Actus

07/12/2021

Maraton Valencia en passant par Lourdes-Tarbes

posté à 18h32

L’objectif pédestre de cette fin d’année se situait à Valence, en Espagne, avec ce marathon de Valence qui me faisait de l'œil depuis quelques années. Découvert au travers des lignes écrites par Quentin Guillon, j’ai pris plaisir à le regarder à la télé fin 2019. Une belle ville, du soleil, des records qui tombaient à l’époque comme des mouches. Tout y était et j’avais envie d’aller voir sur le terrain comment celà se vivait de l’intérieur.
Qui dit marathon dit préparation, forcément. La mienne sort un peu des sentiers battus avec un Ironman (Frenchman) le 2 octobre dernier, que j’ai fini avec un très beau marathon mais sur des allures bien différentes de celles que j’allais viser pour un marathon “sec” (sans la natation et la course à pied avant).
Donc, nous sommes le 4 ou 5 Octobre, je me donne 2 semaines de relâche suite au Frenchman pour bien recharger le corps et l’esprit. A ce moment-là je repense au marathon de l’avant veille en me disant que j’ai encore pris mon pied à courir ces 42kms. Je repense alors à Valence que je devais faire en 2020 : “Tiens si j’allais voir s’il reste des places”. Il y a une “Lista de espera" que je traduis en “liste d’espoir d’avoir un dossard” (jamais fait d’espagnol :p ). Je me suis inscrit à cette liste en me disant que s’il n’y avait plus de dossard ce serait un signe que je dois prolonger le temps de relâche post Ironman... 4 jours après j'étais inscrit pour le Trinidad Alfonso Maraton Valencia!
Bon vous devez être en train de vous dire que je cours plus vite que je n’écris mes récits de course alors c’est parti je vais commencer à vous raconter mon marathon de Valence en passant par le semi Lourdes-Tarbes.
A 2 semaines du marathon je faisais le semi marathon Lourdes-Tarbes chez mon ami et coéquipier du team GMG Thomas Carrere. Après un super weekend passé en famille et dans sa famille, un nouveau RP sur semi marathon abaissé à 1h07’12”, j’étais rassuré sur ma bonne forme et un peu effrayé par les courbatures qui ont suivi la course dans la semaine. La cryo immergée d'Adaptsport et quelques visites chez mon kiné là bas ont été nécessaires et bénéfiques! A J-8 du marathon la dernière sortie longue est tout de même bien passée, le job était fait!
Nous sommes donc à Valence ce dimanche 5 décembre, il est 7h, je pars courir pour m’échauffer. 1h15 avant le départ je suis large, mais avec les histoires de SAS de départ, avec 15 000 coureurs au départ, je ne veux pas rater l’ouverture de mon SAS pour me placer sur la ligne.
Je pars ni trop près, ni trop loin, simplement 6” après le coup de canon, le temps de passer la ligne avec cette foule des grands jours.
Je vais découper mon marathon en 4 parties :
Du premier au 10ème km : ça part tranquillement, le seul job ici est de rechercher la bonne allure cible dans les premiers kilomètres, trouver son groupe et être relâché au maximum. Mon groupe est bien fourni, je regarde un autre gros groupe qui s’éloigne 5-10” devant, pas plus. Je pourrais faire le jump facilement mais je sais que sur marathon il faut privilégier la sagesse, au moins jusqu’au 30ème alors j’attend. Ca tourne en 3'28/km sur ce départ, focus mais pas en souffrance.
Du 11ème au semi : cette partie est primordiale. On se sent bien, on pourrait accélérer mais c’est aussi ici qu’on pose les bases du stock d’énergie qu'il va nous rester dans les 10 derniers kilomètres. Malheureusement mon groupe faiblit, je sens l’allure perdre 1 puis 2” en vitesse moyenne. Quelques coureurs sont esseulés entre mon groupe et le précédent, je prend donc les devants, saute de gars en gars gentiment, sans m’affoler ni rentrer trop vite. Ça ne rentre vraiment pas vite mais je ne veux pas accélérer trop fort.
22ème au 33ème : Un portugais me rattrape ainsi qu’un autre coureur, le portugais au bonnet (moi j'avais chaud!) donne le dernier coup de cravache pour rentrer et c’est assez violent. Je me dis alors que je suis peut-être en train de faire une connerie car des douleurs commencent à arriver et je sens que je n’arrive plus à relaxer ma foulée aussi facilement qu’entre les 3’30 et 3’25/km auxquels je courais depuis le début. On a sûrement dû passer autour de 3’15-3’20/km pour boucher le trou. Mais une fois rentrés, avec l’allure se recalant autour de 3’25/3’27 j’ai pu faire un petit état des lieux général :
Muscles : raides par moment mais avec des douleurs qui se déplacent et ne restent pas au même endroit, ça circule c’est bon. Lors de mon précédent marathon, à San Sebastien, j’avais eu des grosses contractures dès le passage du semi, ici au 25ème je sens que je peux encore repousser l’arrivée de celles-ci.
Mental : c’est encore long mais j’ai encore le temps d’attendre à cette allure.
Foulées : j’arrive encore à l’assouplir de nouveau
Alimentation / Energie : j’ai suivi le plan prévu, une gomme ou pâte de fruit chaque 7kms et une ou deux rasades d’eau à chaque ravitaillement. Le ventre, je n’y pense même pas car je suis en pleine possession de mes moyens sans douleur autre que celle des jambes que j’accepte facilement.
LE FINAL : 33ème à l’arrivée : l’allure semble faiblir, des gars sortent parfois seuls, je suis le mouvement puis je les passe sans impression d’accélérer mais ils perdent ma foulée. C’est le moment où je décide d’y aller, rentrer dans le mode warrior et entamer le combat contre moi-même. Ce moment est la clé du marathon, ce 33ème est l’endroit qu’on recherche et qu’on appréhende à la fois. C’est ici que le corps commence parfois à céder, c’est ici qu’on veut savoir si on est prêt à rentrer dans le combat ou si le corps nous aura déjà lâché, nous laissant sans armes. J’y suis, en pleine possession de mes armes, de mon envie et de la conscience que c’est aujourd’hui que je peux atteindre mon “Hors Catégorie” à moi. J’avance dans la souffrance dont j’ai fait mon repère sur la distance. En gros “si ça ne fait pas mal ici c’est que c’est pas normal”.Le décompte est amorcé, le temps semble passer beaucoup plus vite mais les kilomètres paraissent pourtant longs. Je rentre en projection mentale sur l’arrivée, sur la ville qui est magnifique, sur des images qui allègent ma souffrance jusqu’à arriver au 40ème kilomètre. J’avais repéré ce final sur la carte, on tourne à droite puis c’est toujours tout droit jusqu’à cette fameuse cité des arts et des sciences de Valence qui est le théâtre de notre arrivée. Je cherche le grand dôme du regard, fixe un point et n’écoute plus les jambes crier. Le cerveau s’est projeté en avant, sur cette ligne d’arrivée. Passage à un ravitaillement à 1,5kms de l’arrivée, je me demande qui peut bien boire ici avec l’arrivée au bout. Je tire sur les bras, envoie les jambes en avant tout ce que je peux. Léger gauche pour trouver le tapis bleu et le panneau des 500m, c’est là, on y est. J’ai en visu ce fichu chrono qui fait défiler les secondes plus vite que je ne le voudrais. Il s’approche des 2h26’, je ne veux pas, les secondes s’égrainent jusqu’à passer ce fameux 2h26 à 10m de la ligne pour moi. Je suis joueur, je me dis que c’est dommage mais sans rancoeur, l’objectif était moins de 2h30, j’aurais été heureux en 2h28, étonnée en 2h27 et aux anges en 2h26. Je réagis ensuite que ça doit le faire pour moins de 2h26 au chrono réel avec le temps que j’ai mis pour passer la ligne et en effet, je claque un 2h25’57’’ à la montre qui se confirme au chrono final réel! Je suis mort, je m’allonge et aimerait ne plus bouger mais la peur que l’équipe médicale m’embarque me fait me relever au bout de 30”. Je suis au bout du rouleau, vraiment, un léger sanglot arrive, les nerfs lâchent avec la fatigue, la joie et une fierté immense d’avoir atteint ma perf référence à hauteur de mon modèle de la course à pied qui n’est autre que mon coach. Je me dit que le grand connaisseur qu’il est doit être dans le même état que moi, mesurant l’accomplissement que ce temps au marathon signifie, qu’il a vécu des émotions semblables à New York il y a 30 ans. C’est fou, c’est fort. Le sport est une belle aventure qui nous emmène bien au delà de ce qu’on peut imaginer parfois.

 


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