Actus

18/08/2023

Triple triathlon aux Gorges de l'Ardèche

posté à 08h24

C’est presque aussi difficile à dire qu’à faire : j’ai fait un triple triathlon dans les Gorges de l’Ardèche! Le triathlon des Gorges de l’Ardèche propose un format unique de triathlon sur trois jours avec un distance M le Jeudi soir, un XS le Vendredi midi puis un L le samedi. Le grand vainqueur du triathlon des Gorges de l’Ardèche étant l’athlète qui aura fait les meilleures places au cumul sur ces 3 étapes. Mais attention, comme au bas, il y a des coefficients selon la difficulté du triathlon. Ainsi le XS est coeff 1, le M coeff 2 et le L coeff 3. Une fois ces règles énoncées, il n’y a plus qu’à nager, pédaler, courir et récupérer avant l’épreuve suivante…trois jours de suite.
Première épreuve jeudi soir. La mise en jambe se fait sur un format sur lequel je n’ai pas couru depuis de nombreuses années : 1000/35/7. C’est court mais en même temps la partie vélo me plait bien avec un aller retour sur la route des gorges et ses 500m de dénivelé sur les 25 premiers kilomètres, puis demi-tour et redescente vers T2. La natation se passe bien même si je sors loin des 2 premiers excellents nageurs. Parmi eux, l’épouvantail de l’épreuve Mathis Margirier qui ne fera que le M car en prépa de PTO Milwaukee (où il terminera 4ème parmi les meilleurs mondiaux). Je pars à bloc à vélo mais peut-être un peu trop car j’ai la sensation des jambes qui tremblent, signe d’un petit surrégime un peu trop brutal. Je me fais enrhumer par Théo Debard, excellent cycliste, dès le début du vélo. Peu importe, je prend le rythme le plus élevé possible qui me permet de rattraper les quelques concurrents devant moi hormis Théo, Julien Ferrandeau et Mathis Margirier. Je pose le vélo 4ème mais avec 1 concurrent du M hors challenge à mes trousses. Etant partis 1’30 après nous, je les sait devant moi au classement. Début de course à pied pas facile mais il faut aller vite car il n’y a que 7kms. Chemin, pont de bateau, c’est magnifique. J’arrive au bout du pont de bateau et demande au signaleurs “C’est par où?”. Réponse “Tout droit dans l’pentu”. Ah oui je ne voyais pas celà si raide de l’autre côté de la rive! C’est simple, pour monter au village d’Aiguèze nous avons une falaise à grimper en crapahutant sur un chemin de pierres qui finit par un long escalier aux marches trop grandes pour les avaler en un pas et avec une déclivité de 15 à 20% je dirais. On range le chrono au placard, c’est un combat contre la pente…Et dire qu’on aura à le grimper 3 fois dans 2 jours! J’arrive au bout de ce M en 5ème position et 3ème du challenge. Ca m’a un peu usé mais sans plus, l’habitude de faire des longues distances ne me permet pas de trouver l’allure rapide qui permet de performer sur une distance aussi courte…Et demain on en fera à peine la moitié! Qu’est-ce que je fous là?!
Le lendemain, vendredi, c’est double jour de course, une pour Tom, mon fils, une pour moi. Le triathlon des Gorges de l’Ardèche à ça de beau, il y en a pour tout le monde. Passé la trouille du départ où il feint de ne pas savoir nager pour prendre une frite (!) il s’en sort bien et se décoince à vélo et à pied pour finir content. Deux petites heures après, c'est mon tour. Je distille quelques conseils à Florine, une collègues MAIF, qui fait son premier triathlon. De mon côté je me dis que ça va passer vite et qu’il va falloir être efficace pour ne pas perdre trop de points au challenge en vue de la course du lendemain. Départ natation à bloc, il n’y a que 400m à nager, ça permet de bosser la vitesse dans l’eau, les séries de sprints du Cercle des Nageurs de Niort me sont très utiles. Je ne sors pas trop loin mais oublie d’enfiler ma ceinture porte dossard, ce qui me fait perdre de précieuses secondes qui compteront à l’arrivée. À vélo, même constat de jambes qui tremblent, surrégime trop rapide pour le moteur diesel que je suis. Je termine 4ème de ce XS, sur les talons du 4ème qui n’est autre qu’Olivier Marceau, 7ème des JO de Sidney et qui, à 50 ans, s’amuse encore sur des triathlons. J’ai eu la chance de discuter avec lui suite à ce XS, il dégage une simplicité et un esprit sportif qui devrait être appris dans toutes les écoles. Une belle rencontre en somme. Suite à ce 2ème triathlon je suis toujours 3ème au classement général. La petite conférence de presse sur la place du village en soirée est extrêmement sympa. On discute entre élites autour de questions bien choisies par les deux speakers de chocs que sont Romain Forel et Stéphane Garcia. Pour alimenter les débats et sans trop y croire j’annonce que le challenge est toujours à porté pour moi, je me sens solide et je ne laisserais pas droit à l’erreur à mes concurrents sur un format qui me convient. Je n’aime pas compter sur une défaillance de la concurrence mais ce sera à eux de ne pas faire d’erreur.
Samedi matin, quand on se réveille le matin d’une course, on est censé avoir bien récupéré la semaine précédente et sentir l’énergie monter petit à petit. Mais ce matin là, l’énergie a déjà été utilisée les 2 jours précédents, il faut réveiller le corps en douceur mais le dynamisme manque un peu, le mental sera mon atout pour aujourd’hui, c’est une belle journée qui s’annonce. Départ natation à l’opposé de ce qu’on a pu faire la veille, je pars vite mais en sachant qu’il y a 2 bornes à nager, pas un simple bout droit de 400m avant de sortir de l’eau. La combinaison est aujourd’hui autorisée ce qui rend les appuis plus hauts et la glisse bien meilleure! Julien Ferrandeau part devant comme il l’a fait les 2 courses précédentes, je me concentre sur le pack de chasse, j’en suis dans les toutes premières positions et voit que je nage à côté de Camille Donat-Shaw, excellente nageuse. Je suis très content d’être où je suis, je pose ma nage, passe devant et sortirais second de cette partie natation, la journée commence très très bien! Départ à vélo, je connais ce début de parcours et prends le temps de faire chauffer les cuisses avant d’appuyer plus fort. Mais voilà, il me manque 10/15 watts en stock pour être dans mes allures. Une rapide analyse des jours passés me fait comprendre que j’ai laissé quelques watts sur le bitume depuis jeudi soir et que ça doit être normal donc pas d’affolement et puis de toute façon j’appui comme je peux sur les pédales, ne pas en être content ne va pas changer le résultat. On s’adapte. Je vois Théo me rejoindre au 10ème kilomètre, à son passage je lui lance un “Ah cette fois j’aurais réussi à tenir 10 bornes!” et il prend quelques longueurs. Mais nous arrivons sur une partie plus favorable avec une descente, des virages et un replat alors je le suis, a distance réglementaire, mais ce point de mire me fait du bien et me relance. J’aimerais pouvoir le suivre plus longtemps mais il roule trop vite, bonne route l’ami et qui sait…à plus tard. Avec cette bonne première partie de parcours je m’attend à rejoindre Julien Ferrandeau avant Vallon Pont d’Arc qui se trouve à la moitié du parcours, mais que nenni, pas de cycliste à l’horizon. Peu importe, une fois descendu à Vallon Pont d’Arc il nous faut remonter tout en haut des gorges, un petit col se présentera à nous et celà dans la deuxième moitié du parcours vélo, c’est ici qu’on verra qui a bien géré la première moitié et qui est parti trop vite. Non pas que ce soit facile pour moi sur cette partie mais le mental, bien que sans cycliste à l’horizon, reprend du peps, je vois les watts remonter aussi haut voir plus haut qu’elles ne l’étaient sur la première partie des gorges. Les jambes veulent bien appuyer et j’effectue une montée rythmée sans avoir l’impression de buter. Je regarde toujours un petit peu devant mais cette idée m’est sortie de la tête, je me concentre maintenant sur moi-même, comme si je ressentais que c’était le moment de faire basculer ma course du bon côté, sentiment inexplicable qui n’est le fait que de l’instinct. C’est ce moment de communion avec soi-même qui est le souvenir principal que je garde de mes courses, ce moment clé où le cerveau dit au corps de ne pas lâcher et où le corps est en capacité de suivre. Tiens une silhouette loin devant, Julien Ferrandeau se bat sur son vélo, je rentre très vite sur lui, il semble en souffrance. Je le dépasse et l’encourage car je sais que la route est encore longue pour lui et son état ne présage rien de bon pour la fin du vélo et la course à pied qui nous attend. La descente des gorges se fait ensuite à vitesse grand V. Je vois au loin derrière moi un concurrent revenir mais il n’est pas du challenge, il a dû faire un gros vélo pour me reprendre quasiment les 2’ qui nous séparaient au départ. Surtout, je ne pose qu’à 3’30 de Théo Debard qui m’en avait collé 7 au Half Bayman l’an dernier. Je pars donc en me disant qu’il ne m’aura pas repris tant que ça sur la seconde moitié et que peut-être lui aussi a subi la fin du vélo. Je suis confiant et attaque cette partie pédestre avec envie. La gestion est de mise avec cette chaleur assez inconfortable. Les gorges renferment la chaleur et les 35°C de cette journée nous étouffent encore plus. Au premier demi tour je vois Théo courir sur un bon rythme, il n’est pas hors de portée mais pas tout prêt non plus, statu quo, c’est à lui de ne pas craquer je suis en gestion et ai une vitesse de réserve pour éviter le surrégime. Une brûlure intense à la cuisse se fait sentir au 5ème kilomètre, je sais que ce n’est pas musculaire, j’ai la sensation d’une piqûre assez forte, une guêpe que je n’ai pas vue a dû venir me piquer, ça fait un mal de chien sur le moment et surtout ça met quelques minutes à passer. Heureusement (ou pas), je souffre par ailleurs donc la douleur est vite transférée sur le reste de mon corps. Dès la fin du premier tour je sens le vent tourner en ma faveur, en haut de la seconde montée vers Aiguèze on m’annonce à 1’ du premier. C’est descendu beaucoup trop vite pour qu’il ne se soit pas mis à marcher. Puis un kilomètre plus loin je vois en effet Théo marcher dans un faux plat en plein soleil. J’imagine sa détresse, j’ai connu celle-ci sur des Ironman, on n’en veut à personne, on s’en veut à soi-même, à son corps. Je l’encourage en le dépassant en lui rappelant de ne rien lâcher car il avait le challenge encore provisoirement pour lui et bien que j’ai maintenant une chance de le remporter, je voulais que la bataille soit pleine jusqu’au bout pour que le meilleur gagne. J’entame donc le dernier tour en tête de la course. En tête? Non pas vraiment car un concurrent hors challenge, engagé uniquement sur le Half, est une trentaine de secondes devant moi au chrono. C'est compliqué à gérer mais je vais faire au mieux pour tenter de lui reprendre ce temps et surtout remporter le challenge, LA course pour laquelle je suis venue en Ardèche. Le moteur commence à chauffer, je sens que je suis assez proche de la surchauffe sous ce cagnard et il me faut économiser le peu d’énergie qui me reste pour aller au bout. Je me dis alors qu’après le dernier long faux plat, c’est tout en descente jusqu’à la ligne, je relancerais à ce moment-là. Mais arrivé au demi tour pour redescendre, la relance est timide, trop timide, je n’ai plus rien dans les socquettes alors je pousse au maximum, envoie le plus loin possible les jambes car je ne trouve plus de cadence efficace pour accélérer et finit dans un sprint de 400m bien aidé par les encouragement du public et du speaker pour faire le show. La ligne est franchie en tête mais il faut maintenant attendre, ça tombe bien je m’écroule une fois celle-ci franchit. La jauge d’énergie était bien vide, je n’ai plus rien, j'ai du mal à retrouver mes esprits et à comprendre ce qu’on me dit. Le second, qui est hors challenge, arrive au sprint lui aussi et terminera à peine 30” devant moi au temps. C’est le jeu, il est plus frais et je me serais bien battu contre ce belge qui a des références au niveau européen quand même. Maintenant il me reste à attendre de savoir si je remporte le Challenge du triathlon des gorges de l’Ardèche. Les places s'égrènent et je ne suis pas en mesure de calculer quoi que ce soit. C’est Romain Forel qui vient me dire que c’est bon, Théo arrivant 7ème de ce L (et second coureur du challenge, la fatigue et la chaleur auront fait des dégâts parmi les “challenger”), je remporte ce triathlon des Gorges de l’Ardèche ! J’ai gagné le général sans gagner d’étape mais imaginer mettre des coureurs qui ne feraient qu’un jour de course sur des étapes de montagne au tour de France. Les coureurs du général ne feraient sûrement pas les malins eux non plus!
Cette course est venue clôturer une première partie de saison victorieusement après mes victoires sur le Half de Lacanau, au Frenchman Carcans XXL et au T24 Ile de Ré avec les 6Garillos. Après une coupure estivale, la rentrée de Septembre sera musclée avec les triathlons de Niort, Royan puis le Bayman et enfin Vieux Boucau. J’ai hâte!

 


Autre news:
10/11/2023 : Vieux Boucau, le nouveau triathlon qui a le vent en poupe!
25/09/2023 : Half Royan by TriAAAthlon
05/07/2023 : T24 Ile de Ré : Jack Bauer n'a qu'à bien se tenir!
20/05/2023 : L'aboutissement au Frenchman triathlon XXL
08/05/2023 : Comment j'ai gagné le Lacanau Tri Events en me trompant de parcours!
18/10/2022 : Haf Saint Cirq Lapopie
05/10/2022 : Le Bayman du Mont Saint Michel
25/08/2022 : Mont Tremblant, ses queues de Castor, sa poutine...et son IRONMAN!
28/07/2022 : Triatbreizh 2022 : c'est la bonne!
11/07/2022 : En mode SuperFrenchman à Libourne


» Consulter les archives

RSS