Premier gros morceau de l’année pour moi en ce Samedi 27 Mai 2017 avec le Frenchman. Un triathlon au format Ironman qui m’a fait découvrir cette distance il y a 3 ans et sur lequel je revenais avec plaisir et surtout l’envie de mener une course aboutie avec notamment un dernier marathon qui m’a fait défaut à Nice et à Vichy. Lorsque j’ai décidé de faire cet Ironman, je me suis principalement dit que ça me permettrait de faire un bon gros enchaînement et d’appliquer des nouvelles choses afin de régler ce dernier marathon...mais le garçon ne sachant pas faire de dilettantisme, je me suis pris au sérieux à préparer ce dernier au mieux! Rassurez-vous, dans la suite de ce récit, je ne vais pas vous parler que de performance, watts, allure moyenne ou autre. L’Ironman étant un combat contre soi même et les signaux d’alarmes envoyés par le corps, je vais tenter de vous partager ma course vue de l’intérieur. Un peu comme un acteur vous raconterai ce qu’il ressent de l’autre côté de la caméra lorsqu’il joue son rôle.
Avant cela, parlons du contexte. Nous voilà donc à Hourtin le mercredi soir après avoir bouchonné un bon moment à Bordeaux. Le jeudi étant de repos pour moi (sans sport), nous avons pu profiter du marché de la ville, de la piste cyclable de l’avenue du lac qui nous emmenait en toute sécurité de la ville au port, lieu d’arrivée de ce Frenchman. Après avoir récupéré les dossards, avoir notifié que je n’étais pas né en 1968 comme il était inscrit sur la liste des engagés mais bien en 1988 (ça fait drôle de prendre 20 ans d’un coup!), je rentrais tranquillement à la maison loué sur l’avenue du lac avec ma petite famille encore en nombre restreint car le reste de la tribu arrivait en ordre dispersé Vendredi, Samedi puis Dimanche.
Le vendredi matin au réveil, petit footing de 7kms à jeun et je sens des douleurs dans le devant des mollets qui ne m’ont pas lâché depuis presque 2 semaines. Pas rassurant mais ce qui me rassure c’est que quand j’aurais mal partout, cette douleur passera presque inaperçue!! S’ensuit un petit déjeuner avant un tour de vélo qui ‘annonce bien sympa car je suis accompagné de Chris Argouet-Noclain, toujours sympa et de bonne compagnie. En route nous rattrapons un camarade niortais, Loïc, qui “chatouille” les pédales à la veille de son premier Ironman. Après ce petit tour de vélo, j’ai pris le temps de me poser un peu à la maison et refroidir les jambes dans la piscine car la chaleur monte rapidement. Dernier décrassage de la journée à 11h avec une natation en groupe où je suis accompagné des mes collègues TCGistes. L’eau est bonne, ça fait un bien fou de faire trempette, une fois sorti de l’eau s’en est fini des légers efforts, il faudra maintenant attendre Samedi 7h pour se lancer dans le grand bain avec la traversée du lac d’Hourtin en préambule de ce Frenchman. Je vous passe le dépôt du vélo, ça deviendrait presque banale et cette fois-ci je n’ai rien oublié!
Nous y voilà, 7h, sur la plage de Piqueyrot, le départ est imminent et le décompte est amorcé. Un décompte sympathique car on a le compte à rebours toutes les 10 secondes, je trouve ça moins stressant que de d-lancer “Départ 1 minute” puis d’attendre dans le silence ces longues 60 secondes que le coup de feu retentisse. Départ donné, je m’élance pour une première course à pied d’une centaine de mètres car le fond n’est pas assez conséquent pour nager dès l’entrée dans l’eau. une fois parti à nager, pas de bagarre, je pose ma nage et m’applique à raser les bouées en les laissant sur ma gauche. Le parcours étant en ligne droite, je m’obstine à tenter d’aller au plus court et cibler ces bouées pour faire le moins de chemin possible. Mais voilà, je suis tout seul, ce choix ne semble pas être le bon car les packs qui se forment sont 5 à 10 m sur ma droite et je ne profite donc d’aucune aspiration ou vague des autres concurrents. Je m’efforce de ne pas y penser et de rester concentré sur ma nage, bien appliqué. En arrivant près du port, les traces se resserrent et je me rend compte que je nage beaucoup plus dans la facilité entouré des autres et passe même devant quelques nageurs pour revenir sur un groupe qui nous précédait avant l’entrée dans le port. C’est signe que je ne suis pas entamé de ces 4000 premiers mètres de natation, place au vélo!
Je pars sur mon rythme et essayant de ne pas m’enflammer dans cette première ligne droite qui nous mène en direction d’Hourtin. Les jambes vont bien même si je les sens un peu raides au bout de quelques dizaines de minutes. Certainement à cause de la position constamment assis sans relancer qu’il faut adopter pour rouler à 40km/h en prenant un minimum de vent. L’écart avec les premiers reste quasiment identique à la fin du premier tour. Je me dis alors que le niveau avec les premiers est le même que le mien à vélo ou alors ils sont partis sur un tempo trop élevé pour ces 180kms. Heureusement c’est la deuxième hypothèse qui s’est avéré correcte et j’ai ensuite repris du temps régulièrement dans le second des 3 tours pour finir de faire de gros écarts dans le 3ème. Un seul homme semblait ne pas s’éteindre aussi vite que les autres, il s’agissait de Boris mon camarade de club qui faisait très bonne impression et ne me surprenait pas vu sa grosse préparation pour cette événement et ses qualités de triathlète qui ont fait leur preuve par le passé. J’avais réglé mon compteur pour bipper tous les 10kms afin de me rappeler de manger un bout. Bien m’en a pris car au fil du temps, on perd tellement la notion du temps que j’ai souvent été surpris d’entendre ce bip et surtout il m’a fallu forcer ma nature pour manger ces bouts qui passaient de moins en moins bien! A la dépose du vélo, je suis en bonne position et satisfait d’être là dans la course avec une perspective de passer sous les 9h très concrète si je reste concentré et fort tout au long du marathon.
Les premiers pas sont très durs, je sens que ça ne déroule pas forcément très bien et surtout je n’arrive pas à respirer. La chaleur, les fessiers qui ont pas mal travaillé déjà et le ventre qui doit gérer l’alimentation afin d’apporter assez d’énergie aux muscles, tout celà semble prendre une claque lorsque l’on change de discipline et il me faudra plus de la moitié du premier tour pour sentir une légère amélioration. Mais je sais que la suite n’ira pas en s’arrangeant alors je reste concentré et surtout motivé à me battre et ne rien lâcher car c’est sur ce dernier point qu’un Ironman peut passer de réussi à complètement raté. La tête et donc au combat, mais contre qui? Non pas contre Boris, un peu contre le 3ème qui rentre fort (avec un marathon final en moins de 3h), mais surtout contre moi-même pour continuer d’avancer sans laisser ces jambes meurtries qui ne souhaitent qu’une chose, c’est de marcher et qui n’auront le droit à ça qu’une fois la ligne d’arrivée franchie. J’attaque le 3ème tour avec des faiblesses passagères qui me permettent de me rendre compte que je n’ai peut être pas pris de gel depuis un moment (plus aucune notion du temps). J’avale gommes et gels, non plus à intervalles régulières mais quand je le peux, quand mon ventre n’est pas en crise et quand je sens que l’énergie qui me fuit pourrait faire basculer la course du mauvais côté. Le 4ème tour est synonyme de délivrance. On passe pour la dernière fois sur les lieux du crime. Chaque endroit où l’on passe est scruté et j’ai presque envie d’être triste de dire au revoir à ce bel endroit qui m’a tant fait souffrir le corps mais au fond fait passer un moment d’exploration de mes limites assez hors du commun et surtout dont j’en suis sorti vainqueur car je n’ai pas baissé les bras. Une fois arrivé à la bifurcation de l’île de la banane pour rallier l’arrivée, j’ai dû dire au moins 3 fois au signaleur que je tournait à droite pour la prendre tellement j’étais heureux d’en terminer! La partie sablonneuse me ralentit mais me fait aussi du bien, c’est doux, ça change du bitume qui me martyrise les muscles depuis au moins 3h maintenant! Le dernier virage est en vue, j’explose de joie, je vois le chrono qui affiche 8h44, je vois tout ce public qui m’attend depuis l’arrivée du premier, je me dis qu’il faut lui rendre ce qu’il m’a donné en m'acclamant à chaque passage, je joue des bras pour partager ma joie avec eux, je pense fort à Vincent en levant la tête au ciel et voilà que la marche que je n’ai pas vue me fait trébucher avant d’enfin pouvoir prendre cette banderole d’arrivée pour prendre la 2ème place et MARCHER!
La suite est moins glorieuse, allez faire monter 2 étages par escalier à un gars qui vient de finir un Ironman et vous aurez compris que j’ai effectué une sorte de chemin de croix pour aller à l’endroit où se trouvait le contrôle antidopage! La tête tournait mais j’ai pu me réhydrater correctement puis profiter de l’ambiance et de mes proches à mon retour sur la finish line.
La suite du week end passa par un dimanche au soleil à encourager le frangin qui découvrait la discipline de la plus belle des manières puis son fils qui découvrait lui aussi le sport par l’Ironkids l’après-midi.
Benjamin Sanson et toute son équipe ont pensé à tout pour régaler les familles avec tous ces formats, c’est très appréciable de partager avec ses proches tantôt spectateur, tantôt dans la course.
Bon je crois que j’ai établis un record de longueur pour ce CR mais il ne pouvait pas en être autant pour mon nouveau record Ironman!