Actus |
26/02/2025
posté à 06:20
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L'objectif de ce début d'année ne se passait pas dans l'eau ou sur un vélo mais avec des chaussures aux pieds. Le marathon de Séville était coché dans l'agenda depuis un moment car on s'en était fait un objectif commun avec une bonne dizaine de membres de la team GMG.
La date correspondant au début des vacances de février, c'était l'occasion idéale pour aller découvrir cette ville en famille. L'objectif était de passer sous les 2h25, ce qui correspondrait à mon record sur la distance. Avec une prépa sans anicroches, j'ai pu vraiment m'amuser et accumuler pas mal de kilomètres à pied. En passant par une belle derniere compétition test sur la corrida de Magné et un nouveau temps référence de 30'28 sur 10kms.
Un stage de 3 jours avec la team à Bugeat (Corrèze) a permis de faire un gros bloc focus CAP et revenir plus fort mentalement et physiquement. Imaginez les miracles qu'on pourrait faire en 3 semaine de stage là bas (detox numérique comprise par contre! 😅).
Nous y voilà donc, décollage à J-3 pour profiter tranquillement des lieux pour les derniers footing réalisés le frein à main tiré au maximum pour préserver les jambes qui attendent ça depuis 10 jours d'affûtage. Le matin du marathon, le réveil ne sonne pas, et pour cause, je suis réveillé avant qu'il puisse chanter. Je vais au départ en footing tranquille, quelques accélérations et direction le sas -2h45. J'avais peur qu'il soit pris d'assaut très tôt donc j'y rentre 40' à l'avance. J'y voit Julien Mijoin, copain de la team et on se retrouve très à l'aise dans ce sas pas encore surpeuplé.
Top départ sur une grande avenue, peu de bousculades, ça déroule. J'ose parfois lever le pied quand mon groupe s'excite trop près des 3'20/km mais je reviens à chaque fois sur cette première boucle de 10kms tout en gardant mon allure cible autour de 3'25. Le second 10kms va passer aussi vite que le premier. Je veux absolument ne pas être au combat sur cette première moitié de marathon. La gestion me permet aussi d'assouplir ma foulée en augmentant la cadence quand je ressens des petites lourdeurs musculaires qui viennent me saluer vers le 17eme. Je sais que ces petites alertes ne sont que les prémices de ce qui m'attend par la suite. Passage du semi en 1h12, je suis dans les temps, ni large ni trop juste. J'ai le sentiment de pouvoir faire un second semi au moins aussi vite que le premier mais le doute reste dans l'évolution des douleurs aux cuisses qui vont inexorablement augmenter. 25eme, mon groupe "Manon Trapp" accélère trop franchement, je lève donc le pied sans chercher à m'y accrocher car la foulée devient compliquée et saccadée lorsque j'accélère. Musculairement je m'approche du moment de bascule. Celui où je n'aurais plus ma foulée habituelle et où il faudra switcher au mental pour être capable de détruire les cuisses dans le plus grand calme si je veux continuer d'avancer sans baisser pavillon. Melody Julien et son pacer sont en embuscade derrière le groupe "Manon Trapp" et j'en profite pour courir avec eux. L'allure est gérable et on semble rester au contact à 20/30m du groupe qui à repris une allure plus calme après son coup de sang. Autour du 30eme je revois les miens. Les jambes sont dans un état de brasier intérieur mais j'ai la banane de les voir, j'envoie un grand coucou et leur sourit, la journée est belle ☀️. Je reste avec Melody Julien encore quelques kilomètres mais elle montre des signes de faiblesse, je l'encourage par moments tout comme son pacer mais lors d'un ravitaillement elle semble accuser le coup. 35eme, il est temps de prendre mes responsabilités, je ne m'occupe plus de personne, la route est droit devant, je pars en mission. Mission sauvetage surtout car les jambes font ce qu'elles peuvent, je vois que le 3'25/km devient extrêmement compliqué à garder, j'ai l'impression de sprinter avec des jambes qui ont pris 10kgs chacune. L'approche de la ligne passe par le centre et ses rails de tram, le truc le plus horrible pour un mec plus lucide du tout, mais le public massé ici fait du bien pour ne rien lâcher. Les espagnols sont quand même très motivés pour soutenir ce genre d'événement. Après Valence, j'ai adoré cette ambiance à Seville, viva España! Dernier kilomètre, mais où est cette ligne d'arrivée ? Je vois un grand virage au loin et espère de toutes mes forces qu'il ne reste pas 500m après celui-ci, je suis sur un fil tranchant, à chaque foulée je risque que la suivante ne se déclenche pas. Le virage est en fait un méga rond point mais en virant à gauche je vois enfin cette ligne avec l'enchaînement de 3 arches. Bordel! Pourquoi 3 arches, fausse joie de passer sous une arche sans y arriver, il faut bien-sûr aller chercher la dernière, pas trop loin heureusement. Je vois surtout le chrono qui passe tout juste les 2h24 lorsque j'attaque cette ligne d'arrivée. Relâchement intérieur, c'est bon, je l'ai! Ça fera moins de 2h25, quel bonheur d'en finir sous un tel chrono. Ces émotions sont rares, j'en profite. J'ai été au bout de moi même avec des armes forgées depuis des années aux côtés de Guy-Marie, mon coach. J'ai l'impression aujourd'hui de cueillir les fruits du travail mais aussi de mon évolution personnelle dans ce sport. C'est comme tout le monde un hobbie, un style de vie. Le recul que je peux prendre par rapport à ça et grâce à ma petite famille qui me rappelle à notre vie à 4 me permet de profiter et de parfois transformer la rage de vaincre par de la joie de vivre et la chance d'être là où je suis. J'ai appris que tous les vainqueurs ne passent pas la ligne en premier.
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18/08/2024
posté à 16:47
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Pour terminer le menu gargantuesque de cette année montagneuse, j’avais au programme pas moins de 3 triathlons (très) vallonnés avec le Triathlon des Pyrénées, celui de l’Alpe d’huez avant de finir à l’Embrunman.
J’accrochais la victoire sur le très chouette tri des Pyrénées en guise de remise en route post Alpsman. Je me suis alors élancé sur le triathlon de l’Alpe d’Huez assez confiant et en ayant dans la tête qu’il me servirait de préparer l’Embrunman sans que cet avant dernier triathlon ne soit une finalité en soit. Le bilan fut beaucoup plus mitigé avec une natation très moyenne, un vélo plutôt bien géré mais sans plus et une course à pied là encore moyenne, “moyen-bien” je dirais qui me positionnait à la 21ème place. Pas un signe de grande forme sur cette course qui ne pardonne pas car d’un niveau très relevé avec de nombreux professionnels spécialistes et habitués à cette épreuve.
C’est donc gonflé de motivation que je me lançais dans la préparation montagneuse de l’Embrunman en restant en vacances familiales à côté de Briançon. J’alternais donc les sorties vélo avec les randos, les courses à pied avec les natations accompagnés accompagné de ma petite famille. Le coup de pédale de montagne devenait meilleur et me rassurait en vue de l’Embrunman. Une alerte à la cheville s’est faite sentir à 10 jours de la course. Ce qui n’est jamais très rassurant mais il est compliqué de savoir si c’est une alerte totalement physique ou si le corps se tendant à l’approche de l’événement nous joue des tours. J’ai donc réduit les sorties CAP et n’ai pas pu réellement terminer les séances sur ces 10 derniers jours. Normalement rien de grave si le jour J la douleur ne se faisait pas ressentir.
Le jour J justement, nous y voilà. Jeudi 15 Août, 6h, je suis placé en première ligne à attendre le coup de pistolet du départ. Je ne pense plus à 10’ avant, lorsque j’avais envie d’aller aux toilettes mais que celles-ci étant trop peu nombreuses dans le parc à vélo et avec interdiction de sortir du parc (on semblait être en prison), je n’ai pas pu satisfaire mon besoin naturel. Après avoir fait appel à ma mémoire, j’ai le souvenir qu’en 2017 la situation avait été la même, une envie dans la dernière heure avant le départ et l'impossibilité d’aller aux toilettes si je voulais prendre le départ à l’heure et surtout sans partir au fond de ce peloton de 1000 concurrents. Vous l’aurez compris, à Embrun, la course semble être la reine et les concurrents n’en sont que des sujets qui doivent subir ses spécificités et habitudes vieilles de 40 ans qui n’ont pas ou très peu évoluées…
Départ : c’est parti pour 3.8kms de natation avec le premier quart d’heure dans le noir. Ca tombe bien il n’y a rien à voir, juste se déplacer jusqu’aux bouées 1,2,3,4,5,6,7 et 8 qui jalonnent le tour à parcourir 2 fois sur ce plan d’eau d’Embrun. Je ne suis pas réellement gêné, j’arrive à vite poser ma nage mais j’ai le sentiment qu’il y a du monde devant quand même. Pas manqué, je sortirais autour de la 30ème place. C’est correct quand même car j’ai parcouru ces 3800m en 55’. Sortie de l’eau rapide, je prends cette fois le temps de mettre des chaussettes Triloop dans lesquelles je me sens bien, c’est important car je vais passer le reste de la journée dans celles-ci!
Départ vélo : pris à la gorge d’entrée avec une montée de 6kms jusqu’à Puy Sanières. C’est là que nous logions depuis 2 semaines et je sais que mes proches m’y attendent pour m’encourager. Je gère cette première montée, ce qui n’est pas le cas de tout le monde car je me fais déposer par certains imprudents ou simplement plus forts. La route est longue et ce que j’apprécie sur cette course c’est d’être seul au monde, dans ma bulle, sur ces routes magnifiques. Je passe devant notre logement, fait un coucou de loin pour leur signaler que j’arrive, ils sont déchaînés et j’ai envie de leur renvoyer leur énergie. S’ensuit cette première boucle de 40kms pour revenir à côté du plan d’eau puis repartir vers l’Izoard. Mais avant cet Izoard, la vallée du Guil que nous devons remonter est compliquée à gérer. Un long faux plat montant qui pourrait se monter en force pour gagner du temps…qui serait ensuite perdu dans l’Izoard si on s’y est mis les jambes en croix. je tente de gérer tout en gardant du rythme en espérant que le pied de l’Izoard arrive au plus vite. Le pied de l’Izoard est lui aussi spécial car une suite de petites montées/descentes qui ne permettent pas de démarrer un effort de seuil constant. Quand arrive enfin Arvieux, on y est enfin. Le cerveau peut enfin être débranché et la concentration sur mon effort prend le dessus. J’affectionne cet effort, je reprends même des concurrents ce qui booste le mental. J’aurais fait une bonne montée de cet Izoard, un beau combat sans toutefois être au bout de mes forces à aucun moment. Arrivé en haut j’entends mes proches et amis donner de la voix. C’est la délivrance, la reconnexion avec le monde Petit stop pour récupérer bidons et ravitos et c’est parti pour se jeter dans cette descente rapide mais technique en son début. Le suite se fait correctement avec le passage à Briançon, puis la côte de Pallon toujours aussi raide et enfin le retour sur Embrun. Mais voilà, arrivé à Embrun on ne rentre pas directement au parc, direction Chalvet et sa côté de 6kms qui surplombe la ville avant de redescendre vers T2. Je sens dans cette côte que les jambes ne sont plus fraîches du tout. Je n’arrive plus à prendre un rythme et la puissance qui me convient. Je monte comme je peux puis redescend rapidement, assez pour reprendre Victor Lemasson qui m’avait pourtant déposé quelques kilomètres plus tôt dans la bosse.
La course à pied : je pars en me disant deux choses. La première est “si je ne peux pas courir, je ne serais pas vexé, j’ai un peu mal aux jambes”. La seconde, plus positive “Plus qu’un grand footing sans mettre trop de vitesse et tu seras finisher, j’espère que le corps tiendra”. Les premiers pas me font positiver. Je peux dérouler la foulée, je fais attention à bien rester souple, j’évite de partir trop vite mais suite autour de 4’15/km, allure que je sens pouvoir tenir très longtemps dans ces conditions. Mais voilà qu’au bout de 8kms, mon ventre me rappelle que j’ai transporté avec moi un supplément depuis plus de 7h et les chocs répétitifs au sol ne lui plaisent pas. Je m'arrête donc en urgence puis repars de plus belle, bien plus à l’aise. Fin du 1er tour, je suis en promenade à 4’15/km, tout va bien. Pourtant l’énergie commence à se mettre en mode ON/OFF. J’ai besoin de m’arrêter quelque temps au ravito pour marcher, le ventre commence à me tordre en deux et me crisper. A partir de ce moment-là, la course n’est plus qu’un long chemin de croix pour rallier l’arrivée. Je me répète que si je termine c’est déjà bien alors que je ne me voyais pas courir un tour avec ma douleur à la cheville les jours avant la course.
Je termine donc pour mes proches, pour moi, pour boucler la saison de montagne sur autre chose qu’un DNF et en pensant à mes fils qui auraient été terriblement déçus de ne pas me voir terminer.
Pour les triathlètes, allez à Embrun pour les paysages magnifiques mais n’y allez pas pour le confort et le partage avec vos proches avant la course car vous êtes parqués sans pouvoir ne serait-ce que sortir du parc à vélo.
Pour les spectateurs, allez à Embrun pour l’ambiance générale et les paysages magnifiques mais n’y aller pas pour le partage d’avant course ET SURTOUT S’IL VOUS PLAÎT : n’y allez pas pour suivre votre coureur, le doubler puis vous garer 50 fois sur le parcours vélo pour l’encourager ou lui donner de l’eau. Ni pour courir à côté de lui pour lui donner de l’allant. A la limite prenez un dossard et faites tout le parcours avec lui… J’en ai tellement vu. Ces gens ne comprennent pas ce qu’est un Ironman. On ne tient pas la main à son athlète pour qu’il aille au bout, on l’encourage à l’occasion mais c’est SON AFFAIRE, SON COMBAT. L’assistance extérieure n’est pas autorisée et devrait être bien plus contrôlée. Mais le MYTHE ferme les yeux sur bien des choses à ne regarder que son nombril.
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11/06/2024
posté à 14:57
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Après une année 2023 “Flat, Fast and French”, l’objectif de cette année 2024 était de prendre la direction des montagnes, pour “kiffer” mais aussi pour montrer que je suis capable d‘être assez complet pour performer sur deux Ironman extrêmement opposés tels que le Frenchman (totalement plat) et l’Alpsman (ultra montagneux). Tout ça à un an d’intervalle seulement l’un de l’autre. Ça ne permettait pas une très longue mutation de rouleur à grimpeur pour mes petites jambes!
Place à la montagne donc, avec pour cette année un objectif majeur, sur lequel j’espère jouer les premiers rôles : l’Alpsman Xtrem Triathlon. Un menu des plus copieux avec une natation de 3800m depuis le milieu du Lac d’Annecy vers la plage de Saint Jorioz. Un parcours vélo de 180 kms qui nous emmène dans les montagnes pour un dénivelé positif de 4000m. Et enfin un marathon à terminer “comme on peut” car se concluant par 17 kms de montée pour atteindre le haut de la montagne après avoir englouti les 1400m de dénivelé positif nécessaires pour obtenir le statut de “Top finisher”.
Pour atteindre mon objectif, j’ai mis en place un programme de course allégé et décalé sur cette première partie d’année. J’ai donc dû renoncer à certaines courses de cœur telles que Lacanau, Carcans, mais j’ai pu découvrir de nouveaux spots pour pratiquer le triathlon avec Thouars début Mai et Châtelaillon où je voulais me tester à 15 jours de l’Alpsman. Malheureusement, j’ai dû abandonner sur ce dernier car ayant cassé ma fixation de prolongateurs au 35ème kilomètre vélo. Le problème a été résolu rapidement avec changement de prolongateurs express 6 jours avant l’Alpsman. Un grand merci à Culture vélo, Fred et toute l’équipe, ainsi qu’à Benoît qui a suivi avec moi ce fichu colis en train de voyager dans toute l’Europe! Je ne me présentais donc pas avec une totale confiance car n’ayant pas pu en faire le plein sur les compétitions de préparation mais avec un entraînement solide au cours du mois de Mai au cours duquel j’ai pu passer quelques jours du côté d’Annecy avec ma famille et celle de Félix qui sera mon accompagnant désigné sur la dernière montée du Semnoz à pied. Il est un grand amateur de trail et je suis à peu près son exact opposé. Il a donc accepté avec grand plaisir l’opportunité de me faire souffrir dans cette montée, mais surtout de partager ce moment hors du commun que nous avons vécu pour tenter d’aller (beaucoup) plus vite que lors de l’édition 2018 (spoiler alert : j’ai explosé mon temps de montée de 2018, MERCI FELIX!).
Veille de course, dépôt du vélo et du matériel. Je regonfle mes boyaux et vérifie deux fois chaque serrage de valve. Le temps de descendre à Saint Jorioz en vélo, de prendre le dossard et faire une interview, le boyaux s’était dégonflé. Le stress!!! Mon père, présent sur place, regonfla et resserra la valve, on fera un check le lendemain matin avec une roue de rechange pas très loin si besoin. Repas, dodo, demain il y a course.
3h du matin, au bout d’une très courte nuit le réveil sonne, la mécanique est rodée maintenant, Gatosport, Crème, thé chaud et c’est parti. Dans le parc à vélo : RAS, le boyaux ne s’est pas dégonflé, tant mieux. Place à la course mais avant un peu d’attente sur les eaux claires du lac d’Annecy s’impose.
Il est 4h20 : c’est parti, embarquez avec moi à bord du Libellule.
En montant dans la bâteau : SURPRISE! Les tables et chaises ont été poussées sur les côtés et une grande bâche transparente à été posée à même le sol pour que nous nous y installions. Le confort est rudimentaire, l’ambiance devient plus sérieuse. Pour m’éviter 1h à croiser des regards parfois terrorisés, je ferme les yeux et pense à la journée qui m’attend. Après tout le programme est assez sympa, faire ce que j’aime dans un cadre somptueux. J’arrive à me sentir plutôt bien, serein et en même temps prêt à aller au départ. Je repousse au maximum le moment où je mets la combinaison pour ne pas étouffer dans le bâteau, un dernier regard dehors sur le jour qui se lève puis je saute. L’eau n’est pas froide, je nage jusqu’à la porte de départ et me positionne en première ligne. Je n’entends pas la corne de brume mais je vois que ça part à gauche, alors j’y vais. Je pars sur un bon rythme pour sortir du pack, un groupe se forme très vite derrière un nageur solo qui nous lâche inexorablement, tenter de le suivre ne serait pas une bonne idée. Je fais donc la partie natation dans ce groupe, appliqué sur les coups de bras, la direction à prendre et en essayant de compter le nombre de laps de 200m qu’a fait ma montre pour avoir une idée d’où nous en étions (je n’ai pas réussi bien longtemps). Lorsque nous revoyons ce bon vieux Libellule accosté à l’embarcadère de Saint Jorioz, je sais qu’il ne reste pas plus de 800/1000m avant la sortie de l’eau. Certains accélèrent un peu pour marquer la fin, je les suis en restant dans les pieds sans chercher à sprinter pour sortir 2ème, la course est encore très longue.
Transition rapide et je saute sur mon vélo, en 3ème position, après que Théo Debard ait fait une transition express. Je sais qu’il appuie très fort à vélo, il part sur une allure beaucoup trop élevée pour moi et sur Ironman surtout. J’essaye de ne pas y penser pour rester dans ma course et ne pas rentrer dans une bagarre trop prématurément. La première montée vers le Semnoz se dresse devant nous dès la sortie du parc à vélo. Les jambes sont très moyennes, je suis dans la puissance cible mais je sens que ce n’est pas la sensation de facilité qui m’habitait en 2018 lors de mon précédent Xtrem de l’Alpsman. Je double le concurrent sorti en tête de l’eau et le félicite pour sa natation. J’ai la moto caméra à côté de moi, la voiture ouvreuse devant, ce qui m’étonne car je sais que Théo est sorti avant moi du parc et parti comme une fusée. Mais voilà qu’au bout de 15kms j'entend quelqu’un revenir, c’est Théo! Il a fait un tout droit et a dû faire demi tour pour revenir sur le parcours, j’étais donc en tête avant ça. Il va trop vite dans la montée sans pour autant me prendre beaucoup de terrain, chacun à notre rythme nous gérons au mieux pour garder de la place pour le dessert corsé de cette épreuve. En haut du Semnoz, j’aperçois quelques lacets plus bas la trifonction rouge de Thomas Lemaitre, triple vainqueur de l’épreuve et grand favori car invaincu ici. Le match est lancé, ça me semble être un podium plutôt cohérent qui tient la barre à l’avant. Mais voilà un temps faible qui arrive pour moi, dans la descente du Semnoz, j’ai un coup de moins bien, les bras qui deviennent faibles, le ventre qui me fait mal, un mal de tête qui s’installe. J’essaye de canaliser le peu de force encore présent pour rester lucide dans la descente mais le bilan est très moyen, seulement 30kms de fait à vélo et je suis dans un mauvais état. Je me demande comment je vais pouvoir aller au bout, les pensées noires me pourchassent. Je pense ne plus avoir ce qu’il faut pour me faire mal sur cette épreuve, ça arrive d’être moins bien à vélo, si tu es malade autant abandonner… Impossible, j’ai embarqué Félix dans l’aventure, il n’a pas traversé la France pour me voir mettre le clignotant. Alors j’avance, dans ma bulle chaque kilomètre parcouru semble m’éloigner de ces pensées et des douleurs perçues durant la partie Semnoz à vélo. La montée vers Plainpalais me fait du bien, ça semble aller mieux, la pluie fait alors son apparition. Je prends un petit coup au moral car celà signifie plus de danger dans les descentes et moins de vitesse également. La troisième montée vers Aillon le Jeune est quant à elle plus roulante, c’est là que je me rends compte que les jambes se sont débloquées, j’arrive à emmener du bon braquet et être dans les watts avec de bonnes sensations, reste à refaire ce tour (Plainpalais-Aillon Le Jeune) et le vélo sera presque terminé. Fin de la première boucle, je m’arrête au ravitaillement perso remplacer mes deux bidons vides par deux pleins. Ca cafouille, ça m’énerve mais je me rends compte dans l’énervement que l’énergie est là, le moral est remonté et les jambes sont maintenant dispo et prêtes à envoyer. Cette deuxième boucle se passera bien, les concurrents du Half parti à 9h30 nous y ont rejoints, je ne fais que doubler, ça occupe pas mal la tête et la concentration pour éviter de penser à la solitude d’un Ironman sur lequel je n’aurais pas vu grand monde du format Xtrem. Sur le retour vélo, passé le 160ème kilomètre, les jambes commencent à n’en plus pouvoir, j’appuie comme je peux mais le Garmin ne ment pas, les watts ne montent plus. J’ai beau me battre c’est très compliqué de faire les montées dans la cible. Je ne réfléchis plus, j’avance vers la descente salvatrice du 170ème kilomètre qui doit me permettre de refaire un peu surface avant le marathon.
Fin du vélo, enfin, c’était long et pas le meilleur vélo que j’ai pu faire en termes de sensations, ni de météo. j’enfile les chaussettes, baskets, casquette, lunettes, ravito et c’est parti.
Les premières foulées sont grisantes, j’ai la foulée légère, la respiration est fluide, le haut du corps relâché et les fessiers qui m’avaient fait souffrir en 2018 après le vélo sont totalement opérationnels. Je garde en tête que c’est long un marathon alors je prends un rythme gérable sur du long autour de 4’10-4’15/km. Seul le ventre me fait douter, il est raide et douloureux. Je force la respiration pour l’assouplir puis me concentre sur ma technique de course et rien d’autre, ce qui me permet d’oublier cette douleur assez efficacement. Passage au ravitaillement du 6ème kilomètre, je sors mon gobelet souple pour me faire servir un coca et ça repart. A noter que l’organisation a supprimé tous les gobelets des ravitaillements, c’est une excellente chose, chaque concurrent doit donc s’arrêter remplir son gobelet et repartir sans rien jeter. Ça évite un bon millier de déchets tout en préservant l’équité de la course. C’est une nouvelle règle à instaurer si on veut pouvoir pratiquer notre passion dans un environnement préservé. Fin de la parenthèse. Je termine ce premier tour de 8kms requinqué. Plus de douleur au ventre, les jambes sont encore meilleures qu’au départ du marathon et l’ambiance est top. On m’annonce que Théo n'est vraiment pas loin et que je suis revenu très vite dessus. Je croise Alain qui est en feu et me dit que c’est tout bon car je suis presque rentré en un tour seulement. En effet, je double Théo dès le départ de cette seconde boucle. Au milieu du 2ème tour le ventre me rappelle à l’ordre mais cette fois pour un besoin naturel. Je profite du ravitaillement pour remplir mon gobelet ET vider mon ventre puis ça repart. Ce deuxième tour se déroule vraiment bien, je poursuis mon chemin, concentré et en toute confiance. Le 3ème sonne le dernier tour au bord du lac, à chaque passage du parcours, je sais que je n’y repasserais pas et que je serais bientôt accompagné, ça donne une motivation supplémentaire. La gravité terrestre commence malgré tout à me rappeler à la réalité. Les rebonds sont un peu moins légers, j’avance quand même sur la vitesse de croisière de 4’15/km. Je change de chaussures et prend le sac de trail pour l’hydratation dans la montée et c’est parti direction la cloche que je sonne…ah bah non, premier coup de cloche raté, je m’amuse à m’acharner dessus pour qu’elle sonne et manque de la faire basculer. J’ai le sentiment que l’histoire se répète, la cloche sonnée en tête, la montagne face à moi. Je me donne 50% de chance à peine de changer la fin de l’histoire tellement la fatigue est présente. je me bat pour courir avec Félix à côté de moi alors que nous ne sommes encore que dans le faux plat montant sur la route. Les muscles doivent s’habituer à la montée me dit-il, ce qui est vrai et qui me permet de me projeter un peu en avant, positiver. Nous attaquons enfin les premières vraies pentes, Félix ne fait que de m’encourager, me soutenir pour me sortir de ma zone de souffrance. Et là, énorme surprise, il me dit “Lève la tête, regarde ils sont là”...Il avait placé une pancarte de la team des 6garillos que nous avions formée au T24 il y a un an tout pile. Ça me fait vaciller émotionnellement et me donne en même temps un regain de rage et d’envie. Je ne pense pas lui avoir répondu quelque chose, je n’arrivait pas à parler à ce moment-là, un peu chamboulé par cette émotion positive. Il ajoute ensuite “Ils vont tous être avec toi tout au long de la montée”. C’est une énorme attention qu’il a mise en place, je n’aurais pas pu trouver meilleur accompagnant et je le savais avant même le départ de la course. Les parties raides me permettent parfois de marcher, récupérer un peu, et repartir en courant. Mais j’ai aussi des temps très faibles où la tête se met à tourner, l’énergie est absente et mon ventre me donne des hauts le cœur. Les crampes montent également dans les mollets sur les parties raides lorsque je tente de pousser un peu plus fort et de cadencer. Je joue continuellement avec la limite, avancer coute que coute et faire sauter un maximum les barrières physiques et mentales, je n’ai plus que ça en tête. Félix me donne des conseils sur les parties grasses en descente comme en montée. “Gauche”, “Droite”, “Attention ça arrive” pour ceux du Half que nous doublons en nombre dans la montée. Je passe symboliquement en tête le passage sur lequel je m’étais fait doubler en 2018 mais voit revenir Thomas Lemaitre au ravitaillement suivant. il me double peu après et prend un petit peu d’avance. Je cherche surtout à faire ma montée le plus vite possible. Je vois au loin que dans une partie à suivre sur laquelle on peut courir, il ne relance pas très fort et je rentre sans chercher à revenir trop rapidement. Je le repasse mais malheureusement une zone pentue se dresse encore devant nous. Parties sur lesquelles il est très très fort. Ce sera dans ces parties de marche rapide qu’il creusera l’écart en habitué des trails qu’il est. Arrive ensuite le pierrier de l’enfer. Une partie de 3kms environ sur laquelle il n’est plus question de courir et où il faut crapahuter et lever parfois haut les genoux pour passer des très grosses pierres.Je demande environ 46 fois à Félix si on arrive au dernier ravitaillement qui signe la fin du pierrier, il me répond 46 fois “Encore un peu, on y arrive”, ce qui me fait dire à chaque fois intérieurement, “C’est pas bientôt fini ce chantier!!!”.Une fois le dernier ravito arrivé, je m’arrose, bois et repars attaquer la dernière pente avant la prairie finale de laquelle l’arrivée est en visuel. J’y cours/marche puis recours pour atteindre cette finish line positionnée en haut d’un dernier mur à escalader presque à 4 pattes. La délivrance est énorme, podium bel et bien atteint avec une sacrée 2ème place. La gagne aurait été possible sans un Thomas Lemaitre vraiment énorme et sur SON épreuve car toujours invaincu là-bas. J’avais soufflé à Félix “On passe ensemble, tu restes avec moi” et on a franchi cette ligne bras dessus, bras dessous. Il me soutient encore une fois la ligne franchit, lui qui vient de se taper 17kms de montée, il doit encore supporter mes 70kgs car je me repose de tout mon poids sur lui pour tout relâcher au terme de cette journée de montagnes russes au propre comme au figuré.
Voilà, cette aventure fut encore une énorme tranche de vie comme je les aime, partagée en famille, entre amis et entre passionnés du triple effort, concurrents comme organisateurs. Je n’oublierais pas ici Pierre-Yves et Ludo qui m’accueillent à chaque fois avec un plaisir et une gentillesse non dissimulée.
Manu, Marlène, Fred, Cyril, Benoit, Eric, Yannick, Thomas, Gwen, Arnaud, GM, David, Flora, les copains, copines, ma chérie, les enfants, la famille : On l’a fait!
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10/11/2023
posté à 17:34
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Deux semaines après Royan je participais au Bayman du Mont Saint Michel, rapide retour sur cette course en quelques mots : fatigué, crève en début de semaine, vélo en mode Saint Bernard à trainer du monde, arbitrage douteux de la FFTRI : mais que fait la police? Celà n’empêche que l’orga de cette épreuve était encore une fois super, le parcours magnifique et les paysages grandioses, même quand les jambes et la tête n’en veulent plus. Cette course m’a surtout permis d’en conclure qu’un 3ème triathlon en 21 jours ce n’était pas une bonne idée et que j’allais mettre à profit les 3 semaines qui me séparaient alors de Challenge Vieux Boucau pour recharger les batteries et soigner cette crève qui trainait depuis 8 jours.
Malgré les aléas météorologiques d’avant course, Challenge Vieux Boucau a pu avoir lieu, grand bien lui fasse, car cette course étant une première, il aurait été triste de devoir couper court la saison sur un DNS collectif de tous les athlètes. Les conditions météo n’étaient certes pas géniales mais la startlist promettait un Half de type “mini championnat d’Europe” avec les plus grands noms du 70.3 au départ. C’était aussi l’occasion de côtoyer Alistair Brownlee sur une course. Dire ça comme ça, ça fait bien, mais en réalité une fois en course ça ne change pas grand chose d’autre que de perdre une place au classement!!!
Place à la course direction le départ, il fait froid, il y a du vent, un régal rien qu'à l'idée de se mettre à l’eau pour un frileux comme moi! Pour éviter la baston vécue à Royan je m’écarte des torpilles et enclenche ma propre course loin de la vague des tous meilleurs. Tant pis pour l’aspiration aquatique mais poser sa nage vaut parfois mieux que se faire exploser les lunettes ou le nez par un pied agité. Je me retrouve dans un groupe pas violent. Ca nageotte devant mais ca frotte aussi beaucoup pour faire sa place. “Ok les gars, battez-vous, on ne va pas gagner du temps en se montant dessus”, je prends donc le partie de rester au chaud derrière à ne pas faire un effort démesuré et bénéficier des pieds devant moi pour la fin du parcours qui se fait face au vent (dans l’eau ça semble compter aussi). A la sortie de l’eau, je ne sens ni mes jambes, ni mes pieds, ni mes mains. Elle était vraiment froide! Je cours vers la T1, enfourche mon vélo et c’est parti pour 90kms de vélo sans grands bouleversements. En effet, avec la densité devant, les groupes plus fournis se sont formés et vont bénéficier d’une aspiration “naturelle” qui fera qu’on ne verra aucun concurrent, ou presque, se retrouver isolé. Nous formerons un groupe de 3 plutôt réglo sur les distances même si l’espagnol ne devait pas être au courant que c’était 20m pour le PRO sur challenge! Nous reprenons un jeune sur la fin du vélo tu team Argon, je me dit alors qu’il doit être cuit pour être ici en perdition, peu importe le dernier semi de la saison approche et je n’ai pas envie de me sentir résigné et bridé comme au Bayman alors je vais partir de façon dynamique.
Je descends de mon vélo avant la ligne puis cours vers mon vélo quand le jeune du team Argon manque de nous envoyer en l'air tous les deux en voulant passer comme une furie sur ma droite. “Du calme le jeune, tu peux perdre plus que tu ne vas gagner en t’affolant à descendre de ton vélo!”. Il part sur le semi comme une balle, vraiment, à bloc! Sacrée allure et je l'envie d’être aussi dynamique à la descente du vélo. Pour ma part je démarre déjà assez fort autour de 3’35/km et il me colle bien entre 5 et 10” du kilomètre à vue de nez. Des 4 qui ont posé ensemble, je suis le 4ème…en étant parti vite pour moi (spoiler alerte : je finirais devant chacun des 3 concurrents qui sont alors devant moi!!). J’ai mon rythme, je suis content car dans l’offensive. je reviens rapidement sur l’espagnol que je décroche. Fin du premier tour, je vois que le premier de la course, Mika Noodt, va me prendre un tour (5kms), ça pique oui oui. Je vois également que l’espagnol reste dans son sillage, ce qui lui permet de revenir sur moi. “Ah ça non, ce n'est pas cool, je l’avais laché!”. Quand ils passent l’allure n’est pas extrêmement plus rapide que celle à laquelle je cours, je me cale donc en dernière position du petit groupe de 3 que nous formons. Nous naviguons à 3’38/km environ. Je ne suis pas en souffrance du tout, ça me permet de gérer l’alimentation, de me concentrer sur le relâchement, les trajectoire sur cette piste cyclable parfois cabossée et voir que derrière il y a un très grand Mathis Margirier qui revient vitesse grand V. Dans les derniers hectomètres ça s’affole autour de nous car il n’est plus qu’à 10”, puis 8, puis je me retourne pour lui faire des signes que le premier est là, nous le cachons et je ne voudrais pas qu’il baisse les bras car n’ayant pas la tête de course en visuel. Quand je vois qu’il revient plus près, je me transforme en spectateur et l’encourage du mieux que je peux pour qu’il aille chercher la victoire sur le fil, un grand bravo Mathis! De mon côté il me reste un tour, je l’aborde assez sereinement car j’ai la sensation d’avoir fait du derrière “pacer” ce qui m’a fait économiser pas mal d’énergie. J’attends patiemment la moitié de ce dernier tour pour déclencher une accélération progressive que je saurais tenir jusqu’au bout sans trop m’écraser. En passant le panneau du 18ème kilomètre, le moment semble être le bon et j’accélère assez franchement. Après coup ma montre aura enregistré des allures allant jusqu’à 3’20/km sur ces 3 derniers kilomètres. Je sens que mes appuis sont encore bons et je rattrape rapidement plusieurs concurrents en train de vraiment s’écraser sur ce final. Je rattrape même le jeune bolide du team Argon qui est alors beaucoup moins fringant qu’au départ de son semi! Franck Guyon ayant lui abandonné en cours de route, mes 3 compagnons de fin de vélo sont bien derrière moi. La gestion les gars, c’est important!
Je termine mon dernier semi de la saison sur une bonne note en ayant pu accélérer et finir sur une allure moyenne de 3’37/km sur ce parcours technique par moments. La place est quant à elle anecdotique (24ème) mais la start list était fournie et la densité à l’avant m’a mis hors jeu assez rapidement avec les groupes formés devant moi à vélo.
Pour briller un peu plus à l’avant sur ce genre de courses avec un vélo très plat et une forte densité il faut absolument sortir dans le groupe devant ou celui devant le groupe devant 😛. Ce n’est pas un objectif pour 2024 car je vais prendre la direction des montagnes avec dans le viseur Alpsman et Embrunman. Après une belle année 2023 Flat, Fast and French comme dirait Superfrenchman, 2024 sera Hilly and French. J’ai hâte!
La journée s'est terminée sur un 5kms "décrassage" avec les copains/copinespour la bonne cause avec la pink Run organisée dans le cadre d'Octobre rose. Photo à l'appui, j'étais encore frais pour faire papote avec l'ami Richard ;)
Pour finir, un grand bravo à l'équipe de T2S pour cette orga à Vieux Boucau dans des conditions qui n'étaient vraiment pas gagnées à quelques heures du départ.
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25/09/2023
posté à 06:10
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Cette année, le triathlon half de Royan tombait une semaine après le triathlon du SNT sur lequel chaque année tout le club est réquisitionné en tant que bénévole.
Cette année, j’avais donc à cœur de revenir à Royan, 4 ans après ma dernière participation en 2019.
La startlist annoncée était très belle. Du beau monde au départ, de la densité à l’avant. Il y avait de quoi assurer un super spectacle pour tout le monde.
Mais voilà, dans cette densité, beaucoup de coureurs de courte distance. Et qui dit “courte distance” dit “torpilles dans l'eau". Ainsi, un pack d’une grosse dizaine de nageurs s’est extirpé dès la première bouée et a profité de l’émulation de groupe pour me coller 4’ sur les 2300 m de natation. Oui Royan est généreux et chaque distance est annoncée hors taxe, on a donc nagé un peu plus de 1900m, roulé un peu plus de 90 km et couru un peu plus de 21 km. Qui s’en plaindrait, ça nous donne l’occasion de pratiquer un peu plus longtemps le sport qu’on aime!
J’enfourche donc mon vélo en 16ème position, la journée commence mal car j’ai senti dans l’eau que l’efficacité et la tête n’y étaient pas. Je me suis même dit durant celle-ci que j’attendais clairement la sortie de l’eau, ni plus, ni moins. Mon seul passe-temps aquatique a été d’essayer de suivre les pieds du gars devant tout en étant côte à côte avec Alexia Bailly, qui je sais, joue les premiers rôles chez les femmes PRO. Le vélo donc, je suis dessus, je prends mon rythme en sachant que Cédric Ludet va tenter un départ canon pour me sortir de son sillage (à distance réglementaire). Mais voilà, je sens que les watts sont bonnes et j’ai même une réserve pour rester au contact distant. Le moral remonte un peu, je ne vais pas subir tout le vélo. Julien Hagen nous rattrape ensuite, il semble très fort mais semble surtout être parti très vite. Nous formerons un petit groupe de 3. Tous les 3 réglo, les marshall venant nous voir et ne restant pas longtemps car observant que nous respectons les règles…comme quoi c’est possible pour ceux qui en douteraient! Un gros groupe pour les places de 5 à 10 nous précède d’environ 2’, ce groupe bénéficie de l’effet de groupe mais nous leur reprenons du temps. Le premier tour se termine sur avec un retour à Royan lors duquel je vois que quelques individualités se sont portées à l’avant mais je ne m’en fais pas trop, je souhaite être acteur de ma course et gérer au mieux le vélo, à savoir aller le plus vite possible tout en gardant un bon niveau d’énergie pour un semi qui s’annonce chaud et toujours compliqué à Royan. Quand arrive le dernier demi-tour tout au sud du parcours, mes cuisses commencent à piquer/brûler. Signe que ce deuxième aller, vent de face, aura laissé des traces. Heureusement on peut sortir la grand voile (et crier sous le vent) pour remonter direction Royan. Le dernier passage des bosses de Mescher me font me sentir quand même content d’en finir avec ces 93 km de vélo. Je pose à T2 en 11ème position. Mentalement je suis bien mieux qu’à T1, j’ai fait un bon tour de vélo, n’ai pas perdu trop de temps et suis prêt pour partir courir.
Je pars au rythme sur lequel je pense pouvoir accélérer lors de la seconde boucle. Pas non plus un train de sénateur, mais je ne m’affole pas, la route est encore un tout petit peu longue. Julien Hagen, avec qui j’ai passé une grande partie du vélo est 100 m devant. Il serait tentant de boucher le trou mais j’observe que l’écart reste stable alors que je gère à mon allure. Premier demi-tour au bout de 5kms, les positions sont figées, les écarts le sont quasiment eux aussi. Sur le retour vers l’arrivée et la ligne d’arrivée qui correspond à la fin de ce premier tour, je pousse un peu plus dans un faux plat montant et vois que je rebouche le trou très rapidement sur Julien Hagen devant moi. Je sens comme un déblocage physique. je ne calcul alors plus les écarts, je me centre sur ma foulée, ma respiration et trouve un second souffle agréable. Olivier Bachet me lance un “J’ai parié sur un top 8 pour toi Guillaume, allez tu peux le faire”. Je me surprends alors à être très confiant dans ma tête et me dit qu’il ne va pas perdre son pari. Je rattrape alors du monde entre ce 7ème kilomètre et la fin du premier tour. J’attaque le second et dernier tour en 8ème position. Vu les craquages observés sur les concurrents que je viens de croiser, je m’imagine bien gagner encore une ou deux places. Je passe en effet assez vite 7ème puis vois une silhouette au loin qui ressemble à Erwann Jacobi. Plus je me rapproche et plus la ressemblance se confirme, je passe ainsi 6ème au 14ème kilomètre puis chipe la 5ème place à Jean Duchampt au dernier demi-tour correspondant au km15. J’ai croisé un peu avant Quentin Barreau qui semblait grimacer un peu. Il me reste alors 5 kms et j’estime à environ 1’30 mon retard sur lui. Je pense alors que je ne peux pas rentrer sur lui s’il ne craque pas un peu et que je n’accélère pas moi-même sur ce final. Je tente de maintenir un tempo élevé mais les jambes commencent à ne plus très bien répondre. Sans réellement craquer, je n’ai simplement plus ce qu’il faut dans le réservoir pour mettre un dernier coup de boost. Je vois Quentin 200 à 300 m devant dans les derniers kilomètres mais la messe est dite. Top 5 sur cette superbe course avec une très belle startlist et entouré d’adversaires pratiquant le triathlon à “temps plein”. Je m’étais fixé cet objectif haut de top 5. Je pensais possible de ramasser du monde à pied si tout allait bien pour moi et c’est ce que j’ai mis à exécution. Malgré un démarrage poussif, j’ai su prendre assez de recul pour ne pas penser à la place ou la performance dans un premier temps et me concentrer sur le plaisir de faire cet effort. Celà m’a permis d’effectuer ma course en repensant à ce pourquoi je m’entraine, à savoir mettre un dossard et donner le meilleur de moi-même.
En conclusion, l’événement Royannais est toujours aussi sympa à vivre. L’accueil est toujours aussi chaleureux, l’association TriAAAthlon y apporte un souffle nouveau et intéressant pour le triathlon français. Je pense que le développement de la discipline passera par eux pour créer un circuit français pour les athlètes qui n’ont pas les moyens de s’exporter et pour qui les occasions manquent de confronter leur niveau avec ce qu’il se fait de mieux en triple effort.
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