L'aventure s'arrète là. Il était temps car mon corps ne voulait plus encaisser les chocs à répétition de la course à pied. Voilà plus d'un an qu'on s'était mis en tête de tenter cette course. Oui "on" car le pacte de "pratique du sport à outrance" que j'ai passé avec ma compagne prenait fin au soir de ce 10 Octobre. Il aurait pu prendre fin bien plus tôt, lorsqu'on a su qu'on serait 3 en 2015 avec l'arrivée de notre petit Tom. Mais l'assurance de Clémence à assumer les 3/4 du boulot pour me laisser tenter ma chance de venir à Kona est bien plus courageuse que ce que j'ai dû mettre en oeuvre pour terminer ce dernier Ironman. Le plus beau sur le papier certainement, mais aussi le moins fort pour moi émotionnellement car je m'attendais à ce qu'il s'est passé et c'est exactement ce que je redoutais. Il n'y a plus de notion "d'effort" lorsque l'on doit marcher sur 23kms d'un marathon. On a le temps de se demander si c'est ça être un Ironman ou si ce n'est pas essayer de faire bonne figure pour aller chercher sa médaille. J'aurais atteint la moitié de mes ambitions qui étaient de venir ici puis essayer d'y faire une course à mon plein potentiel. Ce demi échec (ou cette demi réussite) ne me donne en aucun cas un goût de revanche ou d'inachevé. Ce n'est pas un moteur à ma motivation pour me donner envie de revenir ici et tenter le 50% restant. La page se tourne, le héros de l'histoire a été touché mais n'est pas mort et il repart avec femme et enfant pour soigner ses blessures (une mega ampoule de 7*3cm sous le pied gauche entre autre) et pour passer d'autres bons moments en famille (comme ici avec mes parents) sans qu'ils ne soient conditionnés forcément avec des moments de "récup" ou "affutage" ou "compèt dans un joli coin de la france ou du monde"...J'ai 1/4 du boulot a rattraper pour assurer en mode "papa". Ma super nouvelle aventure a déjà démarrée de ce coté là! De nouveaux chapitres vont s'intituler "Tom fait ses dents", "Tom marche", "Tom parle" et "Tom fait du vélo" ;) et ils seront bien trop longs à écrire pour loger dans une news ici!
Bon ça c'était l'intro (et oui désolé...)
Je vais vous raconter un peu cet IM Kona maintenant! Après un petit dej à 3h du matin, un re-dodo et un reveil vers 4h45, nous voilà partis en direction du départ avec mon père pour qu'il m'y dépose. Marquage des athlètes pour avoir un tatouage de son numéro de dossard puis pesée surprise! Ensuite le temps fut un peu long jusqu'au départ à 6:55. Apres le départ des femmes, nous pouvions nous mettre dans l'eau donc j'y vais, direction la ligne de départ où un concurrent me demande combien de temps il reste avant le départ...ah oui 17minutes quand même à rester statique dans l'eau ça va être long mais tant pis elle n'est pas froide comme à l'alpe d'huez c'est déjà ça! Départ horrible, je n'ai jamais eu trop peur avant ça dans l'eau mais là j'étais pas fier c'était un peu des sauvages et "crac" mon nez (c'est le bruit que ça à fait) suite à un coup de coude là où ça fait mal. On continue, la douleur n'est pas fulgurente et ne m'empèche pas de nager ou respirer. J'arrive au demi tour en 31' environ je sortirais en 1h09, faire le tour du gros bateau et revenir m'aura pris un peu plus de temps. Dans la tente pour se changer c'est un beau bordel. Je trouve un coin, ôte la trifonction du TCG (qui est par dessus le cuissard triathlon) pour enfiler le maillot. Je peux partir à vélo après m'être frayé un chemin entre les futurs Ironmen, tous plus pressés les uns que les autres d'aller prendre leur vélo. C'est parti pour 180km, comme souvent c'est grisant de monter sur son vélo et de voir la vitesse monter en flèche, on a l'impression de flotter après la natation. Je double Yann Rocheteau au bout d'une dizaine de kilomètre, l'encourage et il me répond "à tout à l'heure"... Je me suis dit qu'il avait dû lire quelques unes de mes news et savait que le marathon allait fortement ralentir mon avancée vers la finish line. Sur la queen K (genre d'autoroute au milieu des champs de lave) ca roule bien au début mais le vent nous arrète vite au bout de 35kms. Ce n'est que vers le 70eme qu'on tourne vers des routes moins exposés mais plus en montagnes russes. Je préfère ça et me sens super bien par rapport aux autres sur cette portion. Apres une averse bienvenue à Hawi vu la Chaleur (38 degrés au max sur le vélo) demi tour direction vers Kona. Le vent nous revient rapidement et de 3/4 face histoire qu'on ne l'ai jamais réellement dans le dos de la journée!! Après avoir déposé mon vélo, enfilé mes manchons me voilà parti. Je cours! À 14km/h sans chercher à forcer l'allure! Tout le contraire des sensations que j'avais eues à Nice. Et voila que je me reprend à rêver d'une guérison! Je passe devant la résidence et fais des signes au loin à ma famille car je les vois me chercher. Ça fait du bien de les voir alors que je suis dans un état de fraicheur encore super. Quelques minutes plus tard je vois Lionel Roye 300m devant. Je me dis que si je rentre ça doit vraiment être un gros tempo que je mets. Par contre l'espoir de rentrer va vite s'éteindre et laisser place à l'espoir de continuer de courir et enfin l'espoir d'aller au bout avant la nuit car mon genou devient raide puis douloureux pour enfin ne plus supporter un seul impact au sol, ce qui m'oblige à marcher si je veux terminer. C'est long, pénible et j'essaye de ne penser à rien car ça me donnerait des raisons d'abandonner à chaque ravito. Ca devient même difficile de marcher tellement le nerf a gonflé mais je terminerais quand même, en plus de 11h. Le voilà mon épilogue avec comme morale que rien n'est jamais acquis malgré le passif qu'on peut avoir mais que rien n'est jamais perdu lorsqu'on cherche à aller au bout de ses ambitions même si on doit revoir ses objectifs à la baisse par la force des choses.