nice en Septembre prochain. Pas pour aller déguster des pissaladières mais pour participer aux championnats du monde Ironman! Ceci est possible grâce aux partenaires qui me suivent et que j’embarque dans mes aventures. Je ne pourrais jamais les remercier assez, mais tout ce que je peux faire sera de leur faire vivre de belles émotions et Nice pourrait en être une magnifique opportunité…

 


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