Cette année, le triathlon half de Royan tombait une semaine après le triathlon du SNT sur lequel chaque année tout le club est réquisitionné en tant que bénévole.
Cette année, j’avais donc à cœur de revenir à Royan, 4 ans après ma dernière participation en 2019.
La startlist annoncée était très belle. Du beau monde au départ, de la densité à l’avant. Il y avait de quoi assurer un super spectacle pour tout le monde.
Mais voilà, dans cette densité, beaucoup de coureurs de courte distance. Et qui dit “courte distance” dit “torpilles dans l'eau". Ainsi, un pack d’une grosse dizaine de nageurs s’est extirpé dès la première bouée et a profité de l’émulation de groupe pour me coller 4’ sur les 2300 m de natation. Oui Royan est généreux et chaque distance est annoncée hors taxe, on a donc nagé un peu plus de 1900m, roulé un peu plus de 90 km et couru un peu plus de 21 km. Qui s’en plaindrait, ça nous donne l’occasion de pratiquer un peu plus longtemps le sport qu’on aime!
J’enfourche donc mon vélo en 16ème position, la journée commence mal car j’ai senti dans l’eau que l’efficacité et la tête n’y étaient pas. Je me suis même dit durant celle-ci que j’attendais clairement la sortie de l’eau, ni plus, ni moins. Mon seul passe-temps aquatique a été d’essayer de suivre les pieds du gars devant tout en étant côte à côte avec Alexia Bailly, qui je sais, joue les premiers rôles chez les femmes PRO. Le vélo donc, je suis dessus, je prends mon rythme en sachant que Cédric Ludet va tenter un départ canon pour me sortir de son sillage (à distance réglementaire). Mais voilà, je sens que les watts sont bonnes et j’ai même une réserve pour rester au contact distant. Le moral remonte un peu, je ne vais pas subir tout le vélo. Julien Hagen nous rattrape ensuite, il semble très fort mais semble surtout être parti très vite. Nous formerons un petit groupe de 3. Tous les 3 réglo, les marshall venant nous voir et ne restant pas longtemps car observant que nous respectons les règles…comme quoi c’est possible pour ceux qui en douteraient! Un gros groupe pour les places de 5 à 10 nous précède d’environ 2’, ce groupe bénéficie de l’effet de groupe mais nous leur reprenons du temps. Le premier tour se termine sur avec un retour à Royan lors duquel je vois que quelques individualités se sont portées à l’avant mais je ne m’en fais pas trop, je souhaite être acteur de ma course et gérer au mieux le vélo, à savoir aller le plus vite possible tout en gardant un bon niveau d’énergie pour un semi qui s’annonce chaud et toujours compliqué à Royan. Quand arrive le dernier demi-tour tout au sud du parcours, mes cuisses commencent à piquer/brûler. Signe que ce deuxième aller, vent de face, aura laissé des traces. Heureusement on peut sortir la grand voile (et crier sous le vent) pour remonter direction Royan. Le dernier passage des bosses de Mescher me font me sentir quand même content d’en finir avec ces 93 km de vélo. Je pose à T2 en 11ème position. Mentalement je suis bien mieux qu’à T1, j’ai fait un bon tour de vélo, n’ai pas perdu trop de temps et suis prêt pour partir courir.
Je pars au rythme sur lequel je pense pouvoir accélérer lors de la seconde boucle. Pas non plus un train de sénateur, mais je ne m’affole pas, la route est encore un tout petit peu longue. Julien Hagen, avec qui j’ai passé une grande partie du vélo est 100 m devant. Il serait tentant de boucher le trou mais j’observe que l’écart reste stable alors que je gère à mon allure. Premier demi-tour au bout de 5kms, les positions sont figées, les écarts le sont quasiment eux aussi. Sur le retour vers l’arrivée et la ligne d’arrivée qui correspond à la fin de ce premier tour, je pousse un peu plus dans un faux plat montant et vois que je rebouche le trou très rapidement sur Julien Hagen devant moi. Je sens comme un déblocage physique. je ne calcul alors plus les écarts, je me centre sur ma foulée, ma respiration et trouve un second souffle agréable. Olivier Bachet me lance un “J’ai parié sur un top 8 pour toi Guillaume, allez tu peux le faire”. Je me surprends alors à être très confiant dans ma tête et me dit qu’il ne va pas perdre son pari. Je rattrape alors du monde entre ce 7ème kilomètre et la fin du premier tour. J’attaque le second et dernier tour en 8ème position. Vu les craquages observés sur les concurrents que je viens de croiser, je m’imagine bien gagner encore une ou deux places. Je passe en effet assez vite 7ème puis vois une silhouette au loin qui ressemble à Erwann Jacobi. Plus je me rapproche et plus la ressemblance se confirme, je passe ainsi 6ème au 14ème kilomètre puis chipe la 5ème place à Jean Duchampt au dernier demi-tour correspondant au km15. J’ai croisé un peu avant Quentin Barreau qui semblait grimacer un peu. Il me reste alors 5 kms et j’estime à environ 1’30 mon retard sur lui. Je pense alors que je ne peux pas rentrer sur lui s’il ne craque pas un peu et que je n’accélère pas moi-même sur ce final. Je tente de maintenir un tempo élevé mais les jambes commencent à ne plus très bien répondre. Sans réellement craquer, je n’ai simplement plus ce qu’il faut dans le réservoir pour mettre un dernier coup de boost. Je vois Quentin 200 à 300 m devant dans les derniers kilomètres mais la messe est dite. Top 5 sur cette superbe course avec une très belle startlist et entouré d’adversaires pratiquant le triathlon à “temps plein”. Je m’étais fixé cet objectif haut de top 5. Je pensais possible de ramasser du monde à pied si tout allait bien pour moi et c’est ce que j’ai mis à exécution. Malgré un démarrage poussif, j’ai su prendre assez de recul pour ne pas penser à la place ou la performance dans un premier temps et me concentrer sur le plaisir de faire cet effort. Celà m’a permis d’effectuer ma course en repensant à ce pourquoi je m’entraine, à savoir mettre un dossard et donner le meilleur de moi-même.
En conclusion, l’événement Royannais est toujours aussi sympa à vivre. L’accueil est toujours aussi chaleureux, l’association TriAAAthlon y apporte un souffle nouveau et intéressant pour le triathlon français. Je pense que le développement de la discipline passera par eux pour créer un circuit français pour les athlètes qui n’ont pas les moyens de s’exporter et pour qui les occasions manquent de confronter leur niveau avec ce qu’il se fait de mieux en triple effort.