Après une prépa sans me mettre dans le rouge avec l’impression qu’il m’en restait même sous la semelle, j’étais fin prêt pour attaquer le marathon de San Seb’ de la plus belle des manières.
Enfin non, il restait une petite chose avant ça, un bon déjeuner chez Marine Gaillard dans le restaurant Natur’Home pour attaquer la période de charge glucidique à J-3! Un régal avec de la nourriture saine, j’étais fin prêt!
A l’arrivée en espagne le samedi, veille de course, je n’en menait pas large. Gros vent en rafales, pluie, tout était réuni pour NE PAS réussir à atteindre le chrono fixé. La nuit ne se passait pas mieux, on entendait la tempête taper aux carreaux de notre chambre d’hôtel. mais comme le calme vient souvent après la tempête, cette mauvaise météo nous aura épargné tout au long du marathon, les dieux étaient de notre côté cette fois-ci. J’y vois là un signe de mon papy, parti en ce début de mois. Je suis sur qu’il m’a filé un coup de main de tout là haut pour calmer les dieux du vent et de la pluie.
9h, c’est parti. Départ prudent, j’essaye de me caler sur l’allure de 3’35/km. Je m’enflamme un peu sur les 3 premiers kilomètres car je suis un groupe qui tourne autour de 3’30/3’32 et prend donc la décision de lever le pied, quitte à être tout seul, aucun problème. Je sens que j’ai l’allure dans les jambes, seul ou accompagné, je peux tenir le régulateur. Je retrouve 3 autres coureurs et nous rejoignons la première féminine du semi-marathon. Ce sera notre groupe jusqu’au bout de la première boucle. Ce premier semi passe vite, je suis dans l’attente de la suite, je déroule, essaye d’être souple et relâché et tente de profiter un maximum de ceux qui sont avec moi sur le semi car ils n’en ont que pour 21kms. Arrivé au 20ème je regarde autour de moi la couleur des dossards qui m’entourent, ils sont tous blanc, ce qui signifie qu’ils font tous le semi. “Ok dans 200m tu te retrouves tout seul pour finir ton marathon, soit encore 22 kms”. Cette pensée ne m’effraie pas, aujourd'hui elle me ravie même! La course commence maintenant, à moi de jouer solo, avec mon effort, ma solitude, mes pensées et les contractures qui vont gentiment faire leur chemin dans mes jambes. J’ai le fighting spirit, j’ai envie de courir encore plus vite mais je reste dans l’allure, Encore un semi où tout peut arriver. Je passe d’ailleurs ce premier semi marathon en 1h15’56’’. On avait dit autour de 1h16, on est bon! Je rentre sur un concurrent devant, ça me booste. Ceux que je rattrape ne s’accrochent pas longtemps, j’ai donc toute la route à moi tout seul pour cette deuxième moitié. C’est là que j’applique un truc nouveau pour moi, ma foulée “tapis de course”. J’ai remarqué que je pouvais courir sur tapis sans me soucier de ce qu’il se passe autour, me centrer uniquement sur moi, ma foulée et uniquement ça. Et c’est maintenant ce que je reproduis dans ces grandes avenues de San Sebastien ou j’ai toute la place pour moi. C’est reposant, je sens moins les contractures dans mes jambes et je suis efficaces. Je vais poursuivre les séance au chaud sur tapis, elles me permettent de cadencer ma foulée et de l’assouplir tout en la rendant plus efficace. Et en plus je ne cours ni dans le noir, ni dans le froid, ni sous la pluie! J’attaque le décompte à 10kms de la fin, j’ai encore des points de mires à rattraper, je me bats avec ça et des jambes qui commencent à être très raides mais je me suis accommodé de celà depuis plus de 10 kms, j'accepte cette douleur pour mieux l’apprivoiser. Un mec bien énervé me rattrape, grosse allures, ce sera le seul qui me doublera de cette deuxième boucle, il va bien, j’essaye de suivre 200m mais non, ça me met dans le rouge. Je le vois grappiller du terrain mais ne craque pas donc il ne se met pas non plus hors de portée. Ce petit mano à mano me fait passer le temps et chaque minute me rapproche de l’arrivée. Ca passe tellement vite que je voit déjà la dernière petite butte avant la redescente puis le 41ème kilomètre. Là, plus le temps de tergiverser, c’est serrage de dents et en avant! Je ne calcule plus rien, voit l’entrée sur le stade, passe aux 200m et d’un réflexe de pistard je regarde ma montre pour voir si je peux passer sous les 2h32’. 45’’, c’est ce qu’il me reste pour passer sous les 2h32, il ne va pas falloir s’écarter, je sais pour faire assez de séances à cette allure qu’un 200m en 40”, c’est 3’20/km. Je met tout, vois l'arche d’arrivée en 2h31’38’’face à moi, ça va je suis large...euh...ah mais non, en fait ça passe vite ce décompte, chaque seconde semble passer en un rien de temps mais ca passe, je coupe la ligne autour des 2h31’54’’ au chrono officiel, 2h31’51’’ en temps réel. Second semi en 1h15’55’’, 1’’ de mieux que le premier! La délivrance d’un marathon mené de bout en bout, mieux que prévu, sans craquage et au cours duquel j’ai eu la sensation de maîtriser mon sujet. C’est la première foi que je ressent un tel accomplissement après cet effort de 42 kms. On ne peut pas occulter la souffrance lors de tels efforts mais elle ne m’a pas empêché de rester dans ma bulle, mon effort et d’accomplir LA perf que j’étais venu chercher, voir mieux!