Actus

18/08/2024

Embrunman, le retour

posté à 16:47

Pour terminer le menu gargantuesque de cette année montagneuse, j’avais au programme pas moins de 3 triathlons (très) vallonnés avec le Triathlon des Pyrénées, celui de l’Alpe d’huez avant de finir à l’Embrunman.
J’accrochais la victoire sur le très chouette tri des Pyrénées en guise de remise en route post Alpsman. Je me suis alors élancé sur le triathlon de l’Alpe d’Huez assez confiant et en ayant dans la tête qu’il me servirait de préparer l’Embrunman sans que cet avant dernier triathlon ne soit une finalité en soit. Le bilan fut beaucoup plus mitigé avec une natation très moyenne, un vélo plutôt bien géré mais sans plus et une course à pied là encore moyenne, “moyen-bien” je dirais qui me positionnait à la 21ème place. Pas un signe de grande forme sur cette course qui ne pardonne pas car d’un niveau très relevé avec de nombreux professionnels spécialistes et habitués à cette épreuve.
C’est donc gonflé de motivation que je me lançais dans la préparation montagneuse de l’Embrunman en restant en vacances familiales à côté de Briançon. J’alternais donc les sorties vélo avec les randos, les courses à pied avec les natations accompagnés accompagné de ma petite famille. Le coup de pédale de montagne devenait meilleur et me rassurait en vue de l’Embrunman. Une alerte à la cheville s’est faite sentir à 10 jours de la course. Ce qui n’est jamais très rassurant mais il est compliqué de savoir si c’est une alerte totalement physique ou si le corps se tendant à l’approche de l’événement nous joue des tours. J’ai donc réduit les sorties CAP et n’ai pas pu réellement terminer les séances sur ces 10 derniers jours. Normalement rien de grave si le jour J la douleur ne se faisait pas ressentir.
Le jour J justement, nous y voilà. Jeudi 15 Août, 6h, je suis placé en première ligne à attendre le coup de pistolet du départ. Je ne pense plus à 10’ avant, lorsque j’avais envie d’aller aux toilettes mais que celles-ci étant trop peu nombreuses dans le parc à vélo et avec interdiction de sortir du parc (on semblait être en prison), je n’ai pas pu satisfaire mon besoin naturel. Après avoir fait appel à ma mémoire, j’ai le souvenir qu’en 2017 la situation avait été la même, une envie dans la dernière heure avant le départ et l'impossibilité d’aller aux toilettes si je voulais prendre le départ à l’heure et surtout sans partir au fond de ce peloton de 1000 concurrents. Vous l’aurez compris, à Embrun, la course semble être la reine et les concurrents n’en sont que des sujets qui doivent subir ses spécificités et habitudes vieilles de 40 ans qui n’ont pas ou très peu évoluées…
Départ : c’est parti pour 3.8kms de natation avec le premier quart d’heure dans le noir. Ca tombe bien il n’y a rien à voir, juste se déplacer jusqu’aux bouées 1,2,3,4,5,6,7 et 8 qui jalonnent le tour à parcourir 2 fois sur ce plan d’eau d’Embrun. Je ne suis pas réellement gêné, j’arrive à vite poser ma nage mais j’ai le sentiment qu’il y a du monde devant quand même. Pas manqué, je sortirais autour de la 30ème place. C’est correct quand même car j’ai parcouru ces 3800m en 55’. Sortie de l’eau rapide, je prends cette fois le temps de mettre des chaussettes Triloop dans lesquelles je me sens bien, c’est important car je vais passer le reste de la journée dans celles-ci!
Départ vélo : pris à la gorge d’entrée avec une montée de 6kms jusqu’à Puy Sanières. C’est là que nous logions depuis 2 semaines et je sais que mes proches m’y attendent pour m’encourager. Je gère cette première montée, ce qui n’est pas le cas de tout le monde car je me fais déposer par certains imprudents ou simplement plus forts. La route est longue et ce que j’apprécie sur cette course c’est d’être seul au monde, dans ma bulle, sur ces routes magnifiques. Je passe devant notre logement, fait un coucou de loin pour leur signaler que j’arrive, ils sont déchaînés et j’ai envie de leur renvoyer leur énergie. S’ensuit cette première boucle de 40kms pour revenir à côté du plan d’eau puis repartir vers l’Izoard. Mais avant cet Izoard, la vallée du Guil que nous devons remonter est compliquée à gérer. Un long faux plat montant qui pourrait se monter en force pour gagner du temps…qui serait ensuite perdu dans l’Izoard si on s’y est mis les jambes en croix. je tente de gérer tout en gardant du rythme en espérant que le pied de l’Izoard arrive au plus vite. Le pied de l’Izoard est lui aussi spécial car une suite de petites montées/descentes qui ne permettent pas de démarrer un effort de seuil constant. Quand arrive enfin Arvieux, on y est enfin. Le cerveau peut enfin être débranché et la concentration sur mon effort prend le dessus. J’affectionne cet effort, je reprends même des concurrents ce qui booste le mental. J’aurais fait une bonne montée de cet Izoard, un beau combat sans toutefois être au bout de mes forces à aucun moment. Arrivé en haut j’entends mes proches et amis donner de la voix. C’est la délivrance, la reconnexion avec le monde Petit stop pour récupérer bidons et ravitos et c’est parti pour se jeter dans cette descente rapide mais technique en son début. Le suite se fait correctement avec le passage à Briançon, puis la côte de Pallon toujours aussi raide et enfin le retour sur Embrun. Mais voilà, arrivé à Embrun on ne rentre pas directement au parc, direction Chalvet et sa côté de 6kms qui surplombe la ville avant de redescendre vers T2. Je sens dans cette côte que les jambes ne sont plus fraîches du tout. Je n’arrive plus à prendre un rythme et la puissance qui me convient. Je monte comme je peux puis redescend rapidement, assez pour reprendre Victor Lemasson qui m’avait pourtant déposé quelques kilomètres plus tôt dans la bosse.
La course à pied : je pars en me disant deux choses. La première est “si je ne peux pas courir, je ne serais pas vexé, j’ai un peu mal aux jambes”. La seconde, plus positive “Plus qu’un grand footing sans mettre trop de vitesse et tu seras finisher, j’espère que le corps tiendra”. Les premiers pas me font positiver. Je peux dérouler la foulée, je fais attention à bien rester souple, j’évite de partir trop vite mais suite autour de 4’15/km, allure que je sens pouvoir tenir très longtemps dans ces conditions. Mais voilà qu’au bout de 8kms, mon ventre me rappelle que j’ai transporté avec moi un supplément depuis plus de 7h et les chocs répétitifs au sol ne lui plaisent pas. Je m'arrête donc en urgence puis repars de plus belle, bien plus à l’aise. Fin du 1er tour, je suis en promenade à 4’15/km, tout va bien. Pourtant l’énergie commence à se mettre en mode ON/OFF. J’ai besoin de m’arrêter quelque temps au ravito pour marcher, le ventre commence à me tordre en deux et me crisper. A partir de ce moment-là, la course n’est plus qu’un long chemin de croix pour rallier l’arrivée. Je me répète que si je termine c’est déjà bien alors que je ne me voyais pas courir un tour avec ma douleur à la cheville les jours avant la course.
Je termine donc pour mes proches, pour moi, pour boucler la saison de montagne sur autre chose qu’un DNF et en pensant à mes fils qui auraient été terriblement déçus de ne pas me voir terminer.
Pour les triathlètes, allez à Embrun pour les paysages magnifiques mais n’y allez pas pour le confort et le partage avec vos proches avant la course car vous êtes parqués sans pouvoir ne serait-ce que sortir du parc à vélo.
Pour les spectateurs, allez à Embrun pour l’ambiance générale et les paysages magnifiques mais n’y aller pas pour le partage d’avant course ET SURTOUT S’IL VOUS PLAÎT : n’y allez pas pour suivre votre coureur, le doubler puis vous garer 50 fois sur le parcours vélo pour l’encourager ou lui donner de l’eau. Ni pour courir à côté de lui pour lui donner de l’allant. A la limite prenez un dossard et faites tout le parcours avec lui… J’en ai tellement vu. Ces gens ne comprennent pas ce qu’est un Ironman. On ne tient pas la main à son athlète pour qu’il aille au bout, on l’encourage à l’occasion mais c’est SON AFFAIRE, SON COMBAT. L’assistance extérieure n’est pas autorisée et devrait être bien plus contrôlée. Mais le MYTHE ferme les yeux sur bien des choses à ne regarder que son nombril.

 


11/06/2024

Alpsman 2024

posté à 14:57

Après une année 2023 “Flat, Fast and French”, l’objectif de cette année 2024 était de prendre la direction des montagnes, pour “kiffer” mais aussi pour montrer que je suis capable d‘être assez complet pour performer sur deux Ironman extrêmement opposés tels que le Frenchman (totalement plat) et l’Alpsman (ultra montagneux). Tout ça à un an d’intervalle seulement l’un de l’autre. Ça ne permettait pas une très longue mutation de rouleur à grimpeur pour mes petites jambes!
Place à la montagne donc, avec pour cette année un objectif majeur, sur lequel j’espère jouer les premiers rôles : l’Alpsman Xtrem Triathlon. Un menu des plus copieux avec une natation de 3800m depuis le milieu du Lac d’Annecy vers la plage de Saint Jorioz. Un parcours vélo de 180 kms qui nous emmène dans les montagnes pour un dénivelé positif de 4000m. Et enfin un marathon à terminer “comme on peut” car se concluant par 17 kms de montée pour atteindre le haut de la montagne après avoir englouti les 1400m de dénivelé positif nécessaires pour obtenir le statut de “Top finisher”.
Pour atteindre mon objectif, j’ai mis en place un programme de course allégé et décalé sur cette première partie d’année. J’ai donc dû renoncer à certaines courses de cœur telles que Lacanau, Carcans, mais j’ai pu découvrir de nouveaux spots pour pratiquer le triathlon avec Thouars début Mai et Châtelaillon où je voulais me tester à 15 jours de l’Alpsman. Malheureusement, j’ai dû abandonner sur ce dernier car ayant cassé ma fixation de prolongateurs au 35ème kilomètre vélo. Le problème a été résolu rapidement avec changement de prolongateurs express 6 jours avant l’Alpsman. Un grand merci à Culture vélo, Fred et toute l’équipe, ainsi qu’à Benoît qui a suivi avec moi ce fichu colis en train de voyager dans toute l’Europe! Je ne me présentais donc pas avec une totale confiance car n’ayant pas pu en faire le plein sur les compétitions de préparation mais avec un entraînement solide au cours du mois de Mai au cours duquel j’ai pu passer quelques jours du côté d’Annecy avec ma famille et celle de Félix qui sera mon accompagnant désigné sur la dernière montée du Semnoz à pied. Il est un grand amateur de trail et je suis à peu près son exact opposé. Il a donc accepté avec grand plaisir l’opportunité de me faire souffrir dans cette montée, mais surtout de partager ce moment hors du commun que nous avons vécu pour tenter d’aller (beaucoup) plus vite que lors de l’édition 2018 (spoiler alert : j’ai explosé mon temps de montée de 2018, MERCI FELIX!).
Veille de course, dépôt du vélo et du matériel. Je regonfle mes boyaux et vérifie deux fois chaque serrage de valve. Le temps de descendre à Saint Jorioz en vélo, de prendre le dossard et faire une interview, le boyaux s’était dégonflé. Le stress!!! Mon père, présent sur place, regonfla et resserra la valve, on fera un check le lendemain matin avec une roue de rechange pas très loin si besoin. Repas, dodo, demain il y a course.
3h du matin, au bout d’une très courte nuit le réveil sonne, la mécanique est rodée maintenant, Gatosport, Crème, thé chaud et c’est parti. Dans le parc à vélo : RAS, le boyaux ne s’est pas dégonflé, tant mieux. Place à la course mais avant un peu d’attente sur les eaux claires du lac d’Annecy s’impose.
Il est 4h20 : c’est parti, embarquez avec moi à bord du Libellule.
En montant dans la bâteau : SURPRISE! Les tables et chaises ont été poussées sur les côtés et une grande bâche transparente à été posée à même le sol pour que nous nous y installions. Le confort est rudimentaire, l’ambiance devient plus sérieuse. Pour m’éviter 1h à croiser des regards parfois terrorisés, je ferme les yeux et pense à la journée qui m’attend. Après tout le programme est assez sympa, faire ce que j’aime dans un cadre somptueux. J’arrive à me sentir plutôt bien, serein et en même temps prêt à aller au départ. Je repousse au maximum le moment où je mets la combinaison pour ne pas étouffer dans le bâteau, un dernier regard dehors sur le jour qui se lève puis je saute. L’eau n’est pas froide, je nage jusqu’à la porte de départ et me positionne en première ligne. Je n’entends pas la corne de brume mais je vois que ça part à gauche, alors j’y vais. Je pars sur un bon rythme pour sortir du pack, un groupe se forme très vite derrière un nageur solo qui nous lâche inexorablement, tenter de le suivre ne serait pas une bonne idée. Je fais donc la partie natation dans ce groupe, appliqué sur les coups de bras, la direction à prendre et en essayant de compter le nombre de laps de 200m qu’a fait ma montre pour avoir une idée d’où nous en étions (je n’ai pas réussi bien longtemps). Lorsque nous revoyons ce bon vieux Libellule accosté à l’embarcadère de Saint Jorioz, je sais qu’il ne reste pas plus de 800/1000m avant la sortie de l’eau. Certains accélèrent un peu pour marquer la fin, je les suis en restant dans les pieds sans chercher à sprinter pour sortir 2ème, la course est encore très longue.
Transition rapide et je saute sur mon vélo, en 3ème position, après que Théo Debard ait fait une transition express. Je sais qu’il appuie très fort à vélo, il part sur une allure beaucoup trop élevée pour moi et sur Ironman surtout. J’essaye de ne pas y penser pour rester dans ma course et ne pas rentrer dans une bagarre trop prématurément. La première montée vers le Semnoz se dresse devant nous dès la sortie du parc à vélo. Les jambes sont très moyennes, je suis dans la puissance cible mais je sens que ce n’est pas la sensation de facilité qui m’habitait en 2018 lors de mon précédent Xtrem de l’Alpsman. Je double le concurrent sorti en tête de l’eau et le félicite pour sa natation. J’ai la moto caméra à côté de moi, la voiture ouvreuse devant, ce qui m’étonne car je sais que Théo est sorti avant moi du parc et parti comme une fusée. Mais voilà qu’au bout de 15kms j'entend quelqu’un revenir, c’est Théo! Il a fait un tout droit et a dû faire demi tour pour revenir sur le parcours, j’étais donc en tête avant ça. Il va trop vite dans la montée sans pour autant me prendre beaucoup de terrain, chacun à notre rythme nous gérons au mieux pour garder de la place pour le dessert corsé de cette épreuve. En haut du Semnoz, j’aperçois quelques lacets plus bas la trifonction rouge de Thomas Lemaitre, triple vainqueur de l’épreuve et grand favori car invaincu ici. Le match est lancé, ça me semble être un podium plutôt cohérent qui tient la barre à l’avant. Mais voilà un temps faible qui arrive pour moi, dans la descente du Semnoz, j’ai un coup de moins bien, les bras qui deviennent faibles, le ventre qui me fait mal, un mal de tête qui s’installe. J’essaye de canaliser le peu de force encore présent pour rester lucide dans la descente mais le bilan est très moyen, seulement 30kms de fait à vélo et je suis dans un mauvais état. Je me demande comment je vais pouvoir aller au bout, les pensées noires me pourchassent. Je pense ne plus avoir ce qu’il faut pour me faire mal sur cette épreuve, ça arrive d’être moins bien à vélo, si tu es malade autant abandonner… Impossible, j’ai embarqué Félix dans l’aventure, il n’a pas traversé la France pour me voir mettre le clignotant. Alors j’avance, dans ma bulle chaque kilomètre parcouru semble m’éloigner de ces pensées et des douleurs perçues durant la partie Semnoz à vélo. La montée vers Plainpalais me fait du bien, ça semble aller mieux, la pluie fait alors son apparition. Je prends un petit coup au moral car celà signifie plus de danger dans les descentes et moins de vitesse également. La troisième montée vers Aillon le Jeune est quant à elle plus roulante, c’est là que je me rends compte que les jambes se sont débloquées, j’arrive à emmener du bon braquet et être dans les watts avec de bonnes sensations, reste à refaire ce tour (Plainpalais-Aillon Le Jeune) et le vélo sera presque terminé. Fin de la première boucle, je m’arrête au ravitaillement perso remplacer mes deux bidons vides par deux pleins. Ca cafouille, ça m’énerve mais je me rends compte dans l’énervement que l’énergie est là, le moral est remonté et les jambes sont maintenant dispo et prêtes à envoyer. Cette deuxième boucle se passera bien, les concurrents du Half parti à 9h30 nous y ont rejoints, je ne fais que doubler, ça occupe pas mal la tête et la concentration pour éviter de penser à la solitude d’un Ironman sur lequel je n’aurais pas vu grand monde du format Xtrem. Sur le retour vélo, passé le 160ème kilomètre, les jambes commencent à n’en plus pouvoir, j’appuie comme je peux mais le Garmin ne ment pas, les watts ne montent plus. J’ai beau me battre c’est très compliqué de faire les montées dans la cible. Je ne réfléchis plus, j’avance vers la descente salvatrice du 170ème kilomètre qui doit me permettre de refaire un peu surface avant le marathon.
Fin du vélo, enfin, c’était long et pas le meilleur vélo que j’ai pu faire en termes de sensations, ni de météo. j’enfile les chaussettes, baskets, casquette, lunettes, ravito et c’est parti.
Les premières foulées sont grisantes, j’ai la foulée légère, la respiration est fluide, le haut du corps relâché et les fessiers qui m’avaient fait souffrir en 2018 après le vélo sont totalement opérationnels. Je garde en tête que c’est long un marathon alors je prends un rythme gérable sur du long autour de 4’10-4’15/km. Seul le ventre me fait douter, il est raide et douloureux. Je force la respiration pour l’assouplir puis me concentre sur ma technique de course et rien d’autre, ce qui me permet d’oublier cette douleur assez efficacement. Passage au ravitaillement du 6ème kilomètre, je sors mon gobelet souple pour me faire servir un coca et ça repart. A noter que l’organisation a supprimé tous les gobelets des ravitaillements, c’est une excellente chose, chaque concurrent doit donc s’arrêter remplir son gobelet et repartir sans rien jeter. Ça évite un bon millier de déchets tout en préservant l’équité de la course. C’est une nouvelle règle à instaurer si on veut pouvoir pratiquer notre passion dans un environnement préservé. Fin de la parenthèse. Je termine ce premier tour de 8kms requinqué. Plus de douleur au ventre, les jambes sont encore meilleures qu’au départ du marathon et l’ambiance est top. On m’annonce que Théo n'est vraiment pas loin et que je suis revenu très vite dessus. Je croise Alain qui est en feu et me dit que c’est tout bon car je suis presque rentré en un tour seulement. En effet, je double Théo dès le départ de cette seconde boucle. Au milieu du 2ème tour le ventre me rappelle à l’ordre mais cette fois pour un besoin naturel. Je profite du ravitaillement pour remplir mon gobelet ET vider mon ventre puis ça repart. Ce deuxième tour se déroule vraiment bien, je poursuis mon chemin, concentré et en toute confiance. Le 3ème sonne le dernier tour au bord du lac, à chaque passage du parcours, je sais que je n’y repasserais pas et que je serais bientôt accompagné, ça donne une motivation supplémentaire. La gravité terrestre commence malgré tout à me rappeler à la réalité. Les rebonds sont un peu moins légers, j’avance quand même sur la vitesse de croisière de 4’15/km. Je change de chaussures et prend le sac de trail pour l’hydratation dans la montée et c’est parti direction la cloche que je sonne…ah bah non, premier coup de cloche raté, je m’amuse à m’acharner dessus pour qu’elle sonne et manque de la faire basculer. J’ai le sentiment que l’histoire se répète, la cloche sonnée en tête, la montagne face à moi. Je me donne 50% de chance à peine de changer la fin de l’histoire tellement la fatigue est présente. je me bat pour courir avec Félix à côté de moi alors que nous ne sommes encore que dans le faux plat montant sur la route. Les muscles doivent s’habituer à la montée me dit-il, ce qui est vrai et qui me permet de me projeter un peu en avant, positiver. Nous attaquons enfin les premières vraies pentes, Félix ne fait que de m’encourager, me soutenir pour me sortir de ma zone de souffrance. Et là, énorme surprise, il me dit “Lève la tête, regarde ils sont là”...Il avait placé une pancarte de la team des 6garillos que nous avions formée au T24 il y a un an tout pile. Ça me fait vaciller émotionnellement et me donne en même temps un regain de rage et d’envie. Je ne pense pas lui avoir répondu quelque chose, je n’arrivait pas à parler à ce moment-là, un peu chamboulé par cette émotion positive. Il ajoute ensuite “Ils vont tous être avec toi tout au long de la montée”. C’est une énorme attention qu’il a mise en place, je n’aurais pas pu trouver meilleur accompagnant et je le savais avant même le départ de la course. Les parties raides me permettent parfois de marcher, récupérer un peu, et repartir en courant. Mais j’ai aussi des temps très faibles où la tête se met à tourner, l’énergie est absente et mon ventre me donne des hauts le cœur. Les crampes montent également dans les mollets sur les parties raides lorsque je tente de pousser un peu plus fort et de cadencer. Je joue continuellement avec la limite, avancer coute que coute et faire sauter un maximum les barrières physiques et mentales, je n’ai plus que ça en tête. Félix me donne des conseils sur les parties grasses en descente comme en montée. “Gauche”, “Droite”, “Attention ça arrive” pour ceux du Half que nous doublons en nombre dans la montée. Je passe symboliquement en tête le passage sur lequel je m’étais fait doubler en 2018 mais voit revenir Thomas Lemaitre au ravitaillement suivant. il me double peu après et prend un petit peu d’avance. Je cherche surtout à faire ma montée le plus vite possible. Je vois au loin que dans une partie à suivre sur laquelle on peut courir, il ne relance pas très fort et je rentre sans chercher à revenir trop rapidement. Je le repasse mais malheureusement une zone pentue se dresse encore devant nous. Parties sur lesquelles il est très très fort. Ce sera dans ces parties de marche rapide qu’il creusera l’écart en habitué des trails qu’il est. Arrive ensuite le pierrier de l’enfer. Une partie de 3kms environ sur laquelle il n’est plus question de courir et où il faut crapahuter et lever parfois haut les genoux pour passer des très grosses pierres.Je demande environ 46 fois à Félix si on arrive au dernier ravitaillement qui signe la fin du pierrier, il me répond 46 fois “Encore un peu, on y arrive”, ce qui me fait dire à chaque fois intérieurement, “C’est pas bientôt fini ce chantier!!!”.Une fois le dernier ravito arrivé, je m’arrose, bois et repars attaquer la dernière pente avant la prairie finale de laquelle l’arrivée est en visuel. J’y cours/marche puis recours pour atteindre cette finish line positionnée en haut d’un dernier mur à escalader presque à 4 pattes. La délivrance est énorme, podium bel et bien atteint avec une sacrée 2ème place. La gagne aurait été possible sans un Thomas Lemaitre vraiment énorme et sur SON épreuve car toujours invaincu là-bas. J’avais soufflé à Félix “On passe ensemble, tu restes avec moi” et on a franchi cette ligne bras dessus, bras dessous. Il me soutient encore une fois la ligne franchit, lui qui vient de se taper 17kms de montée, il doit encore supporter mes 70kgs car je me repose de tout mon poids sur lui pour tout relâcher au terme de cette journée de montagnes russes au propre comme au figuré.
Voilà, cette aventure fut encore une énorme tranche de vie comme je les aime, partagée en famille, entre amis et entre passionnés du triple effort, concurrents comme organisateurs. Je n’oublierais pas ici Pierre-Yves et Ludo qui m’accueillent à chaque fois avec un plaisir et une gentillesse non dissimulée.
Manu, Marlène, Fred, Cyril, Benoit, Eric, Yannick, Thomas, Gwen, Arnaud, GM, David, Flora, les copains, copines, ma chérie, les enfants, la famille : On l’a fait!

 


10/11/2023

Vieux Boucau, le nouveau triathlon qui a le vent en poupe!

posté à 17:34

Deux semaines après Royan je participais au Bayman du Mont Saint Michel, rapide retour sur cette course en quelques mots : fatigué, crève en début de semaine, vélo en mode Saint Bernard à trainer du monde, arbitrage douteux de la FFTRI : mais que fait la police? Celà n’empêche que l’orga de cette épreuve était encore une fois super, le parcours magnifique et les paysages grandioses, même quand les jambes et la tête n’en veulent plus. Cette course m’a surtout permis d’en conclure qu’un 3ème triathlon en 21 jours ce n’était pas une bonne idée et que j’allais mettre à profit les 3 semaines qui me séparaient alors de Challenge Vieux Boucau pour recharger les batteries et soigner cette crève qui trainait depuis 8 jours.
Malgré les aléas météorologiques d’avant course, Challenge Vieux Boucau a pu avoir lieu, grand bien lui fasse, car cette course étant une première, il aurait été triste de devoir couper court la saison sur un DNS collectif de tous les athlètes. Les conditions météo n’étaient certes pas géniales mais la startlist promettait un Half de type “mini championnat d’Europe” avec les plus grands noms du 70.3 au départ. C’était aussi l’occasion de côtoyer Alistair Brownlee sur une course. Dire ça comme ça, ça fait bien, mais en réalité une fois en course ça ne change pas grand chose d’autre que de perdre une place au classement!!!
Place à la course direction le départ, il fait froid, il y a du vent, un régal rien qu'à l'idée de se mettre à l’eau pour un frileux comme moi! Pour éviter la baston vécue à Royan je m’écarte des torpilles et enclenche ma propre course loin de la vague des tous meilleurs. Tant pis pour l’aspiration aquatique mais poser sa nage vaut parfois mieux que se faire exploser les lunettes ou le nez par un pied agité. Je me retrouve dans un groupe pas violent. Ca nageotte devant mais ca frotte aussi beaucoup pour faire sa place. “Ok les gars, battez-vous, on ne va pas gagner du temps en se montant dessus”, je prends donc le partie de rester au chaud derrière à ne pas faire un effort démesuré et bénéficier des pieds devant moi pour la fin du parcours qui se fait face au vent (dans l’eau ça semble compter aussi). A la sortie de l’eau, je ne sens ni mes jambes, ni mes pieds, ni mes mains. Elle était vraiment froide! Je cours vers la T1, enfourche mon vélo et c’est parti pour 90kms de vélo sans grands bouleversements. En effet, avec la densité devant, les groupes plus fournis se sont formés et vont bénéficier d’une aspiration “naturelle” qui fera qu’on ne verra aucun concurrent, ou presque, se retrouver isolé. Nous formerons un groupe de 3 plutôt réglo sur les distances même si l’espagnol ne devait pas être au courant que c’était 20m pour le PRO sur challenge! Nous reprenons un jeune sur la fin du vélo tu team Argon, je me dit alors qu’il doit être cuit pour être ici en perdition, peu importe le dernier semi de la saison approche et je n’ai pas envie de me sentir résigné et bridé comme au Bayman alors je vais partir de façon dynamique.
Je descends de mon vélo avant la ligne puis cours vers mon vélo quand le jeune du team Argon manque de nous envoyer en l'air tous les deux en voulant passer comme une furie sur ma droite. “Du calme le jeune, tu peux perdre plus que tu ne vas gagner en t’affolant à descendre de ton vélo!”. Il part sur le semi comme une balle, vraiment, à bloc! Sacrée allure et je l'envie d’être aussi dynamique à la descente du vélo. Pour ma part je démarre déjà assez fort autour de 3’35/km et il me colle bien entre 5 et 10” du kilomètre à vue de nez. Des 4 qui ont posé ensemble, je suis le 4ème…en étant parti vite pour moi (spoiler alerte : je finirais devant chacun des 3 concurrents qui sont alors devant moi!!). J’ai mon rythme, je suis content car dans l’offensive. je reviens rapidement sur l’espagnol que je décroche. Fin du premier tour, je vois que le premier de la course, Mika Noodt, va me prendre un tour (5kms), ça pique oui oui. Je vois également que l’espagnol reste dans son sillage, ce qui lui permet de revenir sur moi. “Ah ça non, ce n'est pas cool, je l’avais laché!”. Quand ils passent l’allure n’est pas extrêmement plus rapide que celle à laquelle je cours, je me cale donc en dernière position du petit groupe de 3 que nous formons. Nous naviguons à 3’38/km environ. Je ne suis pas en souffrance du tout, ça me permet de gérer l’alimentation, de me concentrer sur le relâchement, les trajectoire sur cette piste cyclable parfois cabossée et voir que derrière il y a un très grand Mathis Margirier qui revient vitesse grand V. Dans les derniers hectomètres ça s’affole autour de nous car il n’est plus qu’à 10”, puis 8, puis je me retourne pour lui faire des signes que le premier est là, nous le cachons et je ne voudrais pas qu’il baisse les bras car n’ayant pas la tête de course en visuel. Quand je vois qu’il revient plus près, je me transforme en spectateur et l’encourage du mieux que je peux pour qu’il aille chercher la victoire sur le fil, un grand bravo Mathis! De mon côté il me reste un tour, je l’aborde assez sereinement car j’ai la sensation d’avoir fait du derrière “pacer” ce qui m’a fait économiser pas mal d’énergie. J’attends patiemment la moitié de ce dernier tour pour déclencher une accélération progressive que je saurais tenir jusqu’au bout sans trop m’écraser. En passant le panneau du 18ème kilomètre, le moment semble être le bon et j’accélère assez franchement. Après coup ma montre aura enregistré des allures allant jusqu’à 3’20/km sur ces 3 derniers kilomètres. Je sens que mes appuis sont encore bons et je rattrape rapidement plusieurs concurrents en train de vraiment s’écraser sur ce final. Je rattrape même le jeune bolide du team Argon qui est alors beaucoup moins fringant qu’au départ de son semi! Franck Guyon ayant lui abandonné en cours de route, mes 3 compagnons de fin de vélo sont bien derrière moi. La gestion les gars, c’est important!
Je termine mon dernier semi de la saison sur une bonne note en ayant pu accélérer et finir sur une allure moyenne de 3’37/km sur ce parcours technique par moments. La place est quant à elle anecdotique (24ème) mais la start list était fournie et la densité à l’avant m’a mis hors jeu assez rapidement avec les groupes formés devant moi à vélo.
Pour briller un peu plus à l’avant sur ce genre de courses avec un vélo très plat et une forte densité il faut absolument sortir dans le groupe devant ou celui devant le groupe devant 😛. Ce n’est pas un objectif pour 2024 car je vais prendre la direction des montagnes avec dans le viseur Alpsman et Embrunman. Après une belle année 2023 Flat, Fast and French comme dirait Superfrenchman, 2024 sera Hilly and French. J’ai hâte!

La journée s'est terminée sur un 5kms "décrassage" avec les copains/copinespour la bonne cause avec la pink Run organisée dans le cadre d'Octobre rose. Photo à l'appui, j'étais encore frais pour faire papote avec l'ami Richard ;)

Pour finir, un grand bravo à l'équipe de T2S pour cette orga à Vieux Boucau dans des conditions qui n'étaient vraiment pas gagnées à quelques heures du départ.

 


25/09/2023

Half Royan by TriAAAthlon

posté à 06:10

Cette année, le triathlon half de Royan tombait une semaine après le triathlon du SNT sur lequel chaque année tout le club est réquisitionné en tant que bénévole.
Cette année, j’avais donc à cœur de revenir à Royan, 4 ans après ma dernière participation en 2019.
La startlist annoncée était très belle. Du beau monde au départ, de la densité à l’avant. Il y avait de quoi assurer un super spectacle pour tout le monde.
Mais voilà, dans cette densité, beaucoup de coureurs de courte distance. Et qui dit “courte distance” dit “torpilles dans l'eau". Ainsi, un pack d’une grosse dizaine de nageurs s’est extirpé dès la première bouée et a profité de l’émulation de groupe pour me coller 4’ sur les 2300 m de natation. Oui Royan est généreux et chaque distance est annoncée hors taxe, on a donc nagé un peu plus de 1900m, roulé un peu plus de 90 km et couru un peu plus de 21 km. Qui s’en plaindrait, ça nous donne l’occasion de pratiquer un peu plus longtemps le sport qu’on aime!
J’enfourche donc mon vélo en 16ème position, la journée commence mal car j’ai senti dans l’eau que l’efficacité et la tête n’y étaient pas. Je me suis même dit durant celle-ci que j’attendais clairement la sortie de l’eau, ni plus, ni moins. Mon seul passe-temps aquatique a été d’essayer de suivre les pieds du gars devant tout en étant côte à côte avec Alexia Bailly, qui je sais, joue les premiers rôles chez les femmes PRO. Le vélo donc, je suis dessus, je prends mon rythme en sachant que Cédric Ludet va tenter un départ canon pour me sortir de son sillage (à distance réglementaire). Mais voilà, je sens que les watts sont bonnes et j’ai même une réserve pour rester au contact distant. Le moral remonte un peu, je ne vais pas subir tout le vélo. Julien Hagen nous rattrape ensuite, il semble très fort mais semble surtout être parti très vite. Nous formerons un petit groupe de 3. Tous les 3 réglo, les marshall venant nous voir et ne restant pas longtemps car observant que nous respectons les règles…comme quoi c’est possible pour ceux qui en douteraient! Un gros groupe pour les places de 5 à 10 nous précède d’environ 2’, ce groupe bénéficie de l’effet de groupe mais nous leur reprenons du temps. Le premier tour se termine sur avec un retour à Royan lors duquel je vois que quelques individualités se sont portées à l’avant mais je ne m’en fais pas trop, je souhaite être acteur de ma course et gérer au mieux le vélo, à savoir aller le plus vite possible tout en gardant un bon niveau d’énergie pour un semi qui s’annonce chaud et toujours compliqué à Royan. Quand arrive le dernier demi-tour tout au sud du parcours, mes cuisses commencent à piquer/brûler. Signe que ce deuxième aller, vent de face, aura laissé des traces. Heureusement on peut sortir la grand voile (et crier sous le vent) pour remonter direction Royan. Le dernier passage des bosses de Mescher me font me sentir quand même content d’en finir avec ces 93 km de vélo. Je pose à T2 en 11ème position. Mentalement je suis bien mieux qu’à T1, j’ai fait un bon tour de vélo, n’ai pas perdu trop de temps et suis prêt pour partir courir.
Je pars au rythme sur lequel je pense pouvoir accélérer lors de la seconde boucle. Pas non plus un train de sénateur, mais je ne m’affole pas, la route est encore un tout petit peu longue. Julien Hagen, avec qui j’ai passé une grande partie du vélo est 100 m devant. Il serait tentant de boucher le trou mais j’observe que l’écart reste stable alors que je gère à mon allure. Premier demi-tour au bout de 5kms, les positions sont figées, les écarts le sont quasiment eux aussi. Sur le retour vers l’arrivée et la ligne d’arrivée qui correspond à la fin de ce premier tour, je pousse un peu plus dans un faux plat montant et vois que je rebouche le trou très rapidement sur Julien Hagen devant moi. Je sens comme un déblocage physique. je ne calcul alors plus les écarts, je me centre sur ma foulée, ma respiration et trouve un second souffle agréable. Olivier Bachet me lance un “J’ai parié sur un top 8 pour toi Guillaume, allez tu peux le faire”. Je me surprends alors à être très confiant dans ma tête et me dit qu’il ne va pas perdre son pari. Je rattrape alors du monde entre ce 7ème kilomètre et la fin du premier tour. J’attaque le second et dernier tour en 8ème position. Vu les craquages observés sur les concurrents que je viens de croiser, je m’imagine bien gagner encore une ou deux places. Je passe en effet assez vite 7ème puis vois une silhouette au loin qui ressemble à Erwann Jacobi. Plus je me rapproche et plus la ressemblance se confirme, je passe ainsi 6ème au 14ème kilomètre puis chipe la 5ème place à Jean Duchampt au dernier demi-tour correspondant au km15. J’ai croisé un peu avant Quentin Barreau qui semblait grimacer un peu. Il me reste alors 5 kms et j’estime à environ 1’30 mon retard sur lui. Je pense alors que je ne peux pas rentrer sur lui s’il ne craque pas un peu et que je n’accélère pas moi-même sur ce final. Je tente de maintenir un tempo élevé mais les jambes commencent à ne plus très bien répondre. Sans réellement craquer, je n’ai simplement plus ce qu’il faut dans le réservoir pour mettre un dernier coup de boost. Je vois Quentin 200 à 300 m devant dans les derniers kilomètres mais la messe est dite. Top 5 sur cette superbe course avec une très belle startlist et entouré d’adversaires pratiquant le triathlon à “temps plein”. Je m’étais fixé cet objectif haut de top 5. Je pensais possible de ramasser du monde à pied si tout allait bien pour moi et c’est ce que j’ai mis à exécution. Malgré un démarrage poussif, j’ai su prendre assez de recul pour ne pas penser à la place ou la performance dans un premier temps et me concentrer sur le plaisir de faire cet effort. Celà m’a permis d’effectuer ma course en repensant à ce pourquoi je m’entraine, à savoir mettre un dossard et donner le meilleur de moi-même.
En conclusion, l’événement Royannais est toujours aussi sympa à vivre. L’accueil est toujours aussi chaleureux, l’association TriAAAthlon y apporte un souffle nouveau et intéressant pour le triathlon français. Je pense que le développement de la discipline passera par eux pour créer un circuit français pour les athlètes qui n’ont pas les moyens de s’exporter et pour qui les occasions manquent de confronter leur niveau avec ce qu’il se fait de mieux en triple effort.

 


18/08/2023

Triple triathlon aux Gorges de l'Ardèche

posté à 08:24

C’est presque aussi difficile à dire qu’à faire : j’ai fait un triple triathlon dans les Gorges de l’Ardèche! Le triathlon des Gorges de l’Ardèche propose un format unique de triathlon sur trois jours avec un distance M le Jeudi soir, un XS le Vendredi midi puis un L le samedi. Le grand vainqueur du triathlon des Gorges de l’Ardèche étant l’athlète qui aura fait les meilleures places au cumul sur ces 3 étapes. Mais attention, comme au bas, il y a des coefficients selon la difficulté du triathlon. Ainsi le XS est coeff 1, le M coeff 2 et le L coeff 3. Une fois ces règles énoncées, il n’y a plus qu’à nager, pédaler, courir et récupérer avant l’épreuve suivante…trois jours de suite.
Première épreuve jeudi soir. La mise en jambe se fait sur un format sur lequel je n’ai pas couru depuis de nombreuses années : 1000/35/7. C’est court mais en même temps la partie vélo me plait bien avec un aller retour sur la route des gorges et ses 500m de dénivelé sur les 25 premiers kilomètres, puis demi-tour et redescente vers T2. La natation se passe bien même si je sors loin des 2 premiers excellents nageurs. Parmi eux, l’épouvantail de l’épreuve Mathis Margirier qui ne fera que le M car en prépa de PTO Milwaukee (où il terminera 4ème parmi les meilleurs mondiaux). Je pars à bloc à vélo mais peut-être un peu trop car j’ai la sensation des jambes qui tremblent, signe d’un petit surrégime un peu trop brutal. Je me fais enrhumer par Théo Debard, excellent cycliste, dès le début du vélo. Peu importe, je prend le rythme le plus élevé possible qui me permet de rattraper les quelques concurrents devant moi hormis Théo, Julien Ferrandeau et Mathis Margirier. Je pose le vélo 4ème mais avec 1 concurrent du M hors challenge à mes trousses. Etant partis 1’30 après nous, je les sait devant moi au classement. Début de course à pied pas facile mais il faut aller vite car il n’y a que 7kms. Chemin, pont de bateau, c’est magnifique. J’arrive au bout du pont de bateau et demande au signaleurs “C’est par où?”. Réponse “Tout droit dans l’pentu”. Ah oui je ne voyais pas celà si raide de l’autre côté de la rive! C’est simple, pour monter au village d’Aiguèze nous avons une falaise à grimper en crapahutant sur un chemin de pierres qui finit par un long escalier aux marches trop grandes pour les avaler en un pas et avec une déclivité de 15 à 20% je dirais. On range le chrono au placard, c’est un combat contre la pente…Et dire qu’on aura à le grimper 3 fois dans 2 jours! J’arrive au bout de ce M en 5ème position et 3ème du challenge. Ca m’a un peu usé mais sans plus, l’habitude de faire des longues distances ne me permet pas de trouver l’allure rapide qui permet de performer sur une distance aussi courte…Et demain on en fera à peine la moitié! Qu’est-ce que je fous là?!
Le lendemain, vendredi, c’est double jour de course, une pour Tom, mon fils, une pour moi. Le triathlon des Gorges de l’Ardèche à ça de beau, il y en a pour tout le monde. Passé la trouille du départ où il feint de ne pas savoir nager pour prendre une frite (!) il s’en sort bien et se décoince à vélo et à pied pour finir content. Deux petites heures après, c'est mon tour. Je distille quelques conseils à Florine, une collègues MAIF, qui fait son premier triathlon. De mon côté je me dis que ça va passer vite et qu’il va falloir être efficace pour ne pas perdre trop de points au challenge en vue de la course du lendemain. Départ natation à bloc, il n’y a que 400m à nager, ça permet de bosser la vitesse dans l’eau, les séries de sprints du Cercle des Nageurs de Niort me sont très utiles. Je ne sors pas trop loin mais oublie d’enfiler ma ceinture porte dossard, ce qui me fait perdre de précieuses secondes qui compteront à l’arrivée. À vélo, même constat de jambes qui tremblent, surrégime trop rapide pour le moteur diesel que je suis. Je termine 4ème de ce XS, sur les talons du 4ème qui n’est autre qu’Olivier Marceau, 7ème des JO de Sidney et qui, à 50 ans, s’amuse encore sur des triathlons. J’ai eu la chance de discuter avec lui suite à ce XS, il dégage une simplicité et un esprit sportif qui devrait être appris dans toutes les écoles. Une belle rencontre en somme. Suite à ce 2ème triathlon je suis toujours 3ème au classement général. La petite conférence de presse sur la place du village en soirée est extrêmement sympa. On discute entre élites autour de questions bien choisies par les deux speakers de chocs que sont Romain Forel et Stéphane Garcia. Pour alimenter les débats et sans trop y croire j’annonce que le challenge est toujours à porté pour moi, je me sens solide et je ne laisserais pas droit à l’erreur à mes concurrents sur un format qui me convient. Je n’aime pas compter sur une défaillance de la concurrence mais ce sera à eux de ne pas faire d’erreur.
Samedi matin, quand on se réveille le matin d’une course, on est censé avoir bien récupéré la semaine précédente et sentir l’énergie monter petit à petit. Mais ce matin là, l’énergie a déjà été utilisée les 2 jours précédents, il faut réveiller le corps en douceur mais le dynamisme manque un peu, le mental sera mon atout pour aujourd’hui, c’est une belle journée qui s’annonce. Départ natation à l’opposé de ce qu’on a pu faire la veille, je pars vite mais en sachant qu’il y a 2 bornes à nager, pas un simple bout droit de 400m avant de sortir de l’eau. La combinaison est aujourd’hui autorisée ce qui rend les appuis plus hauts et la glisse bien meilleure! Julien Ferrandeau part devant comme il l’a fait les 2 courses précédentes, je me concentre sur le pack de chasse, j’en suis dans les toutes premières positions et voit que je nage à côté de Camille Donat-Shaw, excellente nageuse. Je suis très content d’être où je suis, je pose ma nage, passe devant et sortirais second de cette partie natation, la journée commence très très bien! Départ à vélo, je connais ce début de parcours et prends le temps de faire chauffer les cuisses avant d’appuyer plus fort. Mais voilà, il me manque 10/15 watts en stock pour être dans mes allures. Une rapide analyse des jours passés me fait comprendre que j’ai laissé quelques watts sur le bitume depuis jeudi soir et que ça doit être normal donc pas d’affolement et puis de toute façon j’appui comme je peux sur les pédales, ne pas en être content ne va pas changer le résultat. On s’adapte. Je vois Théo me rejoindre au 10ème kilomètre, à son passage je lui lance un “Ah cette fois j’aurais réussi à tenir 10 bornes!” et il prend quelques longueurs. Mais nous arrivons sur une partie plus favorable avec une descente, des virages et un replat alors je le suis, a distance réglementaire, mais ce point de mire me fait du bien et me relance. J’aimerais pouvoir le suivre plus longtemps mais il roule trop vite, bonne route l’ami et qui sait…à plus tard. Avec cette bonne première partie de parcours je m’attend à rejoindre Julien Ferrandeau avant Vallon Pont d’Arc qui se trouve à la moitié du parcours, mais que nenni, pas de cycliste à l’horizon. Peu importe, une fois descendu à Vallon Pont d’Arc il nous faut remonter tout en haut des gorges, un petit col se présentera à nous et celà dans la deuxième moitié du parcours vélo, c’est ici qu’on verra qui a bien géré la première moitié et qui est parti trop vite. Non pas que ce soit facile pour moi sur cette partie mais le mental, bien que sans cycliste à l’horizon, reprend du peps, je vois les watts remonter aussi haut voir plus haut qu’elles ne l’étaient sur la première partie des gorges. Les jambes veulent bien appuyer et j’effectue une montée rythmée sans avoir l’impression de buter. Je regarde toujours un petit peu devant mais cette idée m’est sortie de la tête, je me concentre maintenant sur moi-même, comme si je ressentais que c’était le moment de faire basculer ma course du bon côté, sentiment inexplicable qui n’est le fait que de l’instinct. C’est ce moment de communion avec soi-même qui est le souvenir principal que je garde de mes courses, ce moment clé où le cerveau dit au corps de ne pas lâcher et où le corps est en capacité de suivre. Tiens une silhouette loin devant, Julien Ferrandeau se bat sur son vélo, je rentre très vite sur lui, il semble en souffrance. Je le dépasse et l’encourage car je sais que la route est encore longue pour lui et son état ne présage rien de bon pour la fin du vélo et la course à pied qui nous attend. La descente des gorges se fait ensuite à vitesse grand V. Je vois au loin derrière moi un concurrent revenir mais il n’est pas du challenge, il a dû faire un gros vélo pour me reprendre quasiment les 2’ qui nous séparaient au départ. Surtout, je ne pose qu’à 3’30 de Théo Debard qui m’en avait collé 7 au Half Bayman l’an dernier. Je pars donc en me disant qu’il ne m’aura pas repris tant que ça sur la seconde moitié et que peut-être lui aussi a subi la fin du vélo. Je suis confiant et attaque cette partie pédestre avec envie. La gestion est de mise avec cette chaleur assez inconfortable. Les gorges renferment la chaleur et les 35°C de cette journée nous étouffent encore plus. Au premier demi tour je vois Théo courir sur un bon rythme, il n’est pas hors de portée mais pas tout prêt non plus, statu quo, c’est à lui de ne pas craquer je suis en gestion et ai une vitesse de réserve pour éviter le surrégime. Une brûlure intense à la cuisse se fait sentir au 5ème kilomètre, je sais que ce n’est pas musculaire, j’ai la sensation d’une piqûre assez forte, une guêpe que je n’ai pas vue a dû venir me piquer, ça fait un mal de chien sur le moment et surtout ça met quelques minutes à passer. Heureusement (ou pas), je souffre par ailleurs donc la douleur est vite transférée sur le reste de mon corps. Dès la fin du premier tour je sens le vent tourner en ma faveur, en haut de la seconde montée vers Aiguèze on m’annonce à 1’ du premier. C’est descendu beaucoup trop vite pour qu’il ne se soit pas mis à marcher. Puis un kilomètre plus loin je vois en effet Théo marcher dans un faux plat en plein soleil. J’imagine sa détresse, j’ai connu celle-ci sur des Ironman, on n’en veut à personne, on s’en veut à soi-même, à son corps. Je l’encourage en le dépassant en lui rappelant de ne rien lâcher car il avait le challenge encore provisoirement pour lui et bien que j’ai maintenant une chance de le remporter, je voulais que la bataille soit pleine jusqu’au bout pour que le meilleur gagne. J’entame donc le dernier tour en tête de la course. En tête? Non pas vraiment car un concurrent hors challenge, engagé uniquement sur le Half, est une trentaine de secondes devant moi au chrono. C'est compliqué à gérer mais je vais faire au mieux pour tenter de lui reprendre ce temps et surtout remporter le challenge, LA course pour laquelle je suis venue en Ardèche. Le moteur commence à chauffer, je sens que je suis assez proche de la surchauffe sous ce cagnard et il me faut économiser le peu d’énergie qui me reste pour aller au bout. Je me dis alors qu’après le dernier long faux plat, c’est tout en descente jusqu’à la ligne, je relancerais à ce moment-là. Mais arrivé au demi tour pour redescendre, la relance est timide, trop timide, je n’ai plus rien dans les socquettes alors je pousse au maximum, envoie le plus loin possible les jambes car je ne trouve plus de cadence efficace pour accélérer et finit dans un sprint de 400m bien aidé par les encouragement du public et du speaker pour faire le show. La ligne est franchie en tête mais il faut maintenant attendre, ça tombe bien je m’écroule une fois celle-ci franchit. La jauge d’énergie était bien vide, je n’ai plus rien, j'ai du mal à retrouver mes esprits et à comprendre ce qu’on me dit. Le second, qui est hors challenge, arrive au sprint lui aussi et terminera à peine 30” devant moi au temps. C’est le jeu, il est plus frais et je me serais bien battu contre ce belge qui a des références au niveau européen quand même. Maintenant il me reste à attendre de savoir si je remporte le Challenge du triathlon des gorges de l’Ardèche. Les places s'égrènent et je ne suis pas en mesure de calculer quoi que ce soit. C’est Romain Forel qui vient me dire que c’est bon, Théo arrivant 7ème de ce L (et second coureur du challenge, la fatigue et la chaleur auront fait des dégâts parmi les “challenger”), je remporte ce triathlon des Gorges de l’Ardèche ! J’ai gagné le général sans gagner d’étape mais imaginer mettre des coureurs qui ne feraient qu’un jour de course sur des étapes de montagne au tour de France. Les coureurs du général ne feraient sûrement pas les malins eux non plus!
Cette course est venue clôturer une première partie de saison victorieusement après mes victoires sur le Half de Lacanau, au Frenchman Carcans XXL et au T24 Ile de Ré avec les 6Garillos. Après une coupure estivale, la rentrée de Septembre sera musclée avec les triathlons de Niort, Royan puis le Bayman et enfin Vieux Boucau. J’ai hâte!

 




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